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Chroniques visuelles
27 juillet 2008

Les chroniques de fond de tiroir (7)


Découvrez The Beach Boys!

Ok, cette fois, je me lance !


akirakurosawarg Le château de l'araignée (en Version Américaine, le titre conserve aussi beaucoup de classe) d'Akira Kurosawa est une fois de plus une grande réussite du monsieur, prétexte cette fois à aborder son versant moins grand public que Yojimbo ou Les 7 samouraïs puisqu'ici le cinéaste transpose rien moins que Shakespeare une fois de plus (cf Tags pour Ran ) mais en abordant une esthétique extrêmement épurée qui tient dans le fait de s'inspirer du théâtre du Nô japonais avec ses gestes et ses mouvements lents et soignés, presque calculés. Kurosawa transpose donc Macbeth de l'écrivain anglais dans le Japon médiéval pour poser le prétexte d'un homme marchant vers le pouvoir. Qui l'aura mais en fera irrémédiablement les frais. Le rythme est aussi lent que chez Ran, le ton moins crépusculaire même si l'on sait que ça finira mal. Il y avait encore de l'espoir (bien minime certes) dans Râshomon, il n'y en a plus ici et la fin se montre aussi spectaculaire qu'inquiétante, montrant une fois de plus le talent de Kurosawa à dépeindre une imagerie qui reste dans les mémoires. Brillant une fois de plus.


bennysposter Celui-là dans le genre froid, il est pas mal non plus. Glaçant même, ce qui est une constante dans le cinéma d'Haneke. Haneke fait depuis plus de 20 ans la même chose : montrer la famille bourgeoise dévorée de l'intérieur par quelque chose (Caché ) quand elle n'est pas agressée par les fruits de la société (Funny Games), le motif ou le détail devenant purement leitmotiv voire théorique. Benny's video n'échappe pas au style du bon prof Haneke pour ce qui est de nous montrer la violence des médias (ici la Vidéo.... qui servira de détonateur aussi dans Caché) à l'oeuvre sur un gamin complètement paumé, vivant continuellement avec la télévision et la vidéo et en pâtissant fatalement. Ce qui aurait alors pu aboutir à une romance entre le jeune Benny et une fille vire dans le sordide parce que Benny à voulu "faire comme si". Comme si c'était un film. Après tout, c'est si facile de tuer des gens à l'écran alors pourquoi ne pas essayer hors de celui-ci ? Malaise. La puissance terrifiante et clinique des films d'Haneke viennent qu'ils dépeignent une réalité en abordant un ton froid et des plus détachés pour mieux y coller et Benny's video comme les autres n'y échappe pas et fait mal par là où il passe, laissant le spectateur exsangue mais fasciné.

Au passage, c'est le même acteur qui joue Benny et l'un des gamins dangereux de Funny Games, quelques années après, comme si on avait une suite à la trajectoire de ce gosse perdu sans aucune morale. Le parallèle est troublant.

bennyvideoooo

Vous le reconnaissez ? Il est aussi dans Funny Games...


desertmoove En peu de mots parce que ce film m'a fâché. Eurêka du même Shinji Aoyama était un chef d'oeuvre mirifique, brillant, lumineux. Ce Desert Moon est un pamphlet anticapitaliste d'une lourdeur incroyable, d'une bêtise et d'une stupidité hallucinantes (on nous apprend en gros que le bonheur ultime c'est élever des poules à la campagne. Formidable...). Rien à sauver. Et en plus c'est creux, ça se traîne, ça se traîne (2h30 à subir). Le meilleur est en fait dans la bande-annonce.... pis c'est tout. Ah, sinon y'a les Beach Boys en ouverture. Mais c'est tout. Quitte à vous faire vraiment plaisir, prenez vous le génial "Pet sounds" des Beach Boys, l'album que même Paul Mc Cartney il adore et puis voilà.


