NIFFF (3)
Tulpa (Federico Zampaglione - 2012).
Samedi 13 juillet
12h15 - I declare war (Jason Lapeyre, Robert Wilson - 2012).... Alors lui aussi, je ne l'ai pas vu. J'avais calculé mon coup pour dormir un peu et me lever tardivement samedi étant donné que le lendemain, je partais très tôt et j'anticipai de revenir dans un Paris du 14 juillet ultrachargé de monde. En fait il n'en fut rien. Par contre oui, j'étais bien crevé à mon retour le dimanche, ça c'est sûr.
14h45 - Night on the galactic railroad (Gisaburo Sugii - 1985). Deux petits chats montent dans un train spatial qui les emmène dans un voyage métaphysique à l'autre bout de la galaxie. Un de mes gros coups de coeur du festival assurément et certaines séquences semblent avoir marqué le père Miyazaki par la suite, en témoigne cette "gare" flottante au dessus d'un champ de maïs "plat" qui rappelle tout autant la gare immergée sur l'eau avec ses ombres dans Le voyage de Chihiro. Pas d'action ou très peu, mais une poésie de tous les instants, parfois absurde, parfois à pleurer car sous couvert d'un voyage vers l'ailleurs, c'est aussi bien le royaume des morts qu'on traverse et nos deux petits chats le découvriront plus ou moins implicitement et plus le film avance, plus l'émotion nous prend aux tripes avec trois fois rien. Sublime, magique, dépaysant, beau. Chef d'oeuvre de l'animation japonaise qui semble injustement oublié aujourd'hui, du moins dans notre pays. Car, adapté d'une célèbre nouvelle de Kenji Miyazawa en 1927, l'oeuvre a connu plusieurs délcinaisons au Japon. Apparemment une "suite" avec le même réalisateur, une autre nouvelle de Miyazawa et notre petit chat bleu est en cours. - 6/6.
17h30 - HK : Forbiden Hero (ou HK : Hentai Kamen - Yuichi Fukuda - 2013). Un étudiant devient un super justicier (pervers) une fois qu'il a revêtu une petite cullote de lycéenne sur la tête. Bon c'est du gros n'importe quoi tiré d'un manga à succès comme seuls les japonais peuvent le faire (imaginez Bertrand Tavernier faire un film comme ça, sa famille le place directement dans un asile). Je ne sais ce qu'il en est du manga qui doit être un peu plus grivois mais le film était lui tout public, soit donc une comédie potache familiale gentillette qui ne volera pas bien haut. En l'état je me suis un peu marré j'avoue mais je sais que le film ne plait pas forcément à tous du fait justement de tout son potentiel inexploité. Bah, ça se regarde... - 4/6.
20h - Byzantium (Neil Jordan - 2012). Une mère et sa fille, vampires, se font passer pour des soeurs afin d'utiliser les hommes pour survivre dans la société humaine. Jordan revenant au film de vampires bien après Entretien avec un vampire, une très bonne surprise. Ici, il livre une histoire atmosphérique peuplée d'une construction en flashbacks (tout comme Entretien pouvait l'être au gré des récits de Louis avec le journaliste) avec un casting doré. Saoirse Ronan et Gemma Arterton en femmes vampires d'un côté, le trop rare mais talentueux Sam Riley de l'autre sans oublier la figure étrange et fragile de Caleb Landry Jones pour un film à l'ambiance planante et un brin sulfureuse niché dans des décors anglais et irlandais qui apportent un certain charme. Dans les faits, on est très proche de son aîné : même filiation évidente dans ses vampires qui se cherchent et se créent une famille ou un compagnon afin de supporter l'éternité (si on pouvait voir en Lestat une figure paternelle ou de mentor, il en est presque de même pour Gemma en mère vampire qui récupère sa fille pour voyager avec elle) ainsi qu'une confrérie d'autres créatures de la nuit qu'on croisera (dans l'un avec Armand (Antonio Banderas), dans l'autre avec Sam Riley en initié et "gardien" proche de la confrérie qui n'accepte aucune femme vampire). Pourtant le film diffère sur les détails : Ici pour devenir un suceur de sang, ce n'est pas en étant formé par un autre mais en allant sur une île étrange voir un "ange" des ténèbres vivant en ermite, le "soucriant". Ainsi l'acte de boire le sang et par là, aspirer la vie, se dote d'une quête spirituelle amplement portée par l'éducation qu'à reçue Eleanor (Saoirse Ronan), un temps abandonnée dans un couvent, puis récupérée par Clara (Gemma Arterton) et le film montre bien comme Eleanor semble parfois regretter son passé avec les jeunes nonnes. Sublime. - 5,5/6.
23h30 - Rewind this (Josh Johnson - 2013). Byzantium était le gros film de clôture du festival (avec cérémonie de remise des prix -- EEGA en a eu, joie !) mais une petite oeuvre permettait de le prolonger encore un peu, en l'occurence avec ce documentaire sur la VHS qui aborde largement toute la culture que la cassette vidéo véhicula hier et véhicule encore aujourd'hui. Cela va des passionnés qui font toutes les brocantes afin d'en récupérer des spécifiques aux réalisateurs interviewés, en passant par le marché du direct-to-video, la concurrence avec la betamax lors du lancement du support, l'avis des vendeurs passionnés qui écoulent encore nos petites bandes magnétiques... Toujours passionnant d'un bout à l'autre, souvent drôle, voilà une parfaite conclusion instructive pour les cinéphiles. - 5/6.
===========
Voilà pour le mot de la fin d'un festival où si je ne suis pas arrivé au début mais en son milieu, je ne regrette absolument pas le voyage. Beaucoup de bonnes surprises, peu de déceptions, des gens chaleureux et très sympas, de jolies filles un peu partout (n'était-ce pas Godard qui disait que "les plus belles filles sont à Lausanne" ? Bon là, on était pas loin), un bonheur de tous les instants, assurément. Je retenterais bien volontiers l'expérience à nouveau !