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Chroniques visuelles
6 février 2011

Electroma

electroma

 

Dans un monde indéterminé, des robots tentent à tout prix de devenir humains...

 

Daft Punk, part two. Au cours de la même soirée au Gaumont Parnasse (voir post précédent), deux films étaient projetés, Electroma, l'expérimental et contemplatif film du duo musical était de ceux-là. Pour rappel, je n'ai encore jamais eu l'occasion d'évoquer ce film que j'aime beaucoup ici même si son ombre plane ici, ou. Alors qu'est-ce donc qu'Electroma me direz vous ? Tout simplement une fable humaniste de science-fiction taillée dans le marbre brut des années 70 (vous savez, cette époque où la caméra ne bougeait pas tout le temps afin de vous donner l'épilepsie... Non ici, la caméra aborde un certain classicisme mais avec des plans séquences parfois très longs).

 

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Oh oui, tu la sens bien l'influence de Gus Van Sant ici. gneeuh

 

Electroma comparé à Interstella 5555 est presqu'entièrement le projet du duo musical cette fois-ci. Pour preuve, ce sont chacun des deux Daft qui réalisent cette fois --Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo--, le premier s'occupant même de la photographie avec un soin dans l'esthétique qui force le respect. Quand au film en lui-même, il est traversé à la fois par le respect des autres road-movies pré-existants (tiens, une scène d'explosion revue 3 fois sous différents angles ici m'évoque un peu le Zabriskie Point d'Antonioni maintenant que j'y pense. C'est troublant), des références cinéphiliques en vrac (principalement le Gerry de Gus van Sant --plans dans la voiture sur lesquels on pourrait mettre du Arvo Pärt, plans-séquences sur la marche des personnages dans le désert étirés à mort afin de faire ressentir la temporalité au spectateur-- ainsi que le 2001 l'odyssée de l'espace de Kubrick --Contraste noir et blanc clinique et extrême à faire pâlir d'envie un Roberto Rodriguez sur fond de symétrie quasi-parfaite dans la scène du laboratoire--...), comme d'une vraie touche personnelle sensible, n'appartenant au fond qu'a lui.

 

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On se croirait dans le vaisseau Discovery de 2001 (tiens, Discovery, les Daft punk... *sourit*).

 

Car le film est ponctué d'idées en vrac qui ne doivent finalement rien aux autres, surgies d'on ne sait où, sans doute de nulle part et partout. Déjà, un parti-pris, celui de diviser le film en autant de chapitre en mettant des inserts de fragments de flammes (faisant en fait écho à la fin du film comme on s'en aperçoit lors du visionnage) fascinants. Ensuite, de peupler tous les êtres quasiment de masques à leur effigie afin de créer une population entièrement mécanique. Le contraste avec leurs masques à têtes d'humains qu'on jurerait issus des Guignols de l'info ne fait que prolonger la stupeur et le sourire bienvenus (je soupçonne ces têtes d'être celles, à peine caricaturées, de Bangalter et Homem-Christo). Et puis, plus le film avance, plus il débouche sur une sorte d'errance touchante des personnages. Pas de paroles, que des non-dits, des plans étirés, des jeux d'angles et de flou. A ce stade, le manque affectif se fait confondre avec le désert, celui-ci devient un personnage à part entière où l'espace d'un instant les dunes sont filmées comme autant de courbes d'un corps de femme, jusqu'à pousser cette idée folle dans ses retranchements (on débouche sur un sexe féminin filmé en contrejour, ce qui donne une étrange dune de sable et d'herbe et l'on met quelques secondes de retard à s'apercevoir que quelque chose cloche !).

 

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Le désert, filmé avec une sensualité incroyable sur fond de Linda Perhacs.

 

Les personnages-mêmes des robots qu'incarnent les Daft Punk, ou plutôt leur imagerie est elle-même poussée à bout, jusqu'à les doter de boutons d'auto-destruction, de quelque chose d'encore plus mécaniquement étrange sous le casque dont se dotent les musiciens, de fragments éparpillés, de corps qu'on brûle... Et le plus stupéfiant dans cet étrange voyage reste sans doute cette esthétique à la limite du radical, jouant parfois sciemment sur l'empathie du spectateur (un plan-séquence notamment encore plus long que chez Tarkovski ou Van Sant --mais largement moins vain que le fait de filmer un couloir avec un mec qui balaie comme chez McQueen (Hunger), ahem-- semble conçu uniquement sur la durée afin de briser les nerfs de celui qui regarde... ou presque), cette absence de paroles de tout le film, cette musique volontairement 70's (les Daft ne font que s'occuper de quelques effets sonores mais sinon on navigue entre Todd Rundgren, Curtis Mayfield, Brian Eno, Linda Perhacs et j'en passe), les plans de paysages et les références... 

 

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Si vous acceptez de faire le voyage dans un film au rythme lent, que vous aimez être surpris par une certaine esthétique, que vous préférez les robots et la science-fiction utopiste à la musique électronique qui fait beaucoup de bruit et la caméra qui bouge sans arrêt, allez voir ce film, vous ne le regretterez pas. 

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Commentaires
N
Je pense que ça te plaira amplement. ^^
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M
Tentant. :)
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