henryjaquette Dans le genre glaçant, Henry, portrait of a serial killer de Mc Naughton se pose là aussi. Réalisé entièrement avec une caméra 16 mm (d'où le grain très prononcé), peu de budget et des acteurs quasiment inconnus, ce film terrifiant mérite bien son statut de film culte. Cette fois, on entre dans le quotidien de Henry, personne à priori banale, vivant avec son colocataire Ottis, beauf bête assez amoral qui deale de temps en temps en même temps d'être pompiste dans une station-service. Henry lui, vit de petits boulots à droite, à gauche. Accessoirement et très souvent, sans aucune raison valable, il tue (c'est d'ailleurs ce qui fait le plus peur chez lui --Michael Rooker est excellent). Le début du film montre bien, très sechement, son parcours sanglant où le meurtre est montré mais pas sa réalisation (seulement entendue par des bruits-off qui donnent bien à imaginer l'acte) là où la suite du film se concentre sur la relation pleine de tension entre Henry, Ottis et sa soeur Becky.... Fascinant et glaçant.


nanarniarg Histoire d'être à la page, je suis aussi allé au cinoche dernièrement. Valse avec Bachir était bien, et je me disais qu'en enchaînant avec Narnia et son prince cassepied, ça aurait été chouette (Phénomènes conseillé par l'ami Patchworkman sur son blog ne passant plus). Et bien non ! Etonnant non ? Non ? Non. Il faut dire qu'au contraire de Pixar, Disney continue de prendre les gosses et ceux qui ont gardés une âme d'enfant pour des crétins patibulaires juste bon à pouvoir alimenter les caisses du studio. Narnia 2 sera donc un divertissement de plus, quasiment sans âme ou presque. Le premier était du n'importe quoi, le second suit sans vergogne cette route malgré une orientation plus violente assumée et un début prometteur. Puis tout s'effondre une fois de plus. Le prince Cassepied (ou Caspian mais bon) est une caricature du prince de contes typiques. On pourrait même lui tatouer "Prince BN" sur le poitrail que le bellâtre n'y verrait que du feu. Qui dit bellâtre dit romance... même pas traitée ici et qui arrive au final comme une baudruche qui se dégonfle. Même pas de regards attentionnés où pourrait couver le désir comme dans la scène de séduction de Barry Lyndon. Rien, nothing. Faut pas choquer les petits, vous comprenez, l'Amour, tout ça, ça fait peur, c'est sale, forcément. On a limite envie de donner des baffes à Disney. On aurait pu dans le premier volet où un père Noël de passage distribuait allégrement des armes (gné ?) aux 4 jeunes héros. Lesquels tuaient ensuite très facilement sans état d'âme. Parce que ma bonne dame, les méchants, ça sert à rien sinon à être tuer, ça a pas d'âme hein. Et mon cul, c'est du poulet ?

S'ensuit des batailles où Prince BN se dispute évidemment avec Peter l'aîné et Lucy la petite voit souvent Aslan, cette feignasse de Lion, quasiment Dieu dans ce monde, mais qui malgré ses pouvoirs phénoménaux n'est même pas foutu de faire quelque chose avant la fin du film parce qu'il a touché un cachet en or avec une réserve de croquettes pour la vie, bref, personne ne croit Lucy. Les gamins sont bêtes et innocents semble vouloir nous dire Disney. Puis Aslan arrive dans les 15,20 dernières minutes, comme les Tuniques Bleues quoi, quasiment quand tout est fini ou presque. Il rugit, ça fait peur et tout le monde est content. Voilà. On peut passer à quelque chose d'autre. Tiens, le 3e Narnia sortira dans 2 ans. Oui ben sans moi cette fois-ci, je ne pense pas que ça sera supérieur à ces fadasseries inutiles que sont déjà les 2 films.


picksousous Evidemment on saute du coq à l'âne. D'un divertissement familial (mais dans ce sens, dois-je comprendre que la famille est bête ?), on passe àun film qui serait plutôt vu par l'élite cinéphile. Et c'est regrettable en un sens car le cinéma de Bresson même s'il est un continent à part assez unique mérite largement d'être vu. Bresson envisage le cinéma autrement et part de quesiment rien pour filmer à sa manière au mépris des conventions qui se sont fixées depuis. Chez Bresson, l'acteur est un bloc monolithique se déplaçant peu, parlant d'une voix quasiment monocorde, une musique où aucun instrument ne doit déparer. Bresson attache en fait peu d'importance à l'acteur de cinéma, ce n'est qu'un bloc à sculpter pour lui, au même titre que chez Antonioni ou Tarkovski. Non, la fascination chez lui vient du presque rien ressenti dans un film où chacun des mêmes élements est mis au même niveau. Particulièrement dans ce "Pickpocket", chez les gestes des voleurs de portefeuilles, véritables ballets captivant d'un bout à l'autre par leur précision, leur vérité immédiate. Le cinéaste lui-même aurait engagé comme conseiller un authentique pickpocket afin de montrer (apprendre !) aux acteurs comment procéder. Du coup, un réalisme sans faille se dégage des gestes et mouvements à l'oeuvre, la scène la plus incroyable étant quand 3 pickpockets oeuvrent de concert dans une gare. Formidable ce Bresson. J'en reprendrais bien en dessert.


