Les chroniques de fond de tiroir (7)
Découvrez The Beach Boys!
Ok, cette fois, je me lance !
Le château de l'araignée (en Version Américaine, le titre conserve aussi beaucoup de classe) d'Akira Kurosawa est une fois de plus une grande réussite du monsieur, prétexte cette fois à aborder son versant moins grand public que Yojimbo ou Les 7 samouraïs puisqu'ici le cinéaste transpose rien moins que Shakespeare une fois de plus (cf Tags pour Ran ) mais en abordant une esthétique extrêmement épurée qui tient dans le fait de s'inspirer du théâtre du Nô japonais avec ses gestes et ses mouvements lents et soignés, presque calculés. Kurosawa transpose donc Macbeth de l'écrivain anglais dans le Japon médiéval pour poser le prétexte d'un homme marchant vers le pouvoir. Qui l'aura mais en fera irrémédiablement les frais. Le rythme est aussi lent que chez Ran, le ton moins crépusculaire même si l'on sait que ça finira mal. Il y avait encore de l'espoir (bien minime certes) dans Râshomon, il n'y en a plus ici et la fin se montre aussi spectaculaire qu'inquiétante, montrant une fois de plus le talent de Kurosawa à dépeindre une imagerie qui reste dans les mémoires. Brillant une fois de plus.
Celui-là dans le genre froid, il est pas mal non plus. Glaçant même, ce qui est une constante dans le cinéma d'Haneke. Haneke fait depuis plus de 20 ans la même chose : montrer la famille bourgeoise dévorée de l'intérieur par quelque chose (Caché ) quand elle n'est pas agressée par les fruits de la société (Funny Games), le motif ou le détail devenant purement leitmotiv voire théorique. Benny's video n'échappe pas au style du bon prof Haneke pour ce qui est de nous montrer la violence des médias (ici la Vidéo.... qui servira de détonateur aussi dans Caché) à l'oeuvre sur un gamin complètement paumé, vivant continuellement avec la télévision et la vidéo et en pâtissant fatalement. Ce qui aurait alors pu aboutir à une romance entre le jeune Benny et une fille vire dans le sordide parce que Benny à voulu "faire comme si". Comme si c'était un film. Après tout, c'est si facile de tuer des gens à l'écran alors pourquoi ne pas essayer hors de celui-ci ? Malaise. La puissance terrifiante et clinique des films d'Haneke viennent qu'ils dépeignent une réalité en abordant un ton froid et des plus détachés pour mieux y coller et Benny's video comme les autres n'y échappe pas et fait mal par là où il passe, laissant le spectateur exsangue mais fasciné.
Au passage, c'est le même acteur qui joue Benny et l'un des gamins dangereux de Funny Games, quelques années après, comme si on avait une suite à la trajectoire de ce gosse perdu sans aucune morale. Le parallèle est troublant.
Vous le reconnaissez ? Il est aussi dans Funny Games...
En peu de mots parce que ce film m'a fâché. Eurêka du même Shinji Aoyama était un chef d'oeuvre mirifique, brillant, lumineux. Ce Desert Moon est un pamphlet anticapitaliste d'une lourdeur incroyable, d'une bêtise et d'une stupidité hallucinantes (on nous apprend en gros que le bonheur ultime c'est élever des poules à la campagne. Formidable...). Rien à sauver. Et en plus c'est creux, ça se traîne, ça se traîne (2h30 à subir). Le meilleur est en fait dans la bande-annonce.... pis c'est tout. Ah, sinon y'a les Beach Boys en ouverture. Mais c'est tout. Quitte à vous faire vraiment plaisir, prenez vous le génial "Pet sounds" des Beach Boys, l'album que même Paul Mc Cartney il adore et puis voilà.
Dans le genre glaçant, Henry, portrait of a serial killer de Mc Naughton se pose là aussi. Réalisé entièrement avec une caméra 16 mm (d'où le grain très prononcé), peu de budget et des acteurs quasiment inconnus, ce film terrifiant mérite bien son statut de film culte. Cette fois, on entre dans le quotidien de Henry, personne à priori banale, vivant avec son colocataire Ottis, beauf bête assez amoral qui deale de temps en temps en même temps d'être pompiste dans une station-service. Henry lui, vit de petits boulots à droite, à gauche. Accessoirement et très souvent, sans aucune raison valable, il tue (c'est d'ailleurs ce qui fait le plus peur chez lui --Michael Rooker est excellent). Le début du film montre bien, très sechement, son parcours sanglant où le meurtre est montré mais pas sa réalisation (seulement entendue par des bruits-off qui donnent bien à imaginer l'acte) là où la suite du film se concentre sur la relation pleine de tension entre Henry, Ottis et sa soeur Becky.... Fascinant et glaçant.
