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Chroniques visuelles
19 février 2013

Le quatrième pouvoir

 

 quatrieme_pouvoir_couv

 

 

Paul Jensen, journaliste, quitte Berlin pour Moscou où un poste l’attend au sein d’un tabloïd russe. Là-bas, il va faire une rencontre surprenante, celle de Katja, une jeune moscovite qui lui propose de diriger une rubrique dans son propre magazine. Cette proposition va entraîner des événements étranges dans la vie de Paul. Accusé de complicité de terrorisme, il tombe dans un engrenage sans fin

 

Dennis Gansel semble passionné par le thème du pouvoir qu'il me semble creuser tranquillement de film en film. La vague déjà abordait ce thème en traitant du danger d'une autocratie qui résonait comme un constat d'un passé dangereusement brûlant et toujours aussi tentant pour les apprentis dictateurs actuels et je suppose qu'on doit retrouver une idée de domination/soumission à une puissance établie (et plus proche du surnaturel) avec les femmes vampires de Nous sommes la nuit. Je tiens à noter d'ailleurs que le titre français "le quatrième pouvoir" est bien plus juste que son titre original, Die vierte macht qui signifie Le quatrième état, soit comme nous le découvrons dans le film, la puissance des services secrets russes, tentaculaires, quasi-invisibles et pourtant bien là, à la censure d'une bonne partie des libertés. Mais comme je l'écris, les services secrets ne sont pas le thème principal du film et Gansel ne cherche pas tant à l'exploiter qu'à le faire entrer en résonnance avec l'histoire en en faisant une toile de fond... sacrément inquiétante.

 

quatrieme1

 

Du coup, une fois dévoilé le thème central du film, aussi mince que celui de The ghost writer et pourtant aussi vital que celui-ci, à l'instar du film de Polanski, une paranoïa s'installe, avec des moments de tension parfois assez tendus (la fin) et si Gansel n'atteint pas encore l'Art de son maître, il réussit à installer une ambiance assez prenante avec presque rien. Très peu de scènes d'action ainsi dans le film (mais assez bien foutues) mais des regards, des sous-entendus qui en disent long et installent un malaise constant. Avec peu de moyens, le cinéaste adopte sur place un système D pour filmer à la sauvette en haute définition ces comédiens (ayant décrêté aux autorités comme il le dit dans le making-of, qu'ils filmaient une histoire d'amour !), s'introduisant parfois dans certains bâtiments quand les concierges et gardiens ont le dos tournés pour voler des plans quand ils ne reconstituent pas une partie de Moscou en Allemagne dans des quartiers de Berlin ayant gardé la froide architecture communiste. Le résultat est assez bluffant et témoigne d'un certain savoir-faire. Pas de doute, même s'ils ne signent pas un grand film, Gansel et son équipe sont sacrément doués.

 

quatrieme2

 

Si Moritz Bleibtreu m'a semblé un peu buté et possédant un jeu pas assez développé à mon goût et sans doute le fait que l'histoire suive plus ces pas qu'elle ne s'attache à retranscrire l'enquête sur laquelle son père et lui travaillaient (encore un film que je visionne sur les problématiques relations père-fils. Dois-je y voir un message ?), j'ai vraiment apprécié la présence du vétéran Rade Serbedzija (on le voit partout dans plein de seconds rôles de X-men le commencement à Eyes wide shut en passant par Batman Begins, c'est fou. Et on ne le reconnait pratiquement jamais tout de suite) ainsi que la belle Kasya Smutniak (d'origine polonaise) qui délivre les scènes les plus belles et touchantes, semblant porter l'âme russe du film sur ses épaules.

Au final, un film plus qu'intéressant, recommandé, passionnant et assez prenant pour l'ambiance qu'il met en place, sans doute pas si éloignée de ce qui peut sans doute se tramer en Russie même si le film indique se baser sur des faits fictifs. Sans doute pour mieux se protéger et dénoncer en parallèle le quotidien des journalistes dans l'actuelle Russie.

 

- Disponible en DVD, Blu-ray, et bipack depuis le 18 février 2013. Distribué par BAC films.

- Découvrez d’autres films sur Cinetrafic dans des catégories aussi diverses et variées que film 2012 ainsi que film de guerre.

 

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Dans les bonus, BAC films nous délivre un chouette making-of fait maison lancé himself par un Gansel hilare qui se lave d'emblée les dents en pleine campagne allemande face caméra. Et cela fait rudement plaisir car le bonhomme, d'un naturel joyeux et communicatif nous décrit bien plus efficacement que le module "les dessous du tournage" avec une énergie et une bonne humeur constante, revenant avec bonheur sur toute la création du film à la première allemande... avant de finir épuisé dans son lit en smoking, coupant la caméra et nous disant au revoir ! Rien que ça me donne envie de voir ses autres films, j'aime ces modules pas prises de tête et où l'on sent la sincérité d'un travail effectué avec passion. "La fin alternative" introduit une note plus sombre et triste, comme si tout devait se finir abruptement. Une fin possible tout compte fait, aussi réaliste malheureusement que la fin du film. Enfin 3 bandes-annonces, dont celle de La vague. Pour l'anecdote, le réalisateur fait un caméo comique à la toute fin de son film !

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Commentaires
N
Décidément vous vous mettez de concert Jordan et toi. Une double raison donc de me jeter sur les films de Dennis Gansel, réalisateur à suivre. :D ;)
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B
J'ai bien aimé ce film, même si aussi parfait qu'il aurait fakku, mais dans l'ensemble prennant et la belle Kasya impressionne :) Oui les bonus sont riches et plus sympas que les habituels auto-congratulations merdiques.<br /> <br /> J'avais beaucoup aimé La vague et adoré Nous sommes la nuit. A voir aussi Girls and Sex drôle et sympa.
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N
J'achète très peu sur amazon, je pense que j'essaierais de trouver le film en occasion. ça doit forcément exister. :)<br /> <br /> <br /> <br /> Ou alors je t'emprunte les films héhé. ^^
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J
J'ajoute que j'ai également "Girls and Sex" son premier film. Il est sorti en DVD en 2003. Il faut que je fouille un peu dans mon étagère de DVD pour le retrouver et le visionner. Je ne l'ai pas encore fait !
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J
Bonsoir Anorya,<br /> <br /> <br /> <br /> Je vais être honnête avec toi et te confesser que je n'ai lu que très partiellement ta chronique, à vrai dire seulement l'introduction. Je veux me réserver la surprise. Et je vais commander le Blu-ray dès que possible.<br /> <br /> <br /> <br /> Je voulais surtout t'indiquer et te conseiller par la même occasion plus que vivement "Nous sommes la nuit". J'ai trouvé ce film génial, je trouve qu'il renouvelle le film de vampire, dans le sens où ce rôle est interprété par des femmes et que les femmes vampires au cinéma ne sont pas légion. Ca se passe dans un cadre électrisant au départ (l'introduction dans la boîte de nuit,) la suite est originale, j'avais intégralement adoré. Je suis heureux de voir que le réalisateur n'a pas traîné pour tourner de nouveau.<br /> <br /> <br /> <br /> Un petit mot sur "La Vague" : le film est loin d'être parfait, il y a pas mal de défauts, notamment pas mal de longueurs dans la deuxième partie après une introduction plutôt captivante, mais ça permet de compléter dans la filmographie d'un cinéaste allemand décidément à suivre et de découvrir les premiers pas de Jennifer Ulrich que l'on retrouve ensuite dans "Nous sommes la nuit".<br /> <br /> P.S : Le Blu-ray de Nous sommes la nuit est en promo en ce moment sur amazon, tout comme
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