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Chroniques visuelles
29 septembre 2013

Nio and his week of wonders (2)

 

Entre-temps, je dois préciser que j'ai participé aux premiers et derniers jours de l'étrange festival. L'étrange festival, c'est ce festival de film décalés et qu'on ne voit nulle part ailleurs généralement, dans le coin des Halles, justement au forum des halles. Chaque année il reste là pour une semaine et demi, toujours vers septembre, quand normalement, les premières feuilles viennent à tomber.

 

Letrange_festival_2013_affiche

L'affiche de ce nouveau crû.

 

J'étais content d'aller à L'étrange festival (surtout en charmante compagnie), puisque les années précédentes je le loupais inexorablement même si je m'arrangeais parfois pour aller à certaines séances (j'ai découvert l'intimiste et passionnant Moon de Duncan Jones --le fiston à Bowie-- lors d'une des précédentes éditions). Mais là, je pouvais commencer dès le samedi 7 septembre avec une poignée de court-métrages, sélectionnés par Albert Dupontel himself (et carte blanche oblige, le monsieur, très chaleureux, viendra nous présenter un peu ceux-ci) avant de faire la nuit "bad girls" (toujours avec ma visiteuse du nord). L'avantage du festival c'est qu'une bonne partie des films sont sous-titrés français ET anglais. Ainsi des gens ne comprenant pas forcément le français peuvent quand même trouver moyen de s'amuser à fond.

Dans les courts-métrages ce soir là, le toujours aussi culte et incroyable Star suburb que je me revoyais avec d'autant plus de plaisir qu'il n'existe pas sur DVD. Une curiosité poétique française de science-fiction qui rivalise sans problème avec pas mal de long-métrages. Dupontel nous apprit que le regretté Drouot avait tout crée.... dans sa cuisine. C'est autant plus incroyable d'apprendre ça sur le coup que lors du visionnage, on ne remarque rien, c'est génialement bien fait.

Puis Le dentiste, de 1932 avec un W.C. Fields ronchonnant. Court sympathique mais détrônné juste après par une perle incroyable de délire et d'absurdité, The mystery of the leaping fish, datant de 1916. Au scénario, Tod Browning (oui, oui celui de Freaks) et à l'écran, Douglas Fairbanks dans le rôle d'un détective qui sniffe de la drogue toutes les cinq minutes. Pire, ça lui permet de résoudre toutes les énigmes qui se posent à lui, il faut le voir pour le croire. D'ailleurs on peut trouver tout le court sur youtube et je ne résiste pas au plaisir de vous balancer ça si vous avez un peu de temps !

 

 

 

Et la nuit Bad girls ? Allright.

Cela commença comme David Vincent dans une étrange nuit sauf qu'avec mon amie, nous savions exactement où nous allions. Il n'empêche que le premier film était un formidable nanar de mauvais goût génialement assumé (ça n'en était que meilleur --pour peu que vous soyiez un brin déviant), présenté juste avant par le producteur et son actrice principale... entièrement harnachée de cuir rouge, tenue sado-maso, comme dans le film où elle joue un cyborg, 009-1 - the end of the beginning. A ce stade je ne vois qu'Aeon Flux (série animée --faudrait que je remette ma chronique à jour moi, tiens, pas film, quoique ce dernier n'était pas désagréable) pour atteindre un tel niveau. Le film à le (bon ?) goût de multiplier toutes les incohérences possibles et twists supposément incroyables dans un budget qu'on devine assez limités côté sfx (les explosions semblent sortir d'un jeu playstation de la fin des 90's, c'est rigolo) à tel point qu'au bout de trente minutes, le cerveau semble aller prendre des saucisses et du guacamol (non du boursin ail et fines herbes, ou du houmous, oui c'est bon le houmous) ainsi qu'un grand verre de boisson fraîche et s'installer complètement tous neurones débranchés. Faut dire que c'est grandiose à ce stade. Spiders à côté c'est une production soignée hein. gneee

 

009_1_The_End_of_the_Beginning_Trailer__1019x1024

Je vais spoiler un peu vu que ça ne changera absolument rien pour vous si vous voyez le film (normalement j'aime pas spoiler mais là, dans les 21554 péripéties du film, ça gêne pas). Bon alors dans ses seins, il y a des mitraillettes amovibles. Voilà. On se demande comment elle arrive à passer les détecteurs à l'aéroport. Et sinon elle couche avec son frère mais ça va y'a pas d'inceste, il était pas contre et ça lui a fait du bien. Ah tiens, je sens des ligues de vertu revenir ici. Bon je me tais.

 

Puis A gun for Jennifer vient. Incroyable révélation de la soirée, ce film de 1996 de Todd Morris narre comment une jeune femme fraîchement débarquée à New York est prise dans un gang de filles qui veulent en remontrer aux mecs. La tagline de l'affiche donne tout le ton : "Dead men don't rape" et de fait c'est bien à un film féministe extrême et anarchiste que nous avons affaire. Et si le manque de budget et la mise en scène banale de Morris témoignent bien d'un film indé difficilement réalisé, on ne peut qu'être soufflé par la sincérité du film qui, porté par une bande son rock virulente, se permet d'aller plus loin que le simple discours banal que certaines féministes proclament, à savoir que l'homme est mauvais, tout bonnement. Car chacun des personnages peut à la fois se voir comme un personnage féminin qui a ses raisons et comme une différente faction féministe à la fois où Jennifer, tout comme l'inspectrice sont les mêmes revers d'une pièce arbitre. L'actrice principale porte le projet sur ses épaules, productrice et scénariste à la fois avec une belle énergie.

