La Horde sauvage
1968, 1969.
Les années charnières où tout bascule : la musique, les conflits
sociaux (Viet-nam pour l'Amérique, Mai 68 pour la France), les films.
A cette époque, on a droit à une pléthore d'oeuvres plus ou moins brutales ou hors des sentiers battus qui viennent mettre en cause tout un pan du cinéma. 2001 l'odyssée de l'espace, Easy rider, La nuit des morts vivants... Sans oublier ce qu'on a appelé alors "la nouvelle vague", une foule de jeune cinéastes français plein d'idées et d'avenir qui allaient alors en remontrer à Hollywood (Truffaut, Godard, Louis Malle...), laquelle saura se souvenir d'eux (Spielberg et Lucas ne cachent pas leur admiration pour Truffaut et tonton Spielby l'invitera même en hommage à jouer le rôle d'un chercheur français dans le sous estimé "Rencontre du 3è type"...).
1969 c'est aussi l' année de sortie de "La horde Sauvage" (The wild Bunch).
On doit d'ailleurs à la fin des années 60, 2 maîtres qui vont largement donner un second souffle au western moribond et bien gentil alors du duo des deux John (John Ford, John Wayne -- lesquels ont quand même fait de sublimes films), ces maîtres, depuis largement reconnus sont Sergio Leone et Sam Peckinpah.
Du premier on retient la création d'un genre unique (le "western-spaghetti") où il fut d'ailleurs le seul à exceller et créer des perles (parce que bon, les Lucky Luke ou les Terence Hill hmmm bon... ), du second on retient le côté cynique, amoral, désabusé à l'extrême et violent (voir chronique des "chiens de paille").
Et en 1969, sort "la horde sauvage", film de western qui ne plaira pas du tout au public américain (on s'en doute) vu qu'il n'y aura pas de méchants indiens à zigouiller mais plus un massacre poussé à l'absurde en plein territoire Mexicain.
l'histoire : Au sud du Texas, Pike Bishop et ses hommes
s'apprêtent à attaquer les bureaux de la compagnie de chemin de fer.
Mais Duke Thornton --son ancien ami-- et ses chasseurs de primes les
attendent au tournant. La prise de banque tourne court et le braquage
se transforme en massacre généralisé aussi bien chez les chasseurs de
primes que chez Pike ou les gens de la ville. Pike réussit à s'enfuir
avec le butin et 5 rescapés mais arrivés à leur point de cache, ils
s'aperçoivent qu'on les a dupés : l'or n'est qu'un tas de rondelles de
fer percées.
Pour Pike, plus d'alternative, il faut fuir le plus vite possible,
direction le seul étât où la loi n'osera guère les chercher : au
Mexique....
De son côté Duke, accusé du désastre à la banque se voit contraint de
poursuivre Pike afin de le tuer à moins de se retrouver au bout de la
corde.
On lui donne 40 jours sinon...
Et la poursuite s'engage...
On se souvient qu'a sa sortie ce film déclencha un tollé de réaction violentes.
"Pas d'espoir."
"Des acteurs vieillissants".
"Trop violent."
"Pas de femmes...Sauf des putes qui ne sont même pas des héroïnes."
Pourtant aujourd'hui le film est considéré à juste titre comme un
classique et Peckinpah sans le savoir avait beaucoup de courage dans
ses réalisations (en même temps le bonhomme était un putain de
personnage, les anecdotes ne manquent pas sur lui...) car avec ce film,
c'est tout l'Ouest américain qui est déboulonné au vitriol.
Oui le western c'est pas que les indiens méchants.
Oui le western c'est aussi des salauds impitoyables qui pourtant à leur
manière peuvent faire preuve d'humanité. Surtout quand ces salauds sont
assez âgés (William Holden qui interprète Pike) et qu'ils ont perdus
leurs illusions, un thème que Clint Eastwood reprendra dans son
excellent "Impitoyable" en 1994.
Et même dans ce film, les enfants sont innocents, ils sont même pointés
du doigts comme d'une rare cruauté (une première à ce moment, je ne
sais pas si on l'a déjà dit), et ce dès la scène d'ouverture,
incroyable métaphore de l'ensemble du film :
Alors que Pike et ses hommes arrivent en ville pour faire leur
braquage, on aperçoit des enfants jouant avec des insectes : en fait,
des scorpions attaqués par une multitude de fourmis que les enfants
excitent avec des branches de bois avant de mettre de la paille et
brûler le tout.
Les scorpions, ce ne sont que Pike et ses hommes.
Les fourmis, la multitude, tout l'Ouest américain ou plutôt les soldats à la fin du film.
Les brindilles qui brûlent ? L'embrasement final dans la violence.
Tout le film repose sur la comparaison entre un Ouest américain finissant et un nouvel Ouest américain qui ne veut plus des vieillards et des hors la loi. Pike et ses hommes doivent se réfugier au Mexique où même là, ils découvriront la modernité (la première automobile, la mitrailleuse) et dans un sursaut final, en feront leur dernier soubresaut (l'attaque de la garnison mexicaine où comment 4 hommes enragés et une mitraillette descendront en enfer en entraînant avec eux plus de 200 hommes. Les scorpions contre les fourmis on vous dit...).
‘J’ai fait ce film […] parce que j’étais très en colère contre toute
une mythologie hollywoodienne, contre une certaine manière de présenter
les hors-la-loi, les criminels, contre un romantisme de la violence […]
C’est un film sur la mauvaise conscience de l’Amérique’
Sam Peckinpah.
D'un point de vue technique.
* français 2.0 mono (d'assez bonne qualité quand même).
* Anglais 5.1 stéréo hallucinant.
* Italien 2.0 mono correct.
Présence de sous-titres : Français, Anglais, Italien, Russe,
Néerlandais, Arabe, Bulgare, Roumain, Hébreu + Anglais, Italien pour
les malentendants.
* DVD 1 : commentaire audio + bandes annonces de 6 autres films de Peckinpah notamment The getaway (le Guet-apens) avec Steeve Mc Queen.
* DVD 2 : en VOST :
* 3 documentaires assez importants (l'un fait 1h20, les autres une demi heure chacun)
* Les scènes coupées/alternatives.
D'un point de vue artistique :
Chef d'oeuvre contenant de nombreuses scènes d'anthologie (l'attaque du
train, l'attaque du début, le chariot dynamité et le gunfight final,
hallucinant).
Violent ? Oui, mais culte et toujours aussi incroyable.
Pour plus d'infos, le lien de dvdclassik (le dvd multizone) très riche et fourni : http://www.dvdclassik.com/Critiques/horde-sauvage-dvd.htm