Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal.
---------------------------
"Raiders of the lost Ark" par John Williams à télécharger et écouter avec la chronique.
---------------------------
Attention, cette chronique peut contenir des spoilers en plus d'être passablement subjective.
Chose promise, chose due, même si je ne dispose plus d'autant de temps qu'avant, mais passons. Que ne ferait-on pour ses lecteurs chéris ?
Dans le précedent message, j'avouai me faire l'avocat du Diable en tentant de défendre ce nouvel Indy en essayant malgré ma subjectivité de prendre un peu de recul. Avocat du diable (mais sans le balai dans le derrière de ce cher Keanu Reeves dans le film où il est avec mr Pacino, coucou Keanu, si tu nous lit. Toujours aussi incapable d'afficher un sourire après Speed, ton unique film où tu te fends les maxilaires, petit farceur ?) comme je le disais à Dasola dans le précedent post parce que pour l'instant, le film n'a engendré aux 3/4 qu'une belle partie de mécontents, déçus que Spielberg et surtout Lucas (qui s'en prend plein la tronche depuis un bon moment et n'avait pas mérité tout ça finalement vu qu'il n'a pas vraiment écrit l'histoire et a surtout été le créateur des personnages originaux) ait, pour reprendre leurs dire, "trahis la saga par ce nouveau volet infâme".
Cette fois, l'ennemi n'est plus Allemand mais Russe. Autres temps, autres moeurs.
Arrêtons les rumeurs, voici les faits. Ce nouvel Indy n'est nullement infâmant, non. Seulement voilà, première constatation, il n'invente rien (contrairement aux autres), il n'innove plus mais joue la carte de la nostalgie et du clin d'oeil (ce que bon nombre de personnes n'ont pas vraiment captées, dommage), et ce dès le début. Rappelez, vous, chaque Indy s'ouvre avec le logo montagneux de la Paramount ensuite repris dans le plan d'après comme en clin d'oeil (rappelez-vous par exemple dans le second volet dans le bar à Shanghaï où le logo fait place à un gong où apparaît elle-même la montagne Paramount !) alors qu'ici, apparaît après le logo, une montagne qu'on aperçoit en fait un simple monticule de chien de prairie. Le ton est donc donné : parodique. Il faut noter aussi que ce monticule où la montagne est évincée est en profond rapport avec l'époque : 1957. Soit après les 2 bombes nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki (il y a d'ailleurs une bombe nucléaire dans ce Indy en passant). La montagne a été soufflée, n'en reste plus qu'un monticule.
Duel de Steven Spielberg. Si vous cliquez, vous avez un joli fond d'écran.
Ensuite ces camions étranges de militaires et cette voiture pleine de djeunz qui écoutent du rock, comment ne pas penser à Duel dans la manière de filmer de mr Spielby ? C'est des plus flagrants et ça va pas s'arrêter en si bon chemin puisque plus loin, on aura Rencontres du 3e type et bien d'autres. Sans oublier les références aux autres films de la saga, étonnament nombreuses : L'arche d'Alliance bien sûr qu'on revoit ici furtivement (pur moment de bonheur), la photo du père (Sean Connery) sur le bureau, la statue de ce bon vieux Marcus dans l'université où le professeur Jones officie, Marion qu'on retrouve issue du premier volet, la peur d'Indy des serpents, légendaire of course et sujette ici à un sympathique gag. Bien sûr il y a de l'humour aussi (le running gag des marmo... enfin chiens de prairies, le coup des 3 cascades, typique de ce qu'on pouvait retrouver dans les autres volets) mais moins que dans les précédents Indiana Jones : l'époque à changée, Indy a changé, le monde a changé, rien n'est plus pareil (et ça, certains semblent l'avoir aussi oublié).
