Zombie
Zombies - Dawn of the dead (1978)
"George A. Romero avait réussit un premier coup d'éclat avec Night
of the living dead. Où l'on pouvait assister à l'arrivée des premiers
zombies. Film intelligent et novateur, il avait marqué son temps
(réalisé en 1968, année riche en révoltes de toutes sortes) le film ne
manquait pas de porter un réel impact et une critique acerbe de la
société.
Second coup d'éclat (peut-être même encore un cran au-dessus), Dawn of
the dead, sobrement titré dans nos contrés Zombie. Film très subversif
à l'époque, il présentait un monde proche de l'apocalypse où les
zombies devenaient peu à peu plus nombreux que les hommes. Un petit
groupe (trois hommes et une femme) décident de s'enfuire pour trouver
un havre de paix. Finalement plus tenté par un centre commercial qu'une
île déserte ces derniers passeront leur temps à piller la magasin et
s'adonner à une véritable boulimie consomatrice qui prend de telles
proportions qu'ils préfereront se battre et risque la mort plutôt que
d'abandonner leur bien. Critique virulente de la société de
consommation, Down of the dead est resté dans les mémoires et est
surement le plus populaire film de la série."
--Extrait de dvdcritiques.com--
10 ans.
10 putains d' années.
Il aura fallu attendre 10 ans avant que Romero accouche d'une suite
dans la plus stricte cohérence temporelle avec un soin qui fait plaisir
aux fans de zombies. Là où d' autres attendent juste un an ou deux et
nous font des reloaded et revolutions tout pourris (oui je sais, j'aime bien taper sur matrix), Romero prend le
temps d' abord de réunir un budget suffisant, de pondre une histoire
qui couches après couches sera maintes fois corrigée et réecrite en
fonction des bouleversements sociaux (or l' époque des 70's est en
train de tourner pour la grande consommation avec des centres aussi
grands que les Halles à Paris par exemple ou bien tous ces nouveaux centres en France un peu plus tard... Pour
Romero, c'est aussi l' occasion d'inscrire l' histoire dans une
continuité temporelle proche de la nôtre. Les 4 films de Romero
présentant un monde aussi semblable au notre qu'il en devient parallèle
et s'inscrit dans une Histoire très cohérente.
Ainsi ici, la marée de zombies se fait plus importante que dans le
premier volet et l' on sent que les hommes, les militaires s' amusent
sans se douter de la vague menace inexorable qui avance.
Caméra documentaire aussi puissante qu'un Mickael Moore sur des
militaires qui engagent des civils pour une petite partie de chasse aux
zombies, lesquels bien sûr commencent à faire pitié, entropie oblige...
A défaut de vraiment les trouver sympathique (vaut mieux rester loin de
ces trucs là, ça a toujours la dalle), on sent que Romero soupèse les
humains et les zombies dans un même panier, mais à ce petit jeu c'est
l' homme qui s'avère perdant comme on en s' apercevra dans les deux
films suivants qui penchent nettement en faveur des zombies.
Ici Romero ne juge pas, il observe et tire un constat inquiétant : Dans
les grandes villes, les policiers et escouades spéciales ont beau faire
du nettoyage, il reste toujours des zombies que les gens n' hésitent
pas a garder chez soi, en effet comment tuer celui qui quelques jours
plus tôt était encore votre mari, votre pote, votre meilleur ami ?
Les militaires s'
amusent, le pays part à la dérive. Les gens restent cupides envers
leurs biens, ce dont les zombies se fouttent éperduement. Les opinions
sont tranchées et celà se voit dès le début du film où la panique règne
sur un plateau de télé sur la marche à suivre : deux scientifiques aux
méthodes opposées parlent des zombies, l'un croit en des méthodes
radicales difficilement appréciables du public, l' autre pour des
moyens en douceur qui paraissent déplacées. Aucun ne semble être
particulièrement optimiste.
Ce qui est incroyable dans le film, c'est que le côté humain n'est en aucun moment oublié même si bien sûr on a un film foncièrement gore. Ainsi avec 4 survivants (3 hommes et une femme) qui se réfugient dans un centre commercial (qui sera leur salut, puis progressivement leur perte), Romero se fait un huis clos avec zombies en toile de fond. Les rapports se dégradent, le désenchantement, la fatigue, la folie presque gagnent nos 4 "héros". Stephen, Roger, Peter et Francine semblent constamment sur les nerfs et la situation ne s' arrange pas : avec le temps, de plus en plus de zombies s' agglutinent aux abord de la région (preuve que le pays part à la dérive avec le temps) comme des abeilles autour d'un nid. Et pour couronner le tout, Francine est enceinte. Bientôt surviennent les premières nausées. Puis Roger se fera mordre par un zombie et commencera lentement comme un malade en phase terminale (en accélérée ici) par perdre humanité, espoir et foi dans une régression de l' humain au zombie qui n'est pas sans rappeler le stade infantile.
D' ailleurs les zombies sont ça : au stade de l' évolution humaine et
comparé à nous, ils ne sont encore que de petits enfants, mais des
enfants désireux d' apprendre. Déjà dans la nuit des morts vivants, un
des zombies dès le début du film s'empare d'une pierre pour briser la
vitre de la voiture où Barbara s'est réfugiée (ah une ptite fringalle on y résiste pas) et ici, les morts vivants ouvrent les
portes, s'infiltrent partout ou presque, peuvent même se servir d'un
fusil, enfin du moins le prendre par la crosse (il faudra attendre "le
jour des morts vivants" et "land of the dead" pour voir un mort vivant
se servir véritablement d'une arme à feu).
