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Chroniques visuelles
15 mars 2008

Code 46

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William est envoyé à Shanghaï pour enquêter sur une affaire de fraude dans la succursale locale de la compagnie d'assurance pour laquelle il travaille. Maria, l'une des employées, est suspectée de falsifier les "papelles" (sorte de condensé de pièce d'identité, d'assurance et de carte visa) et d'ainsi permettre aux habitants des sub-cultures de pénétrer illégalement dans les villes industrialisées. Pour faciliter son enquête, on injecte un virus empathique à William qui lui donne la possibilité de lire les sentiments de ses interlocuteurs. Contre toute attente, William tombe amoureux de celle qu'il est chargé de démasquer....

Un film de science-fiction mi histoire d'amour, mi-enquête policière, mi-drame se positionnant dans la lignée d'Antonioni et Wong-Kar Waï mais dont le design racé et élegant le nommerait lointain cousin de Blade Runner(*) et Minority Report, ça existe ? Oui, et ce film, même si il n'atteint pas l'excellence de ses 2 grands-frères en est une belle preuve (et un bon film qui plus est).

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Que celui qui ne pense pas à 2046 sorte de cette salle.

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Que celui qui ne pense pas au sublime design d'un Minority report sorte de cette salle aussi. Laughing

Se basant dès le départ sur une loi (le code 46) sur les problèmes génétiques dans un futur proche, sans doute planifiée pour éviter les problèmes de surpopulation, le film interroge grandement les rapports amoureux mais aussi pose en évidence les races, le tiers-monde (on fait clairement une distinction entre le "monde libre" où tout est possible mais pas d'assurance et la possibilité de chopper une saleté à la moindre erreur et la société hyper-sécurisée par exemple d'un Shanghaï dans quelques années où le confort, les plaisirs faciles (drogue entre autres) sont accessibles pour tous. Qu'ont ils à perdre vu qu'ils ont tous une couverture sociale et du moment qu'ils n'enfreignent pas le code 46 ?...) face aux pays industrialisés où l'eugénisme, la natalité, la jouissance sont plus ou moins contrôlées. Que faut-il opter au final : La sécurité et le confort dans une jolie prison dorée ou le risque et l'inconnu mais la liberté totale ?

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"Le code 46" est donné dès le début du film. Si vous êtes fatigués ce soir, passez votre chemin.

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Dès le générique, le titre change de langue à plusieurs reprises à l'image de ce futur où l'anglais, langue officielle, à intégrée en elle-même de nombreux bouts de dialectes issus d'autres pays, dont le français, l'espagnol, le chinois, le japonais, l'italien ou l'Allemand. Toujours à l'image du film qui donne à voir un futur constitué de différentes composantes, les comédiens viennent de nombreux pays à la fois (c'est assez étonnant) : Samantha Morton (qui jouait un an avant dans "Minority Report" et à là aussi les cheveux vraiment coupés courts. Je ne pense pas que ce soit un hasard que Winterbottom ait pris cette chère Agatha et entre-nous, ça me fait même plaisir Smile ) est anglaise, Tim Robbins est américain, Jeanne Balibar (un des nombreux seconds rôles du film) est française, Om Puri vient d'Inde...

Celà me fait penser à Babel (la tour, pas le film, encore que ceux qui l'ont vu me comprendront sûrement). On sait que Dieu pour punir les hommes d'avoir voulu trop se rapprocher de lui (il est jamais content Dieu au fond. Il dit qu'il faut s'aimer les uns les autres et penser à lui et après, il s'énerve pour un rien, tss, tss...) à crée différents langages pour qu'ils ne puissent plus se comprendre et arrêter leur construction. Ici, les grattes ciels de cette Shanghaï futuriste montrent bien le travail fini. Les différentes langues réunifiées sous la bannière de l'Anglais ne gênent nullement le quidam moyen. Alors la punition divine est tout autre et sans doute que là (je ne suis pas croyant au passage), Dieu punit les Hommes d'avoir trop joués avec la génétique. Ce fameux code 46 interdit en fait toute relation entre un humain et l'un de ces clones ou parents éloignés mais proche du point de vue du code génétique et si deux clones viennent à s'aimer, alors là...

Si violation du code 46 il y a, le gouvernement s'autorise légalement d'intervenir sur vous sans que vous ayez votre mot à dire. Effacement (on ne dit pas "avortion", tout comme on dirait "retrait" pour parler de l'élimination des réplicants de Blade Runner. Joli euphémisme...) du bébé, effacement de l'homme ou de la femme que vous aimés de votre mémoire. Et au cas où vous le retrouveriez par hasard, on vous a conditionné bien profondément pour commettre l'irréaparrable... Sait-on jamais, hein. Shocked

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Les restrictions budgétaires (tout le film est fait en indépendant) n'empêchent pas les bonnes idées pour dépeindre un futur accessible et séduisant. Papelles-cartes qui regroupent plusieurs papiers d'identités, Fenêtres qui font office d'écran de télé (cf photo. Je sais pas vous, mais ça me fait penser aux écrans/fenêtres de Total Recall...) mais aussi de stores invisibles, écrans plats proches de Minority report (les comparaisons s'arrêtent là, vous aurez remarqués que ce n'est pas exactement les mêmes films malgré les points communs)... La photo est magnifique de plus et les différentes inspirations s'avèrent bien digérées (j'évoquais Wong-Kar Waï parce qu'en plus d'une certaine esthétique par moments, on a aussi des ralentis et accélérations que j'ai retrouvé aussi chez le réalisateur d'In the mood for love et 2046). Après, si vous recherchez de l'action pure, préférez Minority report hein. Laughing

Code 46 se veut un agréable film, à mi chemin d'une romance, de questionnements et d'enquête sous couvert de Science-fiction et sans être un chef d'oeuvre, se révèle une perle des plus agréables.


(*) - Je viens de remarquer qu'il emprunte, clin d'oeil référentiel de plus, la voix-off de Samantha Morton à Blade Runner (la première version de 1982, disponible dans le coffret 5 dvd). Sauf qu'ici c'est inversé : Ce serait plutôt la réplicante poursuivie qui se livre continuellement en voix-off. Troublant mais séduisant au fond. Je suis contre les voix-off souvent mais ici, ça marche bien.



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Commentaires
N
Sorti en fait *après* Minority report dans un court laps de temps.<br /> <br /> Tss... Prendre du repos ne me réussit guère.
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N
Je ne pense pas que le fait de ne pas avoir eu de distributeur soit un grand mystère vu que le film est sorti peu de temps avant Minority Report... Je pense plus qu'aucun distributeur n'a voulu se risquer à un film pas spécialement commercial et des plus hybrides entre l'esthétique d'un Wong Kar-Waï et un Spielberg... Et entre nous, c'est bien dommage. -_-
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D
J'ai découvert ce film en DVD quand j'étais aux USA il y a 3 ans. Je ne l'ai vu qu'une fois. J'ai surtout retenu l'interprétation de Tim Robbins dans un rôle très différent de ce qu'il fait d'habitude. Le sujet est original, ce film est une bonne surprise qui n'a pas trouvé de distributeur en France (mystère).
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