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Chroniques visuelles
4 avril 2012

Les chroniques de fond de tiroir (15).

Quelques mini-chroniques pour souffler avant d'autres gros trucs fabulous les aminches.

Ou pas.

 

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ladyaffiche J'avais tellement entendu de choses sur ce Lady Chatterley que l'objet m'attendait finalement en prenant la poussière sur l'étagère (ou presque). Je voulais avant tout éviter d'être déçu et m'était pas mal renseigné sur la "bête" avant de finalement le regarder un soir, à une heure tardive (mais non fatigué). Je savais que le film abordait un rythme lent et plus ou moins en progression (le meilleur arrive lentement dans la seconde partie du film), du coup je m'étais préparé comme je le fais souvent dans ces cas : alors qu'en salle de cinéma je déteste furieusement toutes les personnes qui grignotent (pop-corn, m&m's etc), là j'avais ma bouteille de coca cherryh. Vous allez me dire que ce n'est pas pareil, ça ne fait quasiment pas de bruit (à moins de boire par les narines en essayant d'imiter vainement Ed Harris dans Abyss mais là c'est la noyade). Avec une réserve bulleuse sous la main et un vrai fauteuil (c'est bien d'avoir un home cinéma, je dis ça, je dis rien, hein), je m'installai confortablement pour cette adaptation de Lady Chatterley et l'homme des bois (la seconde version du roman, la première étant L'amant de Lady Chatterley) de D.H.Lawrence.

 

 

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Une chronique de Lady Chatterley sans nu n'est pas une vraie chronique de Lady Chatterleygneee

 

 

Le film faisant près de 2h48 (dans sa version cinéma. La version télé dépasse facilement les 3h...)  et ne contenant pas spécialement d'action d'une folle ébriété, il faut effectivement s'y préparer. Pourtant, j'ai été complètement happé par ce film finalement très sensuel qui redécouvre le corps et le plaisir en même temps que Lady Chatterley s'aventure de plus en plus dans la passion qui la lie progressivement au garde-chasse du domaine. Dans la première partie, cette sensualité s'opère par des plans d'une rare beauté de la nature, souvent filmée au plus près. Dans la seconde partie, c'est l'ivresse des sens et du corps qui s'opère, faisant doucement monter --et toujours avec finesse et délicatesse-- la mayonnaise. L'approche de Ferran est de montrer deux adultes qui ont chacun leur part de secrets, de blessures, et qui se redécouvrent, jamais vulgairement, toujours avec respect de l'autre et de son corps. En ces temps où l'on a tendance à tout précipiter et confondre rapidité avec excès et parfois prétention, ce parti-pris de prendre son temps m'a complètement scié. Le film, presqu'hypnotique, n'en devient que plus beau (et toujours un peu difficile d'accès. C'est un film ouvert mais exigeant envers le spectateur dans le même temps. Très grand film mais qui ne plaira sans doute pas à tout le monde par ses choix esthétiques (lenteur du rythme presque contemplatif, transposition de personnages anglais dans des décors français, comédiens parfois en décalage...). Je ne peux que conseiller d'essayer si l'histoire vous a toujours intéressé.

 

Chronique à aussi retrouver chez Cinetrafic.

 

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Les_Adieux_a_la_Reine_affiche C'est l'un des rares cas où j'y vais complètement sur l'avis d'une majorité de personnes. Or là où je travaille, depuis peu ce n'est qu'exclamations de bonheur et autres mouvements d'euphorie et c'est donc en espérant rien mais m'attendant à voir un film à peu près soigné dans sa reconstitution historique que j'y suis allé. Bon, j'avoue que j'avais entendu d'autres choses en zieutant à droite, à gauche sur divers forums. Notamment que l'aspect plus ou moins lesbien entourant cette chère Marie-Antoinette (issu du roman de Chantal Thomas à la base) serait conservé. Diantre. Serait-ce déjà l'été et les petites culottes si vites retirées ? Eh ben-oui-mais-non-mais-bon-sang-que-me-faites-vous-dire-là-malgré-moi ? Enfin la réunion d'actrices telles que Léa Seydoux, Diane Kruger, Virginie Ledoyen et la trop rare Julie-Marie Parmentier m'émoustillait un peu. Surtout la présence de cette dernière qui avait pas mal donné de sa personne (le mot est faible) dans Les blessures assassines de Jean-Pierre Denis (qui retraçait le drame des soeurs Papin).

