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Chroniques visuelles
25 mars 2007

CCC

(tout simplement le titre du film en chiffres romains, "C" signifiant la centaine)


300etdemi

Quand on lit une phrase telle que "Le scandale qui parfume ce péplum est l'imagerie pour le moins mac-mahoniste qu'il déploie. Jugez plutôt : les guerriers spartiates, saisis de profils façon camées ou en contre-plongées riefenstahliennes, sont des bodybuilders huilés, à la fois Aryens grands crus, machos purs et icônes gay." (par ici) et à la vue du film, on peut quand même bien se marrer.
Parce que toute cette imagerie était déjà dans la bande dessinée de Miller et Varley (sa compagne d'alors qui travailla aussi avec lui sur l'hallucinant The Dark Knight, préfigurant à la fois le Batman de Burton et celui de Nolan sans hélas que ces deux grands réalisateurs ne choisissent néanmoins l'option dévastatrice et génialement décalée et noire de représenter un Batman qui a la soixantaine et issu d'une civilisation où la consommation a été poussée a fond, où les médias sont omniprésents et surtout, un monde qui a perdu sa foi envers Batmiche...Damn. Peut-être devrais je faire une section comics (et accessoirement BD et mangas) un jour comme Patchworkman mais alors je devrais changer le blog de fond en comble ? Déjà lors d'un précedent vote, on avait jugé utile que je ne parle pas que de dvds, soit, là on est en pleine actualité cinoche !) où les deux compères s'amusaient déjà avec un graphisme couillu et un scénario qui ne l'est pas moins, à démonter tout un fait d'arme entré dans la légende en glorification du surhomme.

Mais ce que certains critiques semblent oublier, c'est que la glorification de l'homme était déjà bien présente dans la société Athénienne (revoyez les magnifiques sculptures que l'Histoire nous a laissé) où il était de bon temps, effectivement de balancer les bébés déformés par dessus bord, une société qui se voulait simili parfaite et où l'on dit que le sacrifice de Léonidas et de ses 299 guerriers dans une guerre perdue d'avance remua tellement la Grèce entière qu'un an après, la démocratie s'érigeait dans tout le pays. Ce serait par son acte d'une beauté perdue dans sa barbarie guerrière que la démocratie se créa dans un pays où les différentes cités se tiraient le noeud. Snyder et auparavant Miller et Varley n'ont a vrai dire rien inventé et se basent sur une reconstitution assez précise des faits dans leur ensemble, mais que voulez vous, les critiques laissent parfois leur sens (critique !) au vestiaire en allant voir un film et l'on sait bien qu'en grattant toujours sous le vernis, on arrive toujours a démontrer qu'un film est bien plus profond qu'il en a l'air. Prenez Bambi, certains considèrent que c'est un vrai film d'horreur et en y réfléchissant bien et en se basant sur la psychanalyse, comment ne pas retrouver dans la mort de la mère de Bambi un certain trauma originel, de la perte de la mère ?

coucherdeslipsoleil
"Oh les mecs regardez derrière...Putain c'est trop beau la Grèce, c'est la première fois que j'y viens...
_ Quelque chose me dit que c'est la dernière...
_ Moi j'aime pas la grèce.
_ Ta gueule Schtroumpf grognon perse.
"

Alors ce parfum de scandale ? Des critiques n'ayant pas révisés leurs cours d'histoire tout simplement. Néanmoins d'après ce que j'ai pu lire, de nombreuses critiques aiment ce film barbare et assez jouissif, ça fait plaisir. Et celà fait d'autant plus plaisir que Snyder a parfaitement compris l'essence et la fluidité que devait arborer le film, de son passage au comics de Miller a sa transposition a l'écran. D'un point de vue esthétique, ça flatte la rétine a chaque instant et moi qui adore les teintes sépia (à la Oshii) et les tons bleus métalliques (à la Mann), j'étais véritablement bien servi. Le numérique qui couche avec la crasse et la sueur des corps en tablettes de chocolats d'hommes virils qui sentent bons sous les bras (hein ?...gouuutte), forcément, pour un pauvre ado tel que votre serviteur nourri dans sa prime jeunesse a une décennie de bonne série B et de Schwarzynneries --je pose un brevet sur le mot-- c'est fun, amplement fun. Et pis c'est beau.

erffaisgaffeatesfesses
"Oh Leonidas, viens te reposer a la maison, je t'offrirais des chocolats...
_ ...Pour qu'après ils portent mon nom ? ça va pas non, Xerxès ?
_ Steuplaît viens chez moi, mes parents ne sont pas là ce soir.
_ Non je peut pas...J'ai piscine
."


