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Chroniques visuelles
18 février 2010

Le cri du Hibou (2009)

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Fuyant son passé, Robert est venu s'installer dans une petite ville. Il trouve un étrange dérivatif à sa solitude en épiant quotidiennement une jeune femme de son quartier. Innocente rêverie dont il ne peut bientôt plus se passer. Mais lorsque Jenny le surprend, sa vie bascule...

 

Une adaptation d'un classique de la littérature peut-elle forcément faire un bon film ? C'est là tout le sel de nombreuses adaptations et des attentes qui peuvent se créer chez le spectateur. Généralement le monde se divise en deux catégories : ceux qui ont un pistolet et ceux qui creusent. Euh non, désolé c'est pas ça. Généralement dans le monde des adaptations, on a deux catégories qui sont soit le pari de la fidélité au texte d'origine, soit l'idée de la recréation en s'inspirant un peu du matériau d'origine et en essayant de faire une nouvelle variation ou broder autour. Dans le cas des remakes de films, ça a parfois donné de belles choses qui n'oblitèrent ni ne cachent ce qui était préexistant à la base. On peut parfaitement adorer La mouche de David Cronenberg (1986) comme La Mouche Noire de Kurt Neumann (1958); tout comme célébrer les louanges de la chose Carpenterienne comme son illustre ancêtre sorti de chez Nyby et Hawks. Mais refermons la parenthèse et revenons à notre hululement de hibou.

 

Evidemment (France Gall, sors de mon corps), si je pose toute cette entrée, vous vous doutez bien qu'il y a un truc, alors attaquons de front directement. Le cri du Hibou est donc une adaptation du livre culte de Patricia Highsmith dont Claude Chabrol avait tiré auparavant un film en 1987 dont il semble qu'il soit assez vénéneux (le film, pas Claude Chabrol). Malheuresement le film n'est disponible qu'en zone 1 dans un dvd apparemment médiocre (avec des sous-titres anglais énooOooormes et impossibles à enlever). Puis, nous avons cette nouvelle adaptation 2009 du clippeur (une vidéo pour Blur, une autre pour Radiohead) et maintenant réalisateur (le Cri du Hibou n'est que son second long-métrage), Jamie Thraves qui livre finalement une oeuvre inégale.

 

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Les éclairages, décors et compositions du cadre sont basiques mais efficaces.

 

Sur certains points, le film à ses petites qualités. Le réalisateur n'assène pas un montage épileptique et assommant ni ne jongle avec sa caméra. Les cadrages, décors, éclairages sont convaincants et les acteurs principaux (Paddy Considine et Julia Stiles qui s'étaient d'ailleurs déjà rencontrés sur The Bourne Ultimatum deux ans avant) s'en sortent assez bien. Mais voilà, le bât qui blesse et entraîne sensiblement le tout dans la chute (j'exagère, le film se regarde avec un ennui poli), c'est bien sûr l'histoire et la caractérisation des personnages. Si suspense il y avait dans le livre d'Highsmith (je suppose que oui), il est ici quasi-inexistant ou rapidement éventé en ce sens qu'on devine déjà à l'avance qui est le méchant, ce qu'il va faire, comment le film va se terminer (mal et on a raison en plus). Un spectateur qui anticipe quasiment tout le film, c'est un peu gênant, vous ne trouvez pas ? Si fidélité il y a, c'est pour coller alors trop près du livre ou bien il y a recréation mais dans le négatif (on a trop voulu en faire). Je pencherais plus, petite production avec la BBC oblige, pour la première option, ce qui n'empêche pas en plus d'une histoire trop molle, des erreurs bien étonnantes. On nous dit par exemple qu'il a quitté New York pour une petite ville plus tranquille d'Amérique mais quand on regarde les rues, on s'aperçoit qu'il s'agit de Toronto. Je ne savais pas que l'Amérique avait déjà annexé le Canada...

 

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Parfois, pour ranimer le spectateur, les acteurs décident de surjouer un peu.

 

Le plus gros problème qui amène le spectateur au bord de l'ennui (si il n'a pas sauté dedans à pieds joints), c'est qu'on a des personnages qui ne permettent aucune empathie, aucune identification et surtout n'ont aucune évolution. Robert est un lâche qui fuit les problèmes et la réalité et ne cherche jamais à s'investir quand il rencontre Jenny, jeune fille rêveuse et idéaliste qui sur-interprète quasiment toute sa vie. Il était impossible dans la réalité qu'il puissent se mettre ensemble et tout le film semble traversé par ce constat impossible que pourtant dément l'attitude de la jeune fille. Quand à Robert, bloqué depuis le début, il restera bloqué jusqu'à la fin. Dans le monde réel, on appelle ça être constipé. Eh bien voilà, Robert est constipé et quand bien même on chercherait à le comprendre, le personnage se dérobe volontairement, à tel point qu'on finit plus que consternés. Et passons sur certaines péripéties qui amèneront quelqu'un au bord du coma mais qui n'empêcherons aucunement le meurtrier (traité de manière très manichéenne, ces actions sont uniquement guidées par le fait de se sentir trahi amoureusement mais comme Robert, il semble lancé sur une ligne droite, programme minimal, rien, pas d'évolution, pas un instant de remise en question. Du crayonné) de finalement s'en sortir plus ou moins blanchi (on dirait que je dévoile l'intrigue mais non mais non, je vous évite le twist final prévisible).

Ce film avait un certain potentiel mais, et c'est bien dommage, on en a jamais vraiment tenu compte et le résultat s'avère une création intéressante qui sera pourtant vite oubliée le jour d'après. Dommage.

 

 

 Le Cri du Hibou

Un film de Jamie Thraves avec Julia Stiles et Paddy Considine

Distribution : CTV International

http://www.ctvint.fr/

Date de sortie : 17/02/2010

 

 

Retrouvez aussi cette critique sur ma page Cinetrafic :

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Commentaires
G
Bonjour.<br /> <br /> Je dirais que cette critique n'est recevable que dans la mesure où le spectateur aurait lu le livre ou encore vu le film de Chabrol ; donc dans l'optique ou ce dernier connait la clé de l'intrigue.<br /> <br /> Pour ma part, moi qui ne connaissais ni l'un ni l'autre, le film a conservé mon attention sans difficulté. Correctement réalisé et correctement joué, ce film est donc pas mal à mes yeux. J'ai parfois eu l'impression que le temps a mal été géré : certaines scènes semblent trop longue quand d'autres semblent quasi bâclées, mais ca n'empêche pas le film de se tenir.<br /> <br /> Bref, je conclus en me répétant, ca casse pas des briques mais c'est correct et pas désagreable.
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N
Ah non, sincèrement tu peux éviter. Je n'ai pas démoli le film comme tu vois mais c'est franchement pas terrible pour moi.
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A
Jamais entendu parler de ce film, il me semble intéressant, merci du tuyau.
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