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Chroniques visuelles
15 janvier 2013

Les retardataires

 

Un post un peu spécial pour revenir sur quelques albums et films qui m'avaient échappé en 2012. Une entorse à la règle car normalement je ne pense pas que plus tard j'aurais pu y penser ou le temps d'en parler. Et sans doute que je les mentionne au détriment d'autres choses plus importantes mais à mon sens c'est justifié car ça mérite vraiment qu'on se penche dessus. Trois fois rien, de bonnes choses voire très bonnes mais cela m'aurait embêté de ne pas en toucher quelques mots. Après bien sûr je sais qu'il y a tellement de choses à écouter et voir de 2012 que je ne découvrirais que plus tard (Miss bala, Oslo 31 août, Martha Marcy May Marlene, Cheval de guerre, The impossible, Ghostory...) et je pense que je prendrais le temps d'y consacrer à nouveau un post entier ou plusieurs mini chroniques si le temps vient à me manquer.

 

 

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L'occasion de remercier d'une certaine manière les propriétaires des sympathiques blogs Popkotidien et Cinéphiliquement vôtre.

 

Andy Stott est une découverte qui ne pouvait que me combler. Musique électronique à variation techno noyée sous de l'ambiant et un chaos sonore avec une voix qui émerge parfois au rythme d'une pulsation. Comme chez Loveless de My bloody Valentine mais dans une logique encore plus poussée, cette femme qui chante et fredonne devient notre guide au sein d'un magma qui nous immerge corps et âme. En pleine ville et transports en communs dans le baladeur à fond, le sentiment de participer à une bande originale organique en direct est assez impressionnant.

 

Anna von Hausswolff (quel nom !) célèbre elle, la rencontre de Johann Sebastien Bach ou Philip Glass avec des mélopées tantôt pop, tantôt ambiant, toujours hypnotique. Imaginez un petit bout de femme seule devant son orgue, concentrée à l'extrême, parfois repliée dans son monde intérieur, parfois accompagnée d'une timide guitare ou batterie. Une musique qui va aussi bien vers le recueillement que l'ouverture des possibles. Pour vous faire une idée, écoutez un titre comme Goodbye sur youtube à un volume assez poussé.

 

Chaque nouvelle livraison de Garbage est un évènement en soi et quand Jordan de Popkotidien en avait régulièrement parlé aussi bien sur ce blog en commentaire que chez lui en faisant référence par exemple à Lush et Cocteau Twins ainsi que leur style propre et inimitable, je ne pouvais qu'être interloqué et plus qu'attiré. Il faut dire que je considère Version 2.0 du groupe de Shirley Manson non seulement comme un disque génial mais aussi comme l'un des meilleurs albums des années 90. Enfin plus personnellement le disque occupe une place de choix dans mon coeur puisqu'il rythma ma vie de collégien grand adorateur de rock et musique électronique (ce que je suis toujours). Bref, j'applaudis Jordan dans ce qu'il écrit et j'irais même plus loin en poussant le bouchon : j'y vois le prolongement naturel de version 2.0 dans une époque encore plus tourmentée et brusque que la nôtre. On navigue du coup tout aussi bien en noise qu'en pop, électro ou hard rock (imparable et démentiel refrain de Battle in me qui explose bon nombre de groupes qui devraient en prendre de la graine). C'est un album tout aussi accessible (blood for poppies, ça sent le single tout parfait ça. Comme je n'écoute pas la radio on me confirmera ou non) que complexe qui demandera sur certains titres de nombreuses écoutes (Beloved freak devient de plus en plus touchante avec le temps). Avec un disque réussi aux 3/4 (15 chansons quand même dont 2,3 qui curieusement ne me font pas grand chose. Le reste tient du génial), on a là un véritable coup de maître.