Il y a quelque chose de fascinant a travers 300, c'est sa dénonciation masquée et radicale d'une certaine contreculture par ses moyens (musiques, effets) et apparemment personne ne semble l'avoir remarqué (mais peut-être que je m'avance un peu trop mais bon pour qui a un cerveau --ce qui semble de plus en plus rare chez le spectateur lambda qui va au cinéma comme on consommerait un burger mc do le plus souvent, encore que là, ça puisse s'appliquer ou pas vu qu'on a affaire avant tout a un pur divertissement assez respectueux du comics-- y'a quand même des trucs assez troublants. Snyder se sert tout simplement par la musique (classique symphonique avec de minces passages tribaux et effets electroniques hargneux tels qu'on peut les retrouver dans le hard rock et le métal) et les effets visuels issus du clip (ralenti-accéléré qui ici trouve sa justification --contrairement a certains films que je fustige généralement, voir Nightwatch--, rendant certains plans encore plus beaux qu'on aurait pu l'espérer, à l'image du "sang ralenti" du Zatoichi de Kitano. Parfaite stylisation en un exemple, Léonidas qui, au ralenti, s'avance vers son adversaire tandis que l'oeil est attiré au second plan par un guerrier grec abattant un ennemi avant qu'on ne revienne au premier plan là où le ralenti de Leonidas s'achève et celui-ci fracasse royalement (hu hu normal au fond) un pauvre perse qui n'aurait pas dû partir en mission non) pour clairement parachever sa démonstration. Le bougre ne le dira jamais clairement (et je doute qu'il le pense même !) mais ici l'ennemi visé, c'est la culture noire envahissante dans la société actuelle et ça fait jouissivement mal.

Dans notre société actuelle, on sait que les noirs se sont battus pour revendiquer leurs droits et que progressivement ils ont gagnés cette liberté même si ils sont encore sous-exploités hélas par la société du spectacle actuelle (qu'on pense a la blaxpoitation des 70's avec Coffy ou Shaft ou dans les années 80 jusqu'a nos jours, aux quotas de minorités que le cinéma américain s'impose, histoire de ratisser large). Ici quand on parle de culture noire, il faut prendre le contrepied total de la société actuelle en l'opposant au passé. Soit donc des blancs oppressés (les grecs), porteurs de valeurs morales et de justice (pour ceux qui ne l'auraient pas suivi ni vu le film, Leonidas et ses hommes affrontent une armée immense de Perses, la violence n'est pas gratuite comme on pourrait le penser mais justifiée par l'envahissement et la domination imposée de leurs Terres) face a une armée de perses (donc des noirs en grande majorité). Le revers total je vous dit. Et pour bien enfoncer le clou, les ennemis sont arrogants, orgueilleux et n'hésitent pas afficher leurs richesses (Xerxès, son or, ses femmes, dignes de la culture du gangsta-rap. Ne manque plus que la limousine mais il a déjà suffisamment de porteurs en stock) comme dans certains clips d'une certaine culture plus ou moins imposée a une minorité a qui on fait miroiter depuis près de 4 décennies que c'est "la seule voie" pour eux presque...Hallucinant mais celà est déjà dans le bouquin de Miller.

leonidasrocks
"THIS IS SPAAAAAAARTA !"

Vous me direz, "attends tu inventes pour ton propre compte là".
Ben oui... c'est plus ou moins subjectif (*) (et largement intuitif) étant donné que Miller ne cache pas dans ses bédés, son propos radical de violence et de polémique. Se relire Sin City, le comics tiré de Robocop (on peut encore le trouver en cherchant bien) et surtout Elektra où Miller semble presque nous avouer gouailleur et ironique que le président américain n'est rien de moins qu'un démon. Et que la meilleure manière de s'en débarasser serait de lui couper la tête, forcément. ça fait peur hein ? N'ayez crainte, c'est que de la BD, tout comme le polémique "Invasion Los Angeles" n'est que du cinéma.
Mais c'est parce qu'ils dissimulent leurs propos engagés et jouissivement féroces sous le vernis du divertissement qu'on a la chance de pouvoir les lire et les voir.

300 c'est celà (du moins donc tel que je le perçois), un vrai film bourrin, généreux et fun qui dissimule un propos en opposition à une culture MTV qui nous serait imposée continuellement et encore plus largement dans les années a venir au rythme où tout s'accèlère. Et le générique final de reprendre, bonheur suprême, des images animées du comics.
Merci mr Snyder.
Merci mr Miller.
Merci miss Varley.








(*) Ceci est une précision pour quelqu'un qui lit ce blog de temps en temps avec sa copine et qui n'avait --a ses dires sur un forum-- pas vraiment compris que tout ce que je pouvais écrire soit forcément subjectif, ce qui semble assez étonnant vu que je ne suis pas parraîné par une quelconque marque de pub et que je parle seulement en mon nom sur les films. Puisse t-il aimer ce film néanmoins.

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