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Chroniques visuelles
4 juin 2012

Killing Fields

 

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* Un film d'Ami Canaan Mann (2012).

* Distribué en DVD depuis le 2 mai par la Metropolitan Filmexport

 

À Texas City, la police fait face à une série de meurtres, mais les rivalités internes qui minent le service et l’endroit épouvantable où ont été retrouvés les corps – le terrain vague de Killing Fields – compliquent l’enquête. Dans le comté voisin, les inspecteurs Mike Souder et Brian Heigh travaillent sur la disparition d’une jeune fille. Pas de cadavre, aucune piste. Lorsque Anne, une gamine des rues que Brian a prise sous son aile, est portée disparue à son tour, les deux inspecteurs commencent à se dire que la solution se cache peut-être du côté de Killing Fields 

 

On se pose souvent la question du lien de parenté existant entre un artiste et ses enfants. Aussi quand je vois et lis que quasiment toute la famille Mann s'est penchée sur ce premier film d'Ami Canaan Mann (le papa ici produit tandis que l'autre soeur, Aran Mann est chef déco --production designer), on pourrait se demander si cette dernière arrive à se dégager de cette lourde et puissante parenté afin de développer un style personnel et comme souvent la réponse est négative même si le film se regarde paisiblement (trop sans doute) du fait que sa cinéaste dont c'est ici le second long-métrage (Morning sorti en 2001 reste inédit) a su s'entourer d'une équipe des plus pointue.

 

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Néanmoins le film reste en demi teinte et le sentiment de déception prévaut un peu et ce pour plusieurs raisons. La première, et qui donne pourtant ses meilleurs moments au film, ce sont ces bayous, les Killings fields, véritable personnage à part. La réalisatrice (et donc le spectateur) sont dès le départ fascinés par ces hautes herbes masquant des arbres décharnés comme autant de doigts morts. A ce paysage un peu extraterrestre semble s'ajouter quelque chose d'hors-champ, de l'indicible, souvent souligné par la réalisatrice (l'ouverture sur un plan-séquence fluide et superbement rendu sur une voiture abandonnée là, la portière ouverte comme si son passager avait été arraché de force --capture une; ces arbres qu'on survole, ce brouillard qui envahit la ville à la nuit tombée comme chez John Carpenter) avant qu'elle ne recadre une fois de plus les personnages humains du film et échoue à planter une ambiance, si ce n'est une tension.

 

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Car visiblement, les humains et l'enquête qui nous préoccupent ne sont d'emblée pas le vrai sujet du film. D'autant plus que le casting est d'or et qu'aucun personnage ne permet au spectateur d'éprouver un tant soit peu d'empathie. Rien à dire sur Jessica Chastain, toujours parfaite là où elle passe (cette femme est incroyable, je crois que j'en deviens vraiment fan de plus en plus avec le temps). Jeffrey Dean Morgan et Chloé Grace Moretz s'en sortent assez bien eux aussi, surtout cette dernière dans un rôle de gamine débrouillarde qui ici, nage au milieu des requins. Sam Worthington... fait du Sam Worthington, on ne lui en veut pas, allez. Mais voilà, les personnages ne sont pas vraiment développés, à peine esquissés. Je veux bien que dans d'autres genres, les personnages soient à peine tracé (cf, Prometheus dont je parlerais prochainement étant donné que je fais partie des rares à avoir aimé) étant donné que le genre en question assume pleinement sa matière d'imaginaire afin de livrer quelque chose qui suit et assume pleinement ses codes aux genres tout en pouvant parfois complètement et subtilement s'y soustraire. Là n'est pas le cas ici puisqu'on se base d'office sur des faits réels et un travail de recherches à l'appui dont témoigne aussi l'oeuvre. Des faits qui pourtant, ne nous seront jamais vraiment donné, là est la seconde erreur du film.

 

 

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Car jamais l'on aura d'éléments de l'enquête, seulement ses à-côtés. Par exemple, pendant ses recherches la réalisatrice avoue (dans le dossier de presse du film ainsi que le making-of du dvd) avoir été impressionnée par une carte évoquant tous les meurtres survenus dans la région. Près de 60 meurtres sur presque trois décennies, ce qui n'est donc pas le cas d'un seul tueur en conclue-t-elle. Et pourtant le film ne donnera qu'un seul coupable (et dont on se doute dès le début du film) en une résolution presque trop facile. Autre exemple, le travail de recherche des enquêteurs qui s'apparenterait à un intéressant documentaire (avec questionnements auprès des suspects à domicile ou au poste de police) mais sans que leurs conclusions et idées ne nous soient rendues. Et ainsi de suite de plusieurs problèmes, non pas d'incohérences, mais de fautes de goût, ou plutôt de style et de ton au sein d'un même film.

 

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Déjà le film se permet de prendre la pose. Plans contemplatifs sur les enquêteurs un peu tourmentés sur fond de musique rock-country, passe encore, c'est une influence image/son hérité du paternel que je ne conteste point (car j'apprécie beaucoup le style de Mann même si pour le coup ici j'y vois une petite redite). Mais une caméra qui s'approche de la Moretz en pleine nuit pour aborder un travelling qui tourne presque à 180° autour de son visage avant de repartir dans l'autre sens (capture 2), euh... Gratuit. Inutile. Ensuite la mise en scène qui pêche à de nombreuses reprises quand elle fonctionne à d'autres (le décor personnalisé). Ainsi toutes les scènes de nuit sont quasiment illisibles. On-ne-voit-rien. Même constat dans une scène de fusillade en pleine route qui ne peut s'empêcher de nous rappeler celle, magistrale de Heat mais là aussi, avec le montage, on-ne-voit-rien. Ou plutôt, on voit des choses : on ne comprend pas. Gestion de l'espace dans les rares scènes d'action : zéro.

Avec ces humains aussi décharnés narrativement que les arbres des fields qui, paradoxalement, fascinent durablement, la réalisatrice avait fort à faire. Sans doute trop puisque au final avec tout ce que j'ai mentionné, le constat s'avère des plus mitigé. Sur ce film, je rejoins complètement le propos de The Pony Remark qui l'a aussi admirablement chroniqué. Je retenterais sans doute mais pas maintenant, j'en reste sur une impression très moyenne...

 

- Retrouvez aussi cette chronique sur la fiche Killing Fields de Cinetrafic.

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