thieftitle Si Thief ("le solitaire") est le premier film de Michael Mann, ce n'est pas sa première oeuvre, le monsieur ayant déjà fait ses armes par la série TV et le documentaire, voire le téléfilm (le très rare "The jericho miles" qui doit peut-être exister en dvd zone 1) mais le plus stupéfiant n'est pas dans la grande maîtrise dont il fait preuve avec ce film (car il s'avère doué dès le début et le film n'a pratiquement pas pris une ride) mais en ce que ce film apporte. Thief n'est rien de moins que le "brouillon" du génial chef d'oeuvre à venir, HEAT. Bien avant De Niro, James Caan est donc un voleur solitaire, spécialisé en perçage de coffres-forts, et surtout un homme seul, comme ce dernier, capable de tout quitter quand il sent le danger poindre. Mêmes situations, quasiment les mêmes dialogues ("Tu ne m'aura pas vivant, je ne retournerais pas en prison" lance Caan aux policiers comme le fera De Niro à Pacino) même si les adversaires des deux camps ne sont pas aussi développés. Heat sera la confrontation de deux samouraïs à eux tout seuls, de nobles adversaires s'affrontant là où Thief s'attache surtout au voleur campé par James Caan et ses quelques comparses (Tuesday Weld et James Belushi) dans un milieu où les flics sont pourris et corrompus et les employeurs des traîtres quasiment mafieux. Surtout, Mann filme la nuit comme jamais ailleurs. Il est le seul à pouvoir magnifier la nuit aussi bien et il le refera encore d'une bien belle manière avec Heat, Collateral ou Miami Vice. La musique de Tangerine Dream emporte l'adhésion de l'auditeur et nous donne un bon polar des 80's.