 

Donal Fagen comme son compère Dr.John est un vieux de la vieille (pas écouté encore l'album du bon vieux docteur de 2012, je me rattraperais plus tard). Mais il n'a jamais été question heureusement de retraite pour le bonhomme pour mon plus grand plaisir. D'autant plus que ses disques sont rares. La dernière fois qu'il nous avait livré quelque chose, c'était en 2003 avec Morph the cat. Plus qu'une question de perfectionnisme comme un Scott Walker, c'est avant tout une question de liberté. Ceux qui connaissent sa carrière chez Steely Dan et ses déclarations dans les interviews savent que le bonhomme rigolard comme tout n'a pas forcément la langue de bois et qu'il aime avant tout se faire plaisir. Alors oui c'est presque toujours la même chose, Fagen creuse le sillon blues et rock qui a fait son style inimitable de classe et d'élégance depuis la fin des 70's et le début de sa carrière solo (un titre sur la B.O du film d'animation Metal Hurlant --le meilleur qui plus est pour moi, le plus calme aussi !-- avant de voler de ses propres ailes en 82) mais on en demande pas tant. C'est comme retrouver un vieux copain après tant d'années, on lui ouvre la porte avec tendresse et complicité car on sait que le vieux bougre n'a pas changé et qu'il nous ramène encore des merveilles comme il sait le faire.

 

 

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Et puis deux films que je regrette pour le coup de n'avoir pu les voir en salle et qui auraient sans doute pu intégrer facilement mon top cinéma 2012. Du moins pour John Carter.

 

Ce dernier nous promet de l'Aventure avec un grand A et y réussit amplement. Le réalisateur de Wall-e et du monde de Nemo (dont il prépare la suite pour 2016 apparemment, tiens, tiens) passe au film live en adaptant avec précision les écrits d'Edgar Rice Burroughs, rien moins qu'un des pères fondateur de la littérature de l'imaginaire moderne du XXème siècle. Une légende à la croisée des chemins au même titre alors que H.P.Lovecraft et un peu avant, Jules Verne, J.H.Rosny Aîné (il faudra que j'en parle de ce dernier sur le blog), Edgar Allan Poe (même si ce dernier s'éteint bien avant l'année 1900 : en 1849). L'univers de Burroughs se prêtait bien au cinéma puisque dès le début on adapta son Tarzan. Le cycle de John Carter sur Mars s'avérait lui, nettement plus complexe. Sa saga épique, Burroughs la voyait en grand et seuls les moyens modernes auraient finalement pu. Après plusieurs essais durant différentes décennies, il faut attendre 2012 pour finalement sentir le souffle chaud de Mars, pardon Barsoom dans la langue des autochtones de l'endroit.

On a beaucoup glosé sur le récit et le film en lui reprochant de suivre une énième histoire basique de monde et princesse à sauver dans une esthétique virtuelle moche, bla bla. Comme pour Avatar, certains journeaux y allaient à fond pour descendre l'objet. C'est oublier un peu vite que de nombreux films doivent beaucoup aux récits de Burroughs. Dire de John Carter qu'il manque d'originalité revient à dénier toute sa profonde créativité qui a dû en marquer plus d'un lecteur lors de sa publication en épisodes dès 1912 (repris ensuite en volume en 1917, les deux premiers tomes de la saga martienne n'arriveront chez nous qu'en 1937 avant d'être redécouverts avec leurs suites dans les années 70). Sans doute trop en avance alors, aujourd'hui on trouverait ça dépassé. Mais qu'on oublie pas alors tout le respect que l'on doit à ce récit matriciel et initiatique auquel on revient bien souvent s'abreuver sans même s'en apercevoir. Et non ce n'est pas moche car là on en oublie presque tout le savoir faire de Disney aussi bien dans leurs films d'animation que leurs films live. Stanton a d'autant plus l'intelligence de ne pas se reposer sur des fonds verts ou des personnages virtuels, laissant une grande place aux protagonistes humains, aux décors qui font aussi bien penser à la Tatooine de Star Wars (qui doit pas mal à Burroughs aussi) qu'aux plaines du western. Et le tout est très bien écrit, toujours avec finesse, laissant une respiration constante des enjeux, de l'humour et de la psychologie. J'ai pris mon pied.

