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Chroniques visuelles
15 septembre 2012

Pour une poignée de Disney... (1)

 

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Ayant récemment fini le dernier épisode de la seconde saison du Sherlock de Mark Gatiss et Steven Moffat, je ressentais un profond manque. Plutôt que de faire place à un sevrage intensif qui m'aurait rendu plus désespéré et aigri que je ne l'étais déjà ces derniers temps, j'ai préféré me tourner vers le palliatif Disneyien avec un autre type de détective, Basil de Baker Street (Basil, détective privé - 1986). Ce film d'animation était alors l'occasion inespérée d'ouvrir grand ma porte à plusieurs oeuvres du studio que j'avais pu voir plus jeune, ou même, que je n'avais jamais vu avec en filigrane cette question : est-ce que ces films résistent encore à l'heure actuelle ? Certains n'auraient-ils pas pris un gros coup de vieux ?

 

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Suite à l'enlèvement de son père, la jeune Olivia sollicite l'aide de Basil. La présentation du détective passe alors d'emblée par une mise au point qui semble annoncer tout le programme du film. De même que Dawson (mais la prononciation est la même que Watson) arrive dans une calèche, non pas en siège passager mais sur une des marches servant à la descente des passagers, Basil nous est présenté d'une manière qui souligne fortement son statut de souris : un travelling de la fenêtre où le célèbre détective s'exerce sur son instrument de musique pour descendre à une petite ouverture dans le mur, caché par les feuillages. Tout le film continuera à jouer de cet astucieux parallèle où la société londonienne d'antant est alors métaphorisée par le monde des souris.

 

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Mais comme écrit précédemment, ce programme est aussi sa limite. Passé le jeu du décalage, le film laisse place à une enquête pépère à la mise en scène endormie et aux personnages qui en font parfois trop. Entre une chauve-souris à jambe de bois qui gesticule constamment comme une marionnette et un Dawson sous-utilisé qui ne sert que de béquille au "génie", il y a une limite. Et pour un peu, on aurait presqu'envie aussi de coller des baffes à Basil. Heureusement, le film réjouit par certains à-côtés, assez surprenants dans un film tout public. D'abord un héros qui fume la pipe. Ensuite, la chauve-souris et ses dents aiguisées, son look blafard, que le film réutilise souvent en gros plan, frontalement pour faire peur aux gamins. Sans oublier des souris qui se trémoussent chaudement dans un bar ou une chatte apprivoisée à la solde de Ratigan qui boulotte d'un coup tous ceux qui peuvent le gêner. Un peu de noirceur qui réhausse donc un film un brin ennuyeux.

 

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Ce n'est que dans les dix dernières minutes qu'enfin le film semble se réveiller en enclenche la vitesse supérieure, proposant une course-poursuite en ballon qui se termine droit dans Big Ben, pour déboucher sur un affrontement violent (Ratigan dans sa gestuelle semble presqu'un T-rex sorti du Fantasia de 1940) sur les aiguilles de celui-ci. Non seulement l'odieux ratigan prend enfin une vraie ampleur (on a pas l'impression que Basil va gagner à ce stade), mais la mise en scène, aidée par l'informatique, se permet des mouvements de caméra assez fantastique. Tous les rouages sont ainsi purement numériques et les personnages insérés dessus, on obtient d'un coup la fluidité qui faisait défaut à une bonne partie du film. Dommage qu'à ce stade, ce soit déjà fini.

 

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On enchaîne ensuite avec Bernard et Bianca, aka The rescuers (1977), une décennie avant. Tiré de livres pour enfants et doté d'une bonne vieille patine qui lui confère un charme indéniable (toute l'ouverture avec la bouteille à la mer est formée de tableaux à la pastel qui sont un vrai régal pour l'oeil), le film se révèle toujours aussi surprenant, bonnifié avec le temps. On ne sait si le surdoué Don Bluth (qui allait quitter le studio Disney deux ans plus tard pour livrer des oeuvres passionnantes) apporte un plus non négligeable mais il est sûr que le film captive de bout en bout. Comme chez Bluth, on retrouve ce mélange fascinant entre inquiétante étrangeté et éléments du monde réel et supposément "normal". A ce titre, le climax de la découverte du diamant dans la grotte immergée n'a rien à envier à l'exploration du rosier ou de la taverne du hibou dans Brisby et le secret de Nihm.

 

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Et puis ici contrairement à Basil..., les personnages sont immédiatement attachants. Bianca s'avère d'un charme et d'une classe folle, Bernard, supersticieux (à chaque fois, il remarque le chiffre 13 partout) et un peu trouillard est drôle, la gamine kidnappée est cent fois plus adorable que plein de mioches actuels. Et les seconds rôles ne sont pas en reste, dotés d'une vraie vie qui parcourt le film de bout en bout. Mention spéciale à Evinrude la libellule qui sert aussi de "moteur" naturel ou Orville l'albatros qui, en VF, se dote de la voix même du doubleur de Harrisson Ford dans Star Wars. Et là aussi, comme chez Basil, le film se permet deux-trois petits écarts réjouissants.

 

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Ainsi de ces crocodiles apprivoisés qui obéissent au doigt et à l'oeil à une Medusa furieusement assez proche d'une Cruella D'Enfer (Les 101 dalmatiens), de son acolyte Snoops dévirilisé au possible et esclave cupide de la dominatrice rousse. Sans oublier quelques petits gags à base d'alcool (avec un Bernard qu'on fait boire direct dès lors qu'il arrive au Bayou ! Ou bien le fait de mettre deux-trois gouttes de la gnole dans le moteur du véhicule de Medusa pour pallier l'essence tellement la boisson est un puissant tord-boyau. Une idée que reprendra plus ou moins le Tintin de Spielberg bien plus tard) ou la scène tant attendue de la grotte immergée et remplie de crânes et squelettes et qui arrive encore à surprendre après tout ce temps.

 

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C'est donc ici la magie qui prédomine, quand tous les éléments sont alors admirablement dosés et respectés (et au passage la musique et les chansons sont un régal), ce qui sera moins le cas des Disney qui vont suivre au prochain post, se voulant pour un public plus moderne, moins jeune mais perdant justement ce charme entre histoires universelles et inquiétants éléments venus du monde des adultes. Quelque part, la frontière a été franchie mais pas forcément pour le mieux.

Chronique que l'on peut aussi retrouver sur Cinetrafic sur la fiche Les aventures de Bernard et Bianca.

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