The descent
Près d'un an après un traumatisme grave, Sarah en profite pour décompresser au détour d'un week-end avec ses amies, fanas de sports extrêmes. En
plein milieu du massif des Appalaches, elles décident d'explorer une grotte censée être marquée et déjà explorée par des experts géologiques et empruntent un chemin qui n'est pas sur les cartes.
Soudain, un éboulement
bloque le chemin du retour. Alors qu'elles tentent de trouver une autre
issue, elles réalisent qu'elles ne sont pas seules. Quelque chose est
là, sous terre, avec elles...
The descent de Neil Marshall (le réalisateur du fun "dog soldier" et ses loups garoux bouffeurs de bidoches) permet au réalisateur de passer la vitesse supérieure là où son précédent film était un de ces "films d'horreur funs" a voir mais rapidement oubliés avec le temps. Ici, les conditions sont sensiblement différentes : là où the thing nous faisait un "mâle movie" (ceux qui ont vu le Carpenter comprendront, hu hu), ici nous avons un pur "woman movie" dans le sens où le seul homme du début est rapidement évacué (a coup de barre dans la tête dans une séquence glaciale mais efficace) au bout des 5 premières minutes du film, étant un des élements du traumatisme de Sarah. Mais un film composé de jolies femmes (des vraies femmes, pas des bimbos qui se trémoussent un peu partout et glougloussent au risque de plomber le climat angoissant du film, ni des screem-queens) qui vont devoir survivre a quelque chose de non humain...
Je vous laisse imaginer dans quoi elle patauge mais non, c'est pas de l'eau minérale...
Le réalisateur britannique divise son film en deux parties toutes aussi appréciables l'une que l'autre.
La première nous plonge dans un climat angoissant où la tension monte peu à peu : résurgence du traumatisme originel, puis lente montée de claustrophobie dans le noir, enfin des élements inquiétants et incongrus précipitent le spectateur dans l'inquiétude : Pourquoi si cette grotte n'a jamais été découverte, y'a t'il un piton métallique d'escalade datant des 70's (ce qui prouve que quelqu'un est déjà passé) ? Pourquoi Sarah trouve t'elle ce vieux casque rouillé et a qui a t'il pu appartenir...Et où est il justement ? Quels sont ces étranges dessins d'hommes préhistoriques dans la caverne ? Et surtout, ces ossements d'animaux, que font'ils ici ? Pourquoi des ossements humains et même de la chair encore en "bon état" ?
Et puis cette présence et ce simili rire enfantin entraperçu brièvement.
Putain de vacances de merde !!!!! Ouais c'est le cas de le dire....
La seconde partie bascule brutalement dans un survival brutal rappelant l'excellent Deliverance de Boorman et dépassant aisément ce dernier dans la brutalité et l'agressivité. De quoi sont capables des prédateurs et des proies dont l'instinct de survie prend alors soudain toute place dans les minutes qui suivent ? A un carnage des deux côtés, le prédateur ne connaissant pas la pitié, la proie ayant décidé de se battre jusqu'au bout.
Tout commence après la chute de Holly, pauvre punk, ex-Magdalene sister (mais si...Je crois bien que c'était elle qui jouait Bernadette dans le film de Peter Mullan), qui, croyant voir de la lumière, se précipite pour s'écraser dans un trou et s'ouvrir la cheville (petit plan rapide du plus bel effet sur la blessure cradoc).
La lumière était juste quelques pierres phosphorescentes.
A ce moment là, alors que ces amies arrivent pour l'aider a se relever tant bien que mal, Sarah entend quelque chose d'étrange et entreprend de continuer a filmer en caméra infrarouge (lumière verte), le décor alentour et là, première rencontre avec une des créatures, juste derrière une des filles, rencontre aussi brutale que celle des tripodes et des humains dans la guerre des mondes de Spielberg, limite traumatisante. Et là, la bataille pour la survie peut commencer.
Jamais Gollum n'avait été aussi féroce et méchant que dans ce film je dois préciser.
Surtout, ne relève pas la tête... Non ne relève pas la tête...
Ce qui est fort dans ce film c'est que d'une part, Marshall a décidé de ne faire aucune concession avec le spectateur. Donc, exit les blagues vaseuses, l'humour a 3 briques censé évacuer la tension nerveuse du pauvre spectateur et on filme presque caméra a l'épaule, façon projet blair witch. Bref, sérieux et réalisme a fond d'où le fait que le pauvre spectateur se retrouve avec une oeuvre éprouvante ne le laissant pratiquement pas respirer (l'expérience est des plus intenses si vous voyez le film dans le noir). Secondo sur le plan technique, la prouesse d'éclairer le film avec presque rien, juste les petites lampes ou la torche de l'héroïne se révèle gagnante a tous les coups, renforçant l'impression de claustrophobie, sauvagerie dans des tons rougeâtres de toute beauté.
Enfin, le réalisateur ternit lentement le film d'un pessimisme constant et la superbe fin triste et belle le prouve : un film sans concessions et la claque fait terriblement de bien. On a peur, bien peur et le malaise est palpable tout le long.
The descent est une claque rare, une expérience a savourer dans des conditions idéales pour mieux en apprécier son cachet plus que terrifiant.