 

Quand à The Raid, c'est un concentré d'action pure avec peu de moyens qui impressionne fortement durant les 3/4 du film. Gareth Evans l'indique lui-même dans les bonus en citant John Carpenter quand il explique avoir retenu les leçons de la série B : c'est péchu et visible à l'écran où le manque de budget n'empêche pas de resserrer le cadre et le film dans un travail de précision aussi diabolique que les combats à main nues ou à la machette qui parsèment le film. Le réalisateur se plante juste un peu en essayant de jouer une séquence émotion qui curieusement tombe à plat. Et le film s'essoufle un peu de lui-même dans sa dernière partie après un combat bigger-than-life qui en fait limite un peu trop (on a compris que le héros, son frangin et le bras droit de la mafia étaient des surhommes mais... ça dure... ça dure... ça dure... Et personne n'a de coude ou de bras pété... et ça dure... Et que j'essaye de te tuer avec un néon dans le cou. Mais même en pissant le sang, il combat encore pendant dix bonnes minutes. J'aurais bien vu l'un des deux personnages lui déclarer alors "eh mec, c'est fini, tu es déjà mort, tu peux arrêter hein" façon Ken le survivant mais non... gneee les temps morts et pauses, connaissent pas) et finit presque par briser un peu la crédibilité de ce qu'on aura vu plus tôt. Mais qu'importe, presque entièrement réussi dans son entier, The Raid envoie la sauce avec une bonne humeur et un dynamisme qui se font un peu rares de nos jours.

 

Mini critiques à retrouver aussi sur Cinetrafic aux fiches de John Carter ainsi que The Raid.

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Commentaires
N
Hello Jordan.<br /> <br /> <br /> <br /> Pour le coup c'est moi le retardataire. ;)<br /> <br /> Et oui toujours à découvrir. C'est affolant et inquiétant au train où vont les choses. J'ai souvent moi-même plus le temps de rien faire...<br /> <br /> <br /> <br /> Ghostory c'est noté. Maddji j'essaierais aussi même si je sais pas quand. C'est un peu comme une grande liste qui continue tout le temps et où je raye des noms une fois que j'ai écouté et vu quelque chose ! Sinon il faudra que je me repenche sur le premier album de Garbage mais je ne l'ai pas. En empruntant à la médiathèque non loin de chez moi peut-être... J'irais soon chez toi voir ton top musical fini. :)<br /> <br /> <br /> <br /> A plus !
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J
Bonjour Anorya,<br /> <br /> <br /> <br /> Topic très intéressant, dans le sens où il y a toujours quelque chose à découvrir sur le tard (pour moi par exemple l'année dernière la musique finlandaise que je connaissais très peu, et pas seulement pour Lordi, lol). Le temps passant à une vitesse folle, on hiérarchise forcément les priorités et les musiques que l'on souhaite écouter sur l'instant ou au plus vite. <br /> <br /> <br /> <br /> Je pense que tu pourrais apprécier le Ghostory mais je ne tiens pas non plus à trop anticiper sur tes goûts et ton appréciation. Je pense aussi qu'une artiste comme Máddji peut t'étonner ou au moins aiguiser ta curiosité pour les musiques nordiques. <br /> <br /> <br /> <br /> Je serai moins dithyrambique que toi à propos de version 2.0. Je lui préfère largement le premier opus, éponyme. Pour ses tubes nombreux, la qualité de la production, et la beauté étrange aussi des clips. Pour moi, ça constituait vraiment quelque chose de nouveau à l'époque dans le domaine de la pop et du rock. Et je trouve que Milk, superbe ballade mélancolique/aérienne pour refermer l'album est sans doute un de leurs meilleurs titres. Le groupe est revenu au moment où l'on pensait que la séparation était à l'ordre du jour, et finalement il n'en est rien. C'est un disque dense, très bien produit et entraînant. Merci pour les commentaires.<br /> <br /> <br /> <br /> Je suis en train de finaliser le top musical 2012, ayant fini celui du cinéma, avec mes 15 films préférés de l'année.<br /> <br /> <br /> <br /> Bon week-end<br /> <br /> <br /> <br /> Jordan.
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