 

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Or Julie-Marie Parmentier n'irradie plus et Léa Seydoux reste égale à elle-même c'est à dire, tire la gueule constamment. La reconstitution bât un peu de l'aile, limitée dans son budget. Mais quelque chose palpite lentement dans ce film et si le début peut déconcerter (tic des comédiens à la française, volonté désuète d'imiter un langage que l'on ne peut plus forcément reproduire sans tomber dans un certain décalage, caméra portée et toujours en mouvement de Jacquot, déstabilisante), la suite s'avère meilleure et monte progressivement en crescendo jusqu'à une dernière partie assez bouleversante (que je ne vous raconterais pas), subtile et assez intelligente. Le réalisateur s'attache à montrer les jeux de pouvoir et l'attachement quasi-aveugle de Sidonie (lectrice de la reine et seul personnage fictif ici) envers sa maîtresse et par contrechamps la perte d'innocence de celle-ci à travers une reine qu'on découvre tour à tour intriguante, frivole, attachante, chiante, douce, triste, gai, cruelle. Des portraits de femmes prises en instantané dans le naufrage de Versailles, pendant les jours précédent le 17 juillet 1789. Très beau film.

 

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Cinema_Eva_Kike_Maillo_Affiche_poster  Revisiter le drame intimiste sous l'égide du conte de fée et de la science-fiction, c'est un pari que s'est fait Kike Maillo pour son premier film. Et au vu du résultat, c'est totalement réussi. Le réalisateur à l'intelligence de créer un monde-rétro futuriste presque campagnard où les élements propres à la SF (ici la robotique) est devenue monnaie courante, sans jamais trop le montrer (des robots, par-ci, par là... A noter le robocat, adorable). D'autant plus que ces robots sont assez basiques et donc plus rapprochés de notre époque que d'un très lointain futur. La simplicité du film tient dès lors à la fois dans cette espèce d'épure stylisée du futur (à noter que l'interface à la Minority Report que manipule le savant, Alex (Daniel Brühl que je commence à apprécier de plus en plus) s'avère un mélange entre le végétal et les cristaux liquides qui prennent des circonvolutions solidifiées qui les rapprochent du verre. Un travail de toute beauté) comme les peintures des sentiments humains et des relations entre les différents protagonistes qui vont se dessiner.

 

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Ces relations, complexes, sont tracées à l'image du film, avec une certaine sensibilité. Elles sont essentielles pour apprécier le film et tout ce qu'il trace, sorte de petit frère espagnol de A.I. Il y a d'abord Alex qui revient dans un endroit qu'il avait appris à oublier et retombe amoureux de la femme qu'il avait aimée, laquelle vit maintenant avec son frère. Il y a le fait que tous trois sont des génies de la robotique à leur niveau. Il y a le fait qu'Alex travaille sur un nouvel androïde qui, cette fois, devrait être capable de parfaitement reproduire les sentiments et réflexions humaines quite à, par délà l'enveloppe physique, devenir donc humain (qu'on se rappelle le "je pense, donc je suis" qui trouve écho dans le cultissime Blade Runner). Il y a le fait que pour cela, il lui faut un modèle, donc un ou une enfant déjà assez introvertie,riche dans sa palette d'expressions, bref un être unique et suffisamment décalé pour exprimer cette richesse de l'âme humaine à travers l'enfance. Il y a Eva, cette gamine qu'il va trouver et l'intriguer. Eva qui est la fille de la femme qu'il aime à nouveau et que le frangin ne voit pas d'un bon oeil au final. Des jeux de rivalités, d'intrigues, d'amour tissent la fine toile d'Eva.

 

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On pourra trouver la trame d'Eva trop simple ou bien deviner une partie du twist à l'avance (twist qui se rapproche de l'épisode Valerie 23 d' Au délà du réel, l'aventure continue, maintenant que j'y pense), il n'empêche que le film choisit même après cette révélation de continuer dans une voie qui lui est propre, humaine, terriblement bien humaine, livrant une image finale bouleversante et qui justifie le comportement d'Eva et certaines répliques qu'elle donne à Alex, notamment le fait que David n'est pas son vrai père. A la vision de cette fin si simple, on comprend. Encore un grand petit film, vraie perle de SF à aller voir avant qu'elle ne disparaisse des écrans.

Et moi je veux un robot-chat.