thiefcapture

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Commentaires
N
Oui pareil... Pour ma part, ce second volet était une seconde chance. Je n'irais pas voir le 3e volet personnellement... -_-
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E
Je vais donc rebondir sur la suite de Narnia que je n'ai pas aimé.<br /> On nous annonçait une suite à la hauteur d'un épisode du seigneur des anneaux et le résultant est en demie teinte sans pr autant être mauvais. Oui, je le trouve mieux que le 1er mais décevant. Je me demande si j'irai voir le 3ème...
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N
"Tout d'abord désolé de m'être absenté si longtemps, aussi bien de mon blog que de celui des copains: il m'est arrivé une aventure absolument hallucinante (voir les détails que j'ai déjà relatés à l'ami Sigismund dans les coms de ma chronique "Phénomènes) et qui a eu des répercussions m'obligeant à m'absenter de la toile durant presque tout le mois d'Août - je te dis pas ensuite comment j'ai cravaché pour sortir les "Mollards" de Juillet avant le mois de Septembre!"<br /> <br /> > Ouf. Autant pour moi, je m'inquiétais un peu au début du mois d'août ne voyant plus rien, puis je n'ai ni eu le temps de m'occuper de mon blog ni même d'aller sur le tien ou celui d'autres bloggueurs par la suite parce que je bossais (voir mes dessins sur "feux graphiques". Un petit dessin vaut mieux qu'un long discours) donc bon...<br /> J'irais lire ça dans la soirée.<br /> <br /> Pour le Kurosawa il est excellent, yep. Mais quasiment toute sa filmographie est sublime donc bon... :) Il n'empêche que pour le fantastique plus que prononcé de ce film, il devrait figurer sur ton blog, non mais !<br /> <br /> La pianiste il faut que je le vois. Et "Smile", je ne l'ai pas non. Encore un achat de plus dans ma longue liste d'achats qui fait bien 1 km de papier au moins (là, ce sont les arbres qui souffrent !). Mais quitte à voir un film d'Aoyama, n'hésite pas à voir "Eurêka" comme je l'ai dit dans la chronique. C'est un des plus beaux road-movies vu ces dernières années, rien à voir avec la bousasse prétentieuse qu'est "desert moon". (On se demande même si c'est le même réalisateur au vu des 2 films)<br /> <br /> Tu ne rates rien avec Narnia. J'y suis allé, espérant laisser une seconde chance à Disney, j'ai eu tort. C'est moins bête et niais que le premier mais toujours aussi tête à claque. Et je n'en reviens pas qu'on puisse ne pas exploiter un personnage au potentiel aussi immense qu'Aslan.<br /> <br /> Pour Bresson, je n'ai pas ceux que tu cites. En fait, c'est une amie qui m'a gravé le coffret MK2 de "L'argent, Jeanne d'Arc et "Pickpocket". Mais "Au hasard Balthasar" me fait sacrément envie. "Mouchette" aussi tiens. Le prochain du coffret que je me verrais, ce sera "l'argent" tiens...<br /> <br /> Content que tu ai aimé the dark knight, c'est vraiment la grosse bonne surprise de cet été avec Wall-e et en attendant le nouveau Hellboy en octobre. Christian Bale et Aaron Eckhart sont très bons mais plus que tout, c'est le regretté Heath Ledger qui casse la baraque avec ce Joker (très inspiré de celui de "the killing joke" de Moore semble-t'il) quasi sado-maso, cruel, et toujours sur le qui-vive, telle une bête aux abois. La seule chose que je regrette, c'est la fin du film où les coupes se sentent doulouresement (le film durait 3h à la base, il a été raccourci sur 2h30), du coup la transformation d'Harvey en double-face est trop rapide pour moi, tout comme sa fin, mais je chipote. Excellent film.
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P
Tout d'abord désolé de m'être absenté si longtemps, aussi bien de mon blog que de celui des copains: il m'est arrivé une aventure absolument hallucinante (voir les détails que j'ai déjà relatés à l'ami Sigismund dans les coms de ma chronique "Phénomènes) et qui a eu des répercussions m'obligeant à m'absenter de la toile durant presque tout le mois d'Août - je te dis pas ensuite comment j'ai cravaché pour sortir les "Mollards" de Juillet avant le mois de Septembre!<br /> <br /> Mais parlons plutôt de ces "Fonds de Tiroir":<br /> <br /> - "Le Château de l'Araignée": videmment, Shakespeare vu par Kurosawa, c'est toujours décoiffant! La fin en forme de "Martyr de Saint-Sébastien" est vraiment hallucinante! Un classique incontournable, et un de mes Kurosawa préférés! Oui, j'ai plein de Kurosawa préférés!<br /> <br /> - Hanneke: pas vu celui-là, mais je me suis pris des grosses claques avec "Funny Games" et surtout le cruellissime "La Pianiste", avec une Isabelle Huppert hallucinante! Ah, y'a pas beaucoup d'actrices qui se risqueraient à un rôle pareil! <br /> <br /> - "Desert Moon": on n'en parlera pas puisque tu dis que c'est tout pourri, et qu'en plus je ne l'ai pas vu et ça, ça aide à ne pas en parler! Non, parlons plutôt de "Pet Sounds", et je suis bien content que tu tiennes ce monument du rock en haute estime (à propos, est-ce que tu t'es offert le "Smile" de Brian Wilson?) Brian Wilson est un génie, et j'ai rarement entendu quelque chose d'aussi sublime que "God Only Knows"!<br /> <br /> "Henry, Portrait Of A Serial Killer": très grand sick-movie! A ranger aux côtés de "La dernière Maison sur la Gauche"!<br /> <br /> "Niarnia": j'ai contourné, j'en prince pas pour les casse-pieds! De toute façon, on l'aura dans trois mois sur Canal...<br /> <br /> "Pickpocket": magnifique! j'adore Bresson! j'adore "Lancelot du Lac"! j'adore "Le Diable probablement"! j'adore "Au Hasard Balthazar"! et j'en passe...<br /> <br /> "Thief": je ne connaissais pas l'existence de ce film du grand Mann... J'étais persuadé que "La Forteresse noire" (tiens, faudrait que je me le revoie, celui-là) était son premier film... Merci donc d'en avoir parlé, je me coucherai moins con que quand je me suis levé!<br /> <br /> PS: je viens de voir "The Dark Knight": c'est GEANT!!!!!!!!!
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