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Chroniques visuelles
18 juillet 2006

La Horde sauvage

http://www.dvdfr.com/images/dvd/cover_200x280/0/727.jpg

1968, 1969.
Les années charnières où tout bascule : la musique, les conflits sociaux (Viet-nam pour l'Amérique, Mai 68 pour la France), les films.

A cette époque, on a droit à une pléthore d'oeuvres plus ou moins brutales ou hors des sentiers battus qui viennent mettre en cause tout un pan du cinéma. 2001 l'odyssée de l'espace, Easy rider, La nuit des morts vivants... Sans oublier ce qu'on a appelé alors "la nouvelle vague", une foule de jeune cinéastes français plein d'idées et d'avenir qui allaient alors en remontrer à Hollywood (Truffaut, Godard, Louis Malle...), laquelle saura se souvenir d'eux (Spielberg et Lucas ne cachent pas leur admiration pour Truffaut et tonton Spielby l'invitera même en hommage à jouer le rôle d'un chercheur français dans le sous estimé "Rencontre du 3è type"...).

1969 c'est aussi l' année de sortie de "La horde Sauvage" (The wild Bunch).

On doit d'ailleurs à la fin des années 60, 2 maîtres qui vont largement donner un second souffle au western moribond et bien gentil alors du duo des deux John (John Ford, John Wayne -- lesquels ont quand même fait de sublimes films), ces maîtres, depuis largement reconnus sont Sergio Leone et Sam Peckinpah.

Du premier on retient la création d'un genre unique (le "western-spaghetti") où il fut d'ailleurs le seul à exceller et créer des perles (parce que bon, les Lucky Luke ou les Terence Hill hmmm bon... http://ecritvain.jexiste.fr/miragev2/html/emoticons/W-rire.gif ), du second on retient le côté cynique, amoral, désabusé à l'extrême et violent (voir chronique des "chiens de paille").

Et en 1969, sort "la horde sauvage", film de western qui ne plaira pas du tout au public américain (on s'en doute) vu qu'il n'y aura pas de méchants indiens à zigouiller mais plus un massacre poussé à l'absurde en plein territoire Mexicain.

l'histoire : Au sud du Texas, Pike Bishop et ses hommes s'apprêtent à attaquer les bureaux de la compagnie de chemin de fer. Mais Duke Thornton --son ancien ami-- et ses chasseurs de primes les attendent au tournant. La prise de banque tourne court et le braquage se transforme en massacre généralisé aussi bien chez les chasseurs de primes que chez Pike ou les gens de la ville. Pike réussit à s'enfuir avec le butin et 5 rescapés mais arrivés à leur point de cache, ils s'aperçoivent qu'on les a dupés : l'or n'est qu'un tas de rondelles de fer percées.
Pour Pike, plus d'alternative, il faut fuir le plus vite possible, direction le seul étât où la loi n'osera guère les chercher : au Mexique....
De son côté Duke, accusé du désastre à la banque se voit contraint de poursuivre Pike afin de le tuer à moins de se retrouver au bout de la corde.
On lui donne 40 jours sinon...

Et la poursuite s'engage...

On se souvient qu'a sa sortie ce film déclencha un tollé de réaction violentes.
"Pas d'espoir."
"Des acteurs vieillissants".
"Trop violent."
"Pas de femmes...Sauf des putes qui ne sont même pas des héroïnes."
Pourtant aujourd'hui le film est considéré à juste titre comme un classique et Peckinpah sans le savoir avait beaucoup de courage dans ses réalisations (en même temps le bonhomme était un putain de personnage, les anecdotes ne manquent pas sur lui...) car avec ce film, c'est tout l'Ouest américain qui est déboulonné au vitriol.

Oui le western c'est pas que les indiens méchants.
Oui le western c'est aussi des salauds impitoyables qui pourtant à leur manière peuvent faire preuve d'humanité. Surtout quand ces salauds sont assez âgés (William Holden qui interprète Pike) et qu'ils ont perdus leurs illusions, un thème que Clint Eastwood reprendra dans son excellent "Impitoyable" en 1994.

Et même dans ce film, les enfants sont innocents, ils sont même pointés du doigts comme d'une rare cruauté (une première à ce moment, je ne sais pas si on l'a déjà dit), et ce dès la scène d'ouverture, incroyable métaphore de l'ensemble du film :
Alors que Pike et ses hommes arrivent en ville pour faire leur braquage, on aperçoit des enfants jouant avec des insectes : en fait, des scorpions attaqués par une multitude de fourmis que les enfants excitent avec des branches de bois avant de mettre de la paille et brûler le tout.

Les scorpions, ce ne sont que Pike et ses hommes.
Les fourmis, la multitude, tout l'Ouest américain ou plutôt les soldats à la fin du film.
Les brindilles qui brûlent ? L'embrasement final dans la violence.

Tout le film repose sur la comparaison entre un Ouest américain finissant et un nouvel Ouest américain qui ne veut plus des vieillards et des hors la loi. Pike et ses hommes doivent se réfugier au Mexique où même là, ils découvriront la modernité (la première automobile, la mitrailleuse) et dans un sursaut final, en feront leur dernier soubresaut (l'attaque de la garnison mexicaine où comment 4 hommes enragés et une mitraillette descendront en enfer en entraînant avec eux plus de 200 hommes. Les scorpions contre les fourmis on vous dit...).

‘J’ai fait ce film […] parce que j’étais très en colère contre toute une mythologie hollywoodienne, contre une certaine manière de présenter les hors-la-loi, les criminels, contre un romantisme de la violence […] C’est un film sur la mauvaise conscience de l’Amérique’

Sam Peckinpah.

D'un point de vue technique.