 

Boulevard des chattes sauvages de 1970 est une curiosité étrange. D'abord parce que le film a le mérite de montrer les rares gangs de filles existant alors au Japon, certes sous une forme de fiction mais tout de même. Ensuite parce que la fabuleuse et très iconisée Meiko Kaji y promène sa silhouette longiligne dans une ambiance vaporeuse et une photographie aux couleurs chatoyantes. Dommage toutefois que malgré son propos audacieux (les violences faites aux immigrés et métis croisés d'unions entre japonais/es et occidentaux/ales et aborde donc le racisme nippon envers les étrangers --plus important qu'on le croit), le film se révèle manquer de rythme et accuse plusieurs coups de mous. D'autant plus que la fin, noire, se révèle vite décevante car trop facilement reprérée par le spectateur. Bon, la programmation du film vers les 4h du matin, ça aide pas trop non plus. J'ai un peu piqué du nez face à la molesse de plusieurs situations malgré un bon sentiment au final. A retenter donc.

 

meiko_kaji__1_

Meiko Kaji dans les 70's, c'était ça. Une ombre fuyante mais femme dure et juste, à l'esthétique taillée dans le noir.

 

Enfin la nuit bad girls se finissait avec Caged heat, aka 5 femmes à abattre de Jonathan Demme dont c'était, en 1974, le premier film au sein de l'écurie Corman. Un film qui s'en tire honorablement, partagé entre la série B typique des films de femmes en prison et un style documentaire déjà à l'oeuvre, ponctué toutefois de quelques passages oniriques témoignant d'un possible espoir pour ces jeunes femmes en prison. Des passages de rêves où le directeur photo manipule en fait la couleur tandis que Demme peaufine ses cadrages. Simple mais ingénieux. On notera un caméo de Barbara Steele et des anecdotes cochonnes à foison qui en font un film sympathique à défaut de retenir une oeuvre essentielle du cinéaste important que Demme deviendra plus tard.

 

Au terme de cette nuit blanche comme à chaque fois, je suis un peu dans le pâté et mon amie n'en mène pas large. On rentre à la maison, histoire de se reposer 3,4 heures de sommeil à défaut de mieux car le lendemain dimanche, nous voilà repartis pour deux curiosités appréciables, Man from the future ainsi que The rambler. Le second est un de mes films préférés de cette année, j'en ai un peu parlé ici, je ne sais si ça vaut le coup d'y revenir pour l'instant. Le premier est une sympathique comédie de SF digne d'un épisode de The twilight zone ou Au délà du réel. D'ailleurs ça aurait pu être plus court mais 1h30 c'est pas la mort. C'est même assez bien fait car il est toujours difficile de faire un film traitant des voyages dans le temps (avec tous les problèmes de paradoxe dont on doit tenir compte) sans trop s'étaler plus que de raison. Ici, on peut critiquer l'alliance comédie teen avec l'aspect SF mais ce serait oublier la nature et la volonté divertissante du film qui ne se prend pas toujours au sérieux. Une bonne surprise.

 

Après ça s'ouvrait une semaine fort chargée, je ne revenais en fin de festival que pour voir Les dépravés de Philippe Bassarat, peu après avoir raccompagné mon amie à l'aéroport, le coeur un peu chargé. Filmé en noir et blanc, on sent un manque de moyen qui n'endommage pas le capital sympathie et la sincérité du film, à l'instar de A gun for Jennifer. Malheureusement ce ne sont pas les bonnes intentions qui font tout un film. Et si le fait de vouloir traiter tous les handicapés sur un pied d'égalité avec les gens dits plus "normaux" en abordant un sujet encore tabou (les relations sexuelles que ces derniers peuvent avoir ou non) dans notre société parfois trop renfermée est bien vu, le film se vautre totalement dans sa seconde partie. Là où dans la première une mélancolie palpable et presque touchante était à l'oeuvre (et pas que parce qu'on entend du Erik Satie même si l'utilisation de sa musique tourne au cliché de nos jours --et je le déplore car Erik Satie ça a été un de mes gros chocs en musique classique plus jeune), la seconde part du constat de vengeance de ces mêmes handicapés envers le garçon qui accepte d'avoir des relations sexuelles avec eux en finissant par se prostituer. J'ai trouvé ça rabaissant et stupide d'une part car ça rabaissait non seulement le personnage volontairement mais aussi l'image de la prostitution qu'elle soit volontaire ou non (sur ce dernier point, lire l'article vraiment très bien écrit sur Popkotidien).

Ensuite parce que le coup de la vengeance envers quelqu'un de différent, selon la manière dont c'est traité, c'est éculé ou non. Ici pour moi, ça l'était parce qu'on imagine très bien que les personnages (qui sont de vrais handicapés et non des acteurs justement, je salue le réal pour ça) ont vraiment soufferts mais qu'aussi ils ont eu le temps de s'habituer à leur condition et au regard des autres. C'est une vengeance caduque et inutile car elle se déploie justement sur l'unique personne qui se soucie d'eux. Le film se fini comme ça en demi-teinte, incapable de choisir d'ailleurs une vraie fin (c'est même pas une fin ouverte qui donnerait à réfléchir non, non). Et l'empathie qu'on pouvait avoir pour certains personnages au début s'envole totalement à la fin, malgré un humour parfois très noir bienvenu. Dommage. Surtout que le film s'est fait devancer par d'autres oeuvres quasi-parfaites, elles, comme Freaks. Et plus récemment, Scarlet road et Hasta la vista, irréprochables pour le coup et bien plus humains surtout.

 

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P
Donc si j'ai bien suivi, l’Étrange Festival porte bien son nom. J'ai adoré le plan guacamole/boursin/houmus :D
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