Eh oui, rappelez vous, "
D'ailleurs évoquons ici un autre point fort du film (pour moi du moins), l'aspect purement cartoon qui se dégage de nombreuses scènes. Certains ont râlés en se plaignant de l'incohérence de certaines scènes franchement limites. Ah parce que les autres Indiana Jones, c'était parfait alors ? Déjà si vous arrivez dans la réalité à sauter du haut d'un avion avec un canot de sauvetage comme dans Le temple maudit, je vous tire mon chapeau hein. Oui, il y a des extraterrestres dans ce Indy (c'est un peu normal, les années 50 sont au coeur du mythe Américain. Roswell, c'était en 1947. 10 ans avant 1957 donc hein) et alors ? Oui, Indy arrive à échapper à une explosion atomique avec l'aide... d'un frigo. Bon et alors ? Déjà dans Le temple maudit, un coeur arraché continue de battre et un chariot lancé à toute vitesse reste sur les rails sans même s'en détacher (au mépris de la force centrifuge...). De même, Indy arrive a échapper à un sous-marin dans le premier volet (on se demande comment il fait sans vraiment se poser la question, happés que l'on est par le film) tout comme dans la dernière croisade, le tank va au fond du ravin alors qu'on ne l'a même pas vu sauter ! Mais ça, ça fait partie de la magie du cinéma et du contrat posé avec le spectateur dès le début du film, alors dénigrer ce 4e volet au profit des 3 autres sous "pretexte de", c'est faire preuve d'une belle mauvaise foi un peu quelque part.
Pour ma part, je n'ai pas été déçu, je n'ai pas senti passer les 2h30 du film (eh oui, 2h30 !) là où La dernière croisade me donnait quelques longueurs par moments. Bref ce n'est pas du tout la catastrophe annoncée, nullement. C'est juste que le temps a changé, dans le film comme en dehors du film : le spectateur est devenu plus cynique de nos jours (depuis Scream ?), eh oui et il faut regarder ce film avec une âme d'enfant sans regarder les anciens épisodes (sinon on finit par faire des comparaisons qui n'ont franchement pas lieu d'être du style "Ah ouais, c'était mieux avant", tss, tss...), bref y aller l'esprit vierge de tous préjugés comme de tout autre visionnage antérieur.
Mwarf huhu. Cliquez pour agrandir. (© Jollyjack)
J'ai dit que le spectateur était plus cynique de nos jours et que le film n'inventait rien et que le temps avait passé. J'ajouterais aussi (et c'est une vérité dont il faut tenir compte) que si Indiana Jones faisait revivre le pur aspect serial Comics américain, de nombreux cousins sont sortis par la suite et ont pris le relais en attendant que nous parvienne ce 4e volet qui pour le coup, oui, n'innove plus, mais reste encore des plus jouissifs par moments (la première demi-heure, dantesque). Citons donc pour le pire Allan Quaterman (où Sharon Stone semble juste là pour se faire du fric avec un personnage sans consistance (*). En fait ils sont tous là pour payer leurs impôts j'ai l'impression. Même Richard Chamberlain bande mou, c'est dire. On le préfère chez Weir donc (**)) et pour le meilleur Capitaine Sky et le monde de demain (où là, non seulement l'aspect technique est purement hallucinant mais aussi une histoire très comics 50's qui y va à fond. Et Jude Law et Angelina Jolie s'amusent comme des ptits fous d'ailleurs.)
Tout ça pour dire qu'au fond, ce 4e volet est finalement des plus plaisants, encore faut-il être ouvert et cinéphile, ce qui n'est plus donné à tout le monde apparamment.
Apparté.
Je m’aperçois que je n’ai pas parlé de la musique du grand John Williams. Curieusement elle semble pas aussi exploitée qu’on aurait pu l’espérer. Par contre, ce dernier volet faisant une sorte de boucle avec le premier, de nombreux thèmes du premier Indiana Jones reviennent pour notre plus grand plaisir d’où la piste que j’ai donné. Au passage, il est étonnant que Mad Movies ait « oublié » (au contraire de plein de magasines) de parler d’Indy 4 dans leur numéro de mai et choisisse d’en parler en juin, histoire de faire les glands alors que pratiquement tout le monde s’est précipité pour descendre le film et que rare ont étés ceux qui voulaient le défendre. Manqueraient plus qu’ils n’aient pas aimés mais à première vue le film est classé en rubrique « cinéphage du mois », ce qui est bon signe.
En même temps, ils nous ont déjà mis le crétinisme rigolo d’un Shoot’em up dans cette rubrique, méfions nous.
(*) C'est dommage vu son Q.I.
(**) cf "la dernière vague" dont je parlerais un jour ici sûrement.