* français 2.0 mono (d'assez bonne qualité quand même).
* Anglais 5.1 stéréo hallucinant.
* Italien 2.0 mono correct.
Présence de sous-titres : Français, Anglais, Italien, Russe, Néerlandais, Arabe, Bulgare, Roumain, Hébreu + Anglais, Italien pour les malentendants.

* DVD 1 : commentaire audio + bandes annonces de 6 autres films de Peckinpah notamment The getaway (le Guet-apens) avec Steeve Mc Queen.

* DVD 2 : en VOST :
* 3 documentaires assez importants (l'un fait 1h20, les autres une demi heure chacun)
* Les scènes coupées/alternatives.

D'un point de vue artistique :

Chef d'oeuvre contenant de nombreuses scènes d'anthologie (l'attaque du train, l'attaque du début, le chariot dynamité et le gunfight final, hallucinant).
Violent ? Oui, mais culte et toujours aussi incroyable.

Pour plus d'infos, le lien de dvdclassik (le dvd multizone) très riche et fourni : http://www.dvdclassik.com/Critiques/horde-sauvage-dvd.htm

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Commentaires
L
Concernant "la horde sauvage" j'ai à la maison, un n° de l'avant scène cinéma du mois de juillet 1970 pour le découpage in extenso de "solo" de jean-pierre mocky. En complément de photos et de panorama critiques, la sortie de "la horde sauvage" a soulevé beaucoup de non-dit, c'est en lisant ces lignes d'époque qu'on arrive à s'en rendre compte.
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N
Rahhh tu vas me faire regretter de ne pas avoir pris sur l'instant le "wyatt earp" et le Peckinpah...Mais puisque je te dis que j'ai des problèmes de sous ! ^^ <br /> <br /> Quand tu commences avec Peckinpah....Ben c'est très bien, vu que pour l'instant on ne voit pas de Peckinpah sur ton blog, donc j'en profite hein... :)
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N
J'adore Peckinpah et si tu cherches bien dans les rubriques à droite, tu trouveras une petite chronique des chiens de paille... ;)
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P
Je n'ai pas ce roman-photo dans ma collec. Il m'est juste passé entre entre les mains durant mon enfance, comme des tonnes d'autres trucs - je raconterai bientôt dans quelles circonstances, mais chût...<br /> Ceci dit, "Major Dundee" est un film à la charnière entre les oeuvres de jeunesse ("Coups de Feu dans la Sierra") et le grand Peckinpah que l'on connaît. En effet, replacé dans le contexte westernien de l'époque (par rapport, par exemple, à l'humanisme d'un John Ford), force est de constater que Sam y bouscule pas mal de codes: prendre pour héros un officier incompétent, débile, ivrogne et lâche qui entraîne ses hommes à la mort était pour le moins assez couillu! C'est d'ailleurs le début de l'incommunicabilité entre Hollywood et Peckinpah, qui engendrera les relations houleuses que l'on sait. L'anti-héros indéfendable (d'un point de vue moralisateur) pointe le bout de son nez, et ce bien avant l'avènement de l'iconoclaste western-spaghetti. Dundee est quelque part l'ancêtre de Pike, mais sa réincarnation la plus plus aboutie est à mon sens le personnage veule incarné par Warren Oates (wah! la tronche de ce mec!) dans "Apportez-moi la Tête d'Alfredo Garcia". <br /> Bref, pour nous résumer et comme dirait Nietzsche, Sam "remet la dialectique [du western]sur ses pieds" et "renverse les valeurs". Il détruit le mythe du pionnier, foule aux pieds l'humanisme fordien, et est le premier réalisateur à nous proposer une vision réaliste de l'Ouest où, loin de se livrer à des gunfights chevaleresques, on se tire dans le dos à la première occasion (voir le final de "Pat Garrett et Billy the Kid"). Seul règne et survit celui qui assume la violence, mais cet état quasi féodal à la Hobbes est historiquement condamné et Peckinpah s'intéresse précisément au moment charnière où l'on passe d'un monde à un autre. Les héros de Peckinpah (Pike, Cable Hogue, Billy the Kid), incapables de s'adapter en tant que dinausaures, marchent à contre-courant de l'histoire et ne peuvent dès lors que mourir à force de résistance, rencontrant un destin qu'ils assument dans une ultime et sanglante explosion de violence guerrière. D'ailleurs, il me semble que le bras de fer de Sam avec Hollywood est un paradigme de cet état de fait, tant il est vrai que Peckinpah est entré en résistance! <br /> Puisque tu en parles, le "Wyatt Earp" de Kasdan est nettement marqué par la vision de l'Ouest imposée par Peckinpah: on est loin des gunfights stylisés des westerns classiques. Les belligérants paniquent, tirent dans tous les sens pour ne pas dire n'importe où, les balles perdues frappent des innocents, c'est un véritable chaos que ces batailles "dérangées", certainement plus proches de la réalité de l'Ouest que l'image très appolonienne qu'Hollywood essaie de nous en donner. Je ne comprends pas que "Wyatt Earp" (bien meilleur que le merdique "Silverado" du même auteur) ait été descendu par la critique. Pour ma part, j'ai adoré ce film, ainsi d'ailleurs que "Tombstone", oeuvre surprenante de la part d'un George Pan Cosmatos (réalisateur yes-man de Stallone sur "Rambo 2" et "Cobra") sortie à la même époque et sur le même sujet (OK Corral).<br /> Bon, je me calme, parce que quand je commence avec Peckinpah...
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C
je croise le dvd, je saute dessus! Promis! (je vénère Peckinpah... Un auteur, un réalisateur torturé comme je les aime! Et au passage, les chiens de pailles est une vraie tuerie... comme croix de fer, que lui, par contre, j'ai en DVD)
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