L' évolution est en marche.
Même les couples ne sont plus soudés devant le danger...
Un tournage serré...
Le tournage de Zombie commence le 30 septembre 1977 à Monroeville.
Il se déroule essentiellement de nuit, aux horaires où le centre
commercial est fermé au public, jamais avant 22h00, écourtant
considérablement le temps de travail. Déjà collaborateurs sur "martin",
le réalisateur et Tom Savini s' entendent comme larrons en foire, tant
et si bien que le second s' investit dans le projet bien au délà de ce
qu'on attendait de lui.
Avec son équipe, il passe des nuits entières à transformer les
figurants en zombies. Des figurants qui, cette fois, recevront 20
dollars chacun, une "lunch box" et un t-shirt à l' effigie du film. Les
prises de vues débutent généralement vers minuit et durent jusqu'a 7
heures, soit deux heures avant que le centre n'ouvre ses portes. A 7
heures, automatiquement se déclenche la cassette d'une musique d'
ambiance dont personne ne parvient à arrêter l' enregistrement. Cet
"easy listening", George Romero saura l'utiliser à bon escient dans le
film.
A 8 heures, alors qu' arrivent les premiers employés, toute l' équipe
doit débarasser le plancher. Une chronologie serrée qui n'est pas sans
poser quelques soucis. Quand par exemple, un groupe de cardiaques ayant
pour habitude de se livrer à des exercices de relaxation dans le centre
tombe nez à nez avec un deterré.
Croisant malencontreusement la route du figurant retardataire toujours
maquillé, un fatigué du palpitant rend son dernier souffle, terrassé
par une attaque.
--Extrait du Mad Movies spécial Romero--
C'est vrai que le Tom Savini s'est particulièrement bien amusé sur les maquillages. Plus soignés que sur le premier en noir et blanc ils donnent néanmoins l' impression que tout le monde à trépassé en une seule journée ! Ah ce bleu livide des cadavres...
Et puis il me faut parler de la musique et des différentes versions du film. En fait on ne compte plus les nombreuses versions du film (certains fans auraient même remontés le film à leur vision créant une version de plus !) mais il y en a 3 principales.
* La version européenne (Zombie) :
Remontée par Dario Argento (LE réalisateur du génial
Suspiria dont je ferais une chronique ici un jour prochain...) , la version européenne s' avère plus courte que la version
américaine de Romero mais bénéficie d'un montage privilégiant l'
action, la satire et l'intensite. La psychologie des personnage en
prend parfois un sacré coup dans l'aile mais dans l' ensemble, le film
est terriblement efficace.
Et puis il y a la musique des Goblins, groupe de rock baroque et barré
qui ferait passer la musique du Shining de Kubrick pour une complainte
pour gamin attardé. A la fois en décalage et en parfaite adéquation
tout en restant 70's et intemporelle, elle donne un plus appréciable et
fun au film.
* la version américaine
9 minutes de plus que la version Argento, où les Goblins ne sont qu'un
banal thème passant à la radio. Romero privilégie un montage plus posé
crédibilisant les personnages et des musiques parfois nostalgie un peu
comme un Tarantino avant l' heure. De nombreuses scènes plus ou moins
importantes et métaphoriques ponctuent le récit et laisse entrevoir la
direction que va prendre Romero par la suite : Ainsi une nonne zombie
que Francine épargnera et dégagera la robe de sa porte. Compassion
uniquement parce que c'est une ancienne religieuse ? Pas sûr...
* Le director's cut
La même version que la version européenne mais qui là où cette dernière ne faisait que environ 1 h 50 donne ici un montage de 2 h 50 ! ça laisse rêveur. D' après Mad Movies, c'est la meilleure version des trois mais pour l' avoir, va falloir débourser dans l' edition ultimate (voir plus bas). Cette version n'a été projetée publiquement paraît il qu'une seule fois, à Cannes en 1978.
Les versions dvd de Zombie/Dawn of the dead
Nous y voilà, comment s'y retrouver dans tout ce fratras ? Suivez le guide.
Version zone 2 officielle :
C'est la jaquette que j' ai mis en ouverture de cette seconde partie.
C'est donc le montage européen par Argento, terriblement efficace et
jouissif. Ici c'est la version simple, mais la version collector en 2
dvds est tout aussi jouissive d' autant plus qu'on a droit au célèbre
"document of the dead" sublime documentaire sur le tournage du film et
la carrière de Romero sur une durée qui s' échelonne sur plus de 10 ans
!
Le son en 5.1 ou DTS (VF only je crois) est sublime malgré quelques
voix nasillardes. L'image reste assez soignée malgré à de rares moments
des griffures ou fêlures mais bon, ça rajoute au charme et tout le
reste est parfait alors bon...
Ultimate edition zone 1
La version a avoir impérativement si vous avez un lecteur dvd dézoné et que vous avez plein de sous pour les dvds comme Patchworkman (ahhh pas taper, "patchi", non arrrg). On trouve ici les 3 versions officielles, 3 commentaires audio, "document of the dead", des images très rares en noir et blanc et super 8, un documentaire spécial pour cette édition et pleins de photos par centaines...
Le must, à avoir si vous ne trouvez pas l' édition européenne ou que vous avez les moyens, ce que mon statut d'étudiant ne me permet pas malheuresement.