Histoire d'être à la page, je suis aussi allé au cinoche dernièrement. Valse avec Bachir était bien, et je me disais qu'en enchaînant avec Narnia et son prince cassepied, ça aurait été chouette (Phénomènes conseillé par l'ami Patchworkman sur son blog ne passant plus). Et bien non ! Etonnant non ? Non ? Non. Il faut dire qu'au contraire de Pixar, Disney continue de prendre les gosses et ceux qui ont gardés une âme d'enfant pour des crétins patibulaires juste bon à pouvoir alimenter les caisses du studio. Narnia 2 sera donc un divertissement de plus, quasiment sans âme ou presque. Le premier était du n'importe quoi, le second suit sans vergogne cette route malgré une orientation plus violente assumée et un début prometteur. Puis tout s'effondre une fois de plus. Le prince Cassepied (ou Caspian mais bon) est une caricature du prince de contes typiques. On pourrait même lui tatouer "Prince BN" sur le poitrail que le bellâtre n'y verrait que du feu. Qui dit bellâtre dit romance... même pas traitée ici et qui arrive au final comme une baudruche qui se dégonfle. Même pas de regards attentionnés où pourrait couver le désir comme dans la scène de séduction de Barry Lyndon. Rien, nothing. Faut pas choquer les petits, vous comprenez, l'Amour, tout ça, ça fait peur, c'est sale, forcément. On a limite envie de donner des baffes à Disney. On aurait pu dans le premier volet où un père Noël de passage distribuait allégrement des armes (gné ?) aux 4 jeunes héros. Lesquels tuaient ensuite très facilement sans état d'âme. Parce que ma bonne dame, les méchants, ça sert à rien sinon à être tuer, ça a pas d'âme hein. Et mon cul, c'est du poulet ?
S'ensuit des batailles où Prince BN se dispute évidemment avec Peter l'aîné et Lucy la petite voit souvent Aslan, cette feignasse de Lion, quasiment Dieu dans ce monde, mais qui malgré ses pouvoirs phénoménaux n'est même pas foutu de faire quelque chose avant la fin du film parce qu'il a touché un cachet en or avec une réserve de croquettes pour la vie, bref, personne ne croit Lucy. Les gamins sont bêtes et innocents semble vouloir nous dire Disney. Puis Aslan arrive dans les 15,20 dernières minutes, comme les Tuniques Bleues quoi, quasiment quand tout est fini ou presque. Il rugit, ça fait peur et tout le monde est content. Voilà. On peut passer à quelque chose d'autre. Tiens, le 3e Narnia sortira dans 2 ans. Oui ben sans moi cette fois-ci, je ne pense pas que ça sera supérieur à ces fadasseries inutiles que sont déjà les 2 films.
Evidemment on saute du coq à l'âne. D'un divertissement familial (mais dans ce sens, dois-je comprendre que la famille est bête ?), on passe àun film qui serait plutôt vu par l'élite cinéphile. Et c'est regrettable en un sens car le cinéma de Bresson même s'il est un continent à part assez unique mérite largement d'être vu. Bresson envisage le cinéma autrement et part de quesiment rien pour filmer à sa manière au mépris des conventions qui se sont fixées depuis. Chez Bresson, l'acteur est un bloc monolithique se déplaçant peu, parlant d'une voix quasiment monocorde, une musique où aucun instrument ne doit déparer. Bresson attache en fait peu d'importance à l'acteur de cinéma, ce n'est qu'un bloc à sculpter pour lui, au même titre que chez Antonioni ou Tarkovski. Non, la fascination chez lui vient du presque rien ressenti dans un film où chacun des mêmes élements est mis au même niveau. Particulièrement dans ce "Pickpocket", chez les gestes des voleurs de portefeuilles, véritables ballets captivant d'un bout à l'autre par leur précision, leur vérité immédiate. Le cinéaste lui-même aurait engagé comme conseiller un authentique pickpocket afin de montrer (apprendre !) aux acteurs comment procéder. Du coup, un réalisme sans faille se dégage des gestes et mouvements à l'oeuvre, la scène la plus incroyable étant quand 3 pickpockets oeuvrent de concert dans une gare. Formidable ce Bresson. J'en reprendrais bien en dessert.
Si Thief ("le solitaire") est le premier film de Michael Mann, ce n'est pas sa première oeuvre, le monsieur ayant déjà fait ses armes par la série TV et le documentaire, voire le téléfilm (le très rare "The jericho miles" qui doit peut-être exister en dvd zone 1) mais le plus stupéfiant n'est pas dans la grande maîtrise dont il fait preuve avec ce film (car il s'avère doué dès le début et le film n'a pratiquement pas pris une ride) mais en ce que ce film apporte. Thief n'est rien de moins que le "brouillon" du génial chef d'oeuvre à venir, HEAT. Bien avant De Niro, James Caan est donc un voleur solitaire, spécialisé en perçage de coffres-forts, et surtout un homme seul, comme ce dernier, capable de tout quitter quand il sent le danger poindre. Mêmes situations, quasiment les mêmes dialogues ("Tu ne m'aura pas vivant, je ne retournerais pas en prison" lance Caan aux policiers comme le fera De Niro à Pacino) même si les adversaires des deux camps ne sont pas aussi développés. Heat sera la confrontation de deux samouraïs à eux tout seuls, de nobles adversaires s'affrontant là où Thief s'attache surtout au voleur campé par James Caan et ses quelques comparses (Tuesday Weld et James Belushi) dans un milieu où les flics sont pourris et corrompus et les employeurs des traîtres quasiment mafieux. Surtout, Mann filme la nuit comme jamais ailleurs. Il est le seul à pouvoir magnifier la nuit aussi bien et il le refera encore d'une bien belle manière avec Heat, Collateral ou Miami Vice. La musique de Tangerine Dream emporte l'adhésion de l'auditeur et nous donne un bon polar des 80's.