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Chroniques visuelles
3 décembre 2009

Brainstorm

brainstormgrande

Dans un centre de recherche, des scientifiques menés par le docteur Lilian Reynolds (Louise Fletcher) et le docteur Brace (Christopher Walken) achèvent de mettre au point un travail de plus de 10 ans, une machine capable de transférer les émotions et sensations physiques et mentales d'une personne vers une autre. Ce bijou technologique avancé permettrait une avancée radicale dans la communication. Les militaires (qui ont financé en partie les recherches) et la C.I.A y voient plutôt quelque chose d'intéressant pour leurs propres projets personnels....

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capture 1/

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Capture 2/


Curieux film hybride que celui-ci. Fruit du visionnaire des effets spéciaux Douglas Trumbull (la porte des étoiles dans 2001, c'est lui...) qui attendit près de 10 ans après "Silent Running", son premier film en 1971, Brainstorm (1983) est une possibilité d'explorer à la fois par le média cinéma dans la forme (les changements d'échelles entre deux formats, on va y venir) comme le fond (on raconte l'histoire d'un procédé révolutionnaire en avance sur son temps avec tout ce que le cinéma peut justement permettre d'effets visuels pour retranscrire ça) les procédés technologiques où Trumbull s'est fait une sacrée renommée.

En 1981, alors qu'il n'a pas encore finalisé les effets spéciaux de Blade Runner (Ridley Scott - 1982), Trumbull se lance dans l'aventure. En tant que spécialiste des effets de lumière à l'écran, c'est un visionnaire. En tant que cinéaste c'est une autre histoire tellement l'on sent que ses préoccupations n'ont pas tellement à voir avec l'histoire à l'écran. Brainstorm présente une idée qui n'a pu que passionner Trumbull, une sorte de casque qui retransmettrait et enregistrerait les sensations, émotions et sentiments d'une personne à une autre. Pour ce faire, il va d'abord choisir d'utiliser deux formats différents. Ce que l'on perçoit comme la réalité est filmé en 35 mm au format 1.66 (avec des bandes de chaque côté de l'écran - capture 1), ce qui est perçu comme de la sensation en vue subjective par le biais du casque l'est en 70 mm en 2.20. Une sorte d'amplication de la réalité qui parfois peut-être vue comme à travers un énorme fish-eye.

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(capture 3/ Une application au simulateur possible...)

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(capture 4/ ...et ce que ça donne)


Avec cette idée intéressante, le cinéaste choisit d'appliquer une certaine distanciation. La réalité filmée va alors prendre des allures de documentaire froid là où les vues subjectives ouvrent d'autres perspectives, mais ces dernières ne prennent pas la majeure partie du film, ce qui fait qu'on a souvent bien du mal à s'attacher aux protagonistes, qu'on s'intéresse plus à la conception du casque en vue de sa commercialisation : Trumbull anticipe la réalité virtuelle et l'imagerie de science-fiction moderne et le casque lourd avec les vis et boulons, typiquement associé à la SF telle qu'on la connait (regardez Star Wars ou Alien, les détails ressortent autant sur les vaisseaux que l'habitat et le design) se transforme par la suite en une sorte de casque presque similaire à celui qu'on met à nos ipods et walkmans.

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(capture 5/ Qui a dit "cinéma dynamique" du Futuroscope ?)

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(capture 6/ Non mais arrêtez avec le futuroscope euh)

Comme si ce n'était pas si compliqué comme ça, Trumbull et son scénariste Bruce Joel Rubin (L'échelle de Jacob) vont essayer de tirer au maximum parti de leur idée d'appareil et de toutes les conséquences qui peuvent en découler, surtout si il tombe en de mauvaises mains. Il y aura donc 3 trames, histoires à l'intérieur de Brainstorm : une histoire d'amour, un thriller et une vision métaphysique et fantastique. Histoire d'amour car c'est par le biais de ses émotions et souvenirs réenregistrés que Brace convainc sa femme (Natalie Wood) de ne pas l'abandonner et ressoude son couple (si seulement on pouvait avoir un truc comme ça dans la réalité). Thriller dès lors que l'invention échappe aux scientifiques suite à la mort de Lilian Reynolds et que Brace essaye de la récupérer ou du moins d'y accéder à distance. Métaphysique et fantastique car la mort de Lilian a été enregistrée sur la bande, ce qui permet un aperçu de l'au-délà... Avec risques et périls pour celui qui s'y mettrait. Des changements de registres, de ton, de formats, il faut être bien accroché avec le film. Le spectateur risque peut-être de décrocher bien vite avant d'arriver aux 10 dernières minutes, mystiques, en trip clin d'oeil à 2001.

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Dans le flot des bulles de souvenirs de Lilian.

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Vers l'infini....

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...Et au délà.



Entamé en 1981, Brainstorm ne sortira qu'en 1983, en celà empêché par les producteurs suite à la mort accidentelle de Natalie Wood pendant le tournage (noyade). Contre vents et marées, Trumbull tient bon et réussit à finir le film et à le sortir. Malgré des critiques intéressantes, le film fait un épouvantable flop (un peu injustifié). Il est vrai que le spectateur n'est pas si impliqué que ça envers les personnages, peu aidé par des acteurs qui ne sont parfois pas au top (bon sang Cliff Robertson devient de plus en plus un acteur incroyablement plat et terne dans n'importe quel film où il passe. Dans "Obsession" de De Palma (1975), c'était limite mais heureusement on avait Geneviève Bujold) et que le film en VHS n'eut ni son format respecté, ni le son (mono pour le 35 mm, stéréo pour le 70 mm). Le dvd permet de revoir cet étrange et intéressant film en faisant une nouvelle erreur de plus. Si cette fois les passages de formats sont respectés (prévoyez toutefois un grand écran), il n'en est pas de même pour le son. En français, tout est en mono. En V.O, c'est en 2.0 dolby surround (mais que les passages en 70 mn par contre. Le mono s'avère moyen et trop fort en comparaison du coup). Mais depuis le temps, on aurait pu espérer un passage en 5.1 ou DTS... et ben non. T'as fait un film maudit comme Cimino ou Antonioni, tu l'as dans l'os mon pauvre Douglas.

Est-il utile de préciser qu'après tous les problèmes rencontrés, Trumbull, définitivement dégoûté, arrête de travailler pour le cinéma pour se focaliser sur les procédés Showscan et Imax utilisés dans les parcs d'attraction et cinémas spéciaux. Une manière de pousser encore plus loin là où l'industrie hollywoodienne l'avait coupé de ses ailes. Mais une perte pour les effets spéciaux du cinéma tellement nombre de films où il impose sa griffe n'ont pratiquement pas pris une ride sur le plan technique (2001, Rencontres du 3e type, Blade Runner, j'en passe....).

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Commentaires
N
Oui le format salle se prête admirablement au film. En l'étât le dvd (ressorti il y a peu) comble un peu ce manque mais le mieux est d'avoir dans ce cas une télé 16/9 ou HD à grand écran plasma pour pouvoir profiter au mieux de cet étrange film. ;)
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D
Bonjour Nio, j'ai vu ce film lors d'une reprise estival, il y a plusieurs années, j'avais trouvé très bien fait (surtout les effets spéciaux). C'était un film en avance sur son temps. J'y avais été pour Walken et Wood. C'est un film qui mériterait de ressortir en salle. Merci d'en avoir parlé.
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