A History of violence
Parce qu'au cours d’un braquage, Tom Stall a abattu les deux
malfrats qui menaçaient la vie des employés de son restaurant et celle
de ses clients, il est désormais acclamé en héros et son aventure
s'étale à la une de tous les médias. Alors qu'il essaie de retrouver
une vie normale loin des feux de l'actualité, un certain Carl Fogarty
débarque, convaincu d'avoir reconnu en Tom celui avec qui il a eu
autrefois de violents démêlés, un certain Joey Cusack. Tom aura beau nier, les ennuis ne font que véritablement commencer...
Une seule constatation négative dans l'océan de bonheur procuré par ce film, le boîtier. Vous aimez les poupées russes ?
Ok vous allez être servis : Le boîtier se compose d'un étui en
carton....Cachant un second étui en carton...Cachant la boîte. Un
fourreau beau mais pas pratique du tout, finalement assez énervant. On
se demande ce qui est passé par la tête de métropolitain... :/
Sinon à part ça, que du bonheur.
Comme il l'avait récemment confirmé dans une interview, Cronenberg a effectué un
virage à l'orée des 90's en inflechissant son monde dérangé sur une
pente plus subtile, une horreur plus psychologique, le gore étant
néanmoins toujours en train de rôder dans les parages (on se refait pas
hein...), ce qui nous a donné des films incroyables : Ainsi "Faux semblants"
qui augurait le premier du virage psychologique de David peu de temps
après "la Mouche" (et avant ça, l'excellent, "dead zone") lui donnait
d'emblée un autre prix d'Avoriaz (amplement mérité). "Mr Butterfly" et
"Crash" s'imposèrent (et même si je n'aime pas trop "crash") comme des
films presque normaux (avec le petit plus qui fait le Cronenberg)
tandis que CroCro concilia gore et psychologie avec plus ou moins de
bonheur dans "eXistenZ" et "le festin nu" avant de virer totalement
dans les abîmes noirs de "Spider".
Avec "A History of Violence", Cronenberg prouve une fois de plus sa
capacité à fondre son passé de faiseur gore dans un film plus noir
qu'il n'y paraît mais se renouvelle une fois de plus dans ses thèmes de
prédilections : la maladie, la solitude, la mort.
- La maladie est cette fois métaphorique, loin du visible
incurable du scientifique de "La mouche" ou des contaminations de
"Rage" ou des effets dûs à la drogue dans "le festin nu". Cette fois,
la maladie est la contamination virale de la famille par la violence ce
qui permet à Cronenberg d'observer la lente décomposition d'une famille
et la violence à l'oeuvre chez le père qui sera alors visible chez le
fils, ce qui permettra à Cronenberg de poser au spectateur une question
en filigrane toute d'ambiguïté : La violence est elle héréditaire ou le
devient on par nécessité ? Cronenberg ne dit rien, il montre, au
spectateur de faire son,ses choix.
- La solitude... C'est un thème omniprésent chez Crocro...Des patients étranges de ses premiers courts et moyens métrages (dont Stereo,
un moyen métrage de 30 minutes incroyable en noir et blanc et muet) à
la solitude d'un personnage abandonné de tous car malade, différent,
incompris (voir "dead zone", "la mouche", "eXistenZ", "Vidéodrome"...).
Ici la solitude humaine se ressent non seulement chez Tom/Joey (Viggo
Mortensen) mais aussi et surtout, par conséquence, elle rejaillit sur
sa famille : sa femme, qui doit-elle croire et qu'est ce que son mari
est-il véritablement ? Peut-elle et doit elle encore lui faire
confiance ?
- Enfin, la mort, omniprésente chez l'artiste canadien, la mort
des autres comme celle du personnage principal. Curieusement chez
Cronenberg, "le héros" contaminé est toujours voué à la solitude, donc
par conséquent à la mort, seule rédemption possible, même si elle est
très pessimiste. Pourtant "A history of violence" échappera à ce
constat (trop de morts à l'écran ? Un quota rempli ? ) pour --fait rare à souligner-- offrir une superbe rédemption à la fin...
D'ailleurs il faut en parler de cette fin même si désolé, je vais un peu passer en Mode spoilers...
A la première vision du film j'avais été emballé mais un peu déçu par la fin du film, pourtant celle-ci s'inscrit dans une incroyable logique et permet au fan que je suis de ne plus voir un quelconque personnage se trancher la gorge (Jeremy Irons dans "mr butterfly") ou demander qu'on le suicide plus ou moins consciemment ("la mouche" bien sûr mais aussi "vidéodrome" et "dead zone". Pour "vidéodrome" on en arrive toujours a se demander si Max Renn opère par nécessité ou parce qu'il est forcé et qu'il n'y a plus d'échappatoire possible ? Tandis que dans "the dead zone", vu que son pouvoir de voyance l'affaiblissait, il était logique que Christopher Walken se sacrifie --je crois que le personnage en a intimement conscience même si il agit pour une cause le dépassant : le bienfait de l'humanité-- sous peine de devenir un légume...) mais offre donc pour la première fois chez Cronenberg une fin heureuse, du moins en apparence.
Parce que même si Viggo Mortensen demande le pardon, sa famille est détruite. Cette rédemption et la chance d'être pardonnée (incroyable final à trembler) est la chance de tout reconstruire ou du moins d'espérer. Et cette fin est plus douloureuse encore que toutes les morts parce que l'espoir se crée sur à peine rien, des ruines, du vide.
Ceci est en partie mon interprétation et comme Cronenberg propose toujours des films plus riches que la moyenne des faiseurs hollywoodiens oeuvrant dans l'horrifique ou l'angoissant, bien sûr, il peut y avoir plusieurs interprétations. Ainsi mon père a trouvé que ce n'était pas un pardon qui lui était offert et que le personnage de Tom s'imposait. Intéressant mais je reste pour ma part sur la dimension du rachat du personnage...
Le son est en 5.1, que ce soit en Anglais ou français et il y a des bonus, messieurs dames !
Les bonux !
*Commentaire audio de David Cronenberg
*Actes de violence : les coulisses du tournage
*Scène coupée : la scène 44
*Le démontage de la scène 44
*Histoire de violences : version américaine contre version internationale
*En compétition au Festival de Cannes
*Bandes-annonces
*3 Bonus cachés
Pas encore repéré les bonus cachés, je m'y met dès que possible bien sûr ^^
Sinon, la scène 44 a était tournée puis finalisée entièrement pour le dvd, merci mr Cronenberg. Et c'est une scène gore à l'ancienne (un cadeau pour les fans je pense bien ), chouette !
Bilan : Un grand film qui aurait dû être primé, bref festival de Connes quand tu nous tiens....
Grand film ? On approche du chef d'oeuvre même. A noter qu'il s'agit du Cronenberg le plus violent et sanglant de tous.