 

Chronique qu'on peut retrouver aussi chez Cinetrafic.

 

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30beatsaffiche C'est, alléché par l'idée-même du film (reprendre La ronde de Schnitzler qui fut adapté formidablement en 1950 par Ophüls) et une bande-annonce ne dévoilant en fait pratiquement que ce qu'il y a de mieux, que j'ai vite filé voir ce film qu'est 30 beats. Le fait qu'il ne soit distribué que dans 9 salles (en fait actuellement quand j'écris ça plus que 3 salles dans toute la France depuis que je l'ai vu il y a une semaine !) a joué d'un certain état d'urgence aussi. Transposant la ronde des sentiments amoureux aussi divers que riches, variés, cruels, douloureux ou drôles dans le New-York actuel ne pouvait que tenter d'actualiser et mettre à jour le sentiment amoureux en ces années post 11 septembre 2001. Le New-York ainsi filmé respire presque la quiétude comme si rien ne s'était passé : des couleurs chaudes, presque organiques, de rares ralentis somptueux et jamais tape à l'oeil, une chaleur perceptible et des gens qui ont envie de s'amuser. On ajoute à cela des cadres bien construits, un tournage en 16 mm qui assure pour un premier film, une musique instrumentale faite de ballades un peu rock énergiques et envoûtantes. Tout était presque réuni pour passer un bon moment.
Mais voilà, il y a un hic de taille monumental : l'attirance du vide.
Notre cher réal veut tellement bien faire qu'il finit par n'en rendre son film que désespérément fade. Et rendre fade une beauté comme Vahina Giocante, il faut le faire.


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Si sur le papier l'idée du changement de personnage pour illustrer la ronde cyclique de l'amour reste bon, la mécanique fragile ne suit pas. D'abord parce que les acteurs masculins sont fades comme pas possible (excepté le personnage de Julian, joué par Thomas Sadoski qui tire son épingle du jeu et se révèle plus ambigü qu'on le croit), à peine traités, aucune psychologie, parfois d'une lourdeur pas possible (délivrant un certain ennui bien palpable qui a fait sortir 3 jeunes spectatrices de la salle du gaumont parnasse où j'étais. Sans doute espéraient-elles comme moi quelque chose de plus vivant). Ce qui affaiblit considérablement l'édifice et des personnages féminins à peine mieux servis avec des actrices qu'on sent nettement plus impliquées néanmoins.

Las !

Les scènes qui pourraient se révéler intéressantes ou montrer les jeux amoureux et érotiques sont toutes passées à la trappe lors d'un constant fondu au noir à chaque fois que le moment tant attendu arrive. Dans une entrevue, le réalisateur expliquait, très prude, que face à une société qui montre tout, mieux valait laisser au spectateur le soin de laisser fonctionner son imagination. Ce discours est bien beau mais pour que l'imagination se mette en branle (sans mauvais jeu de mot), encore faut-il justement qu'elle ait un os à rogner. Ce n'est pas en nous montrant un bout de poitrine de cette chère Vahina (capture 1) qu'on va d'un coup se mettre à follement rêver. D'autant plus que ce passage arrive après le fondu au noir, la jeune femme se révèle en pétard, prononçant des dialogues assez consternants. Seule Paz de la Huerta a l'honneur d'avoir une belle scène (qui fait presque sourire) où la belle se cambre tel un chat réclamant avec moult séduction ses croquttes. Ma foi, Paz, là je t'offre tous les bocaux de croquettes que tu veux à ce prix là. Mais ça ne dure pas.... fondu au noir ! :evil: 
Tu voulais du sensuel ? Tu n'auras que les images d'Epinal.
Enfin là c'est des images Panini quoi.
Bref, personnages rendus fades dans des situations fades qui ne laissent jamais vraiment respirer et imprégner l'image... Reste d'ailleurs quelques belles images... éparpillées... 
Et qui seront vite oubliées. 


Je retourne à Julio Medem finalement, lui au moins a compris que le corps ne doit pas être nécessairement et abusivement enchaîné dans le cadre mais qu'il doit en sortir pour subjuguer le spectateur. L'amour du corps, des actrices et donc en retour du spectateur, il est bien dans un film comme Lucia et le sexe finalement, pas dans ce 30 beats qui ne pulse que par rares coups.


Retrouvez aussi cette chronique sur la fiche Cinetrafic du film.

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