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Chroniques visuelles
21 juillet 2014

Julie est amoureuse (1997)

 

julie_est_amoureuse

 

 

L'été en Dordogne. Entre amours contrariées et comédie, une troupe de théâtre amateur au travail trouble les vacances d'un grand acteur et de sa femme...

 

Entre le théâtre et la vraie vie, la frontière est si poreuse et chacun peut très bien tomber facilement dans les filets de l'amour. Tel semble être résumé le propos de ce joli film où s'amoncèlent diverses petites intrigues et marivaudages non sans une certaine tendresse et beaucoup d'humour pour les personnages. Vincent Dietschy choisit de faire un film plus naturaliste que romantique, porté par la musique de Vivaldi et une écriture des personnages subtile où "chacun sur cette terre pourrait avoir ses raisons". La paraphrase de Renoir ici semble aussi évidente au vu du film que pour son auteur qui n'hésite pas d'ailleurs avouer avoir déjà vu 44 fois Le carosse d'or (dixit la très complète et intéressante entrevue dans le livret du DVD édité par Shellac depuis le 4 février) ! Pas étonnant du coup que ce soit le réal lui même qui, pour l'anecdote, évoque le cinéma de Renoir dans un hors-série récent des Inrocks sur "les 100 meilleurs films français". Enfin avec leur objectivité coutumière (même si j'admets avoir été surpris positivement).

 

J'avais été attiré en premier lieu par la très belle couverture soignée de cette édition DVD qui, avec le recul, reflète bien les rapports entres comédiens, étoiles au firmament, mais souvent reliées entres elles par des liens inédits et mystérieux. Sans compter la figure de Julie (Marie Vialle, très bien) à côté desquelles ces étoiles gravitent. Une Julie pensive au recto du DVD mais plus souriante, au verso, dévoilant presque la magie et la grâce de la scène finale. De quoi parle Julie est amoureuse ? C'est un film de comédie bien sûr, mais comédie raffinée. C'est un drame léger qui ausculte à la fois la vie de couple, les rapports entre acteurs et la relation entre la vraie vie et la scène. Un vaudeville moderne en somme.

 

julie1

 

Comme l'explique le réalisateur dans le livret (belle édition DVD mais je me répète), le tournage fut compliqué. Les techniciens, plus âgés et plus habitués à un certains confort de vie, se levaient tard et considéraient ne pas toucher beaucoup d'argent, un comble sur un premier film en partie financé grâce à un mécène... aux opinions "très à droite" comme le découvrira le réalisateur médusé au cours d'un dîner pour "fêter l'investissement". L'idée même du scénario provient, elle, de trois sources différentes : l'envie d'écrire pour la jeune Marie Vialle en premier lieu. Puis l'anecdote réelle d'un prof de théâtre et de sa troupe dans le sud-ouest qui mélangeait privé et public avec les problèmes et quiproquos que cela pouvait entraîner (un thème développé avec le personnage impulsif mais truculent de Bart joué par Aladin Reibel). Enfin un texte inédit de Brecht où un clown prend sous sa protection une troupe venant de l'Est après la seconde guerre mondiale. La femme du dit clown, un brin naïve et stupide tombe amoureuse d'un gars de la troupe. Le clown, d'abord bienveillant deviendra ensuite fort jaloux et cherchera à éliminer son rival. Ce qu'on peut voir transposé à travers l'opposition grandissante entre Bart et Michaël (François Chattot).

 

Comme le titre l'indique, on suit Julie et son sentiment amoureux à travers sa vie de couple mais aussi sa relation au théâtre où, de débutante pour un remplacement, elle deviendra alors une comédienne grandissante puis confirmée lors de la représentation de Roméo et Juliette pour un petit village. C'est donc un film sur l'amour, ou des "preuves d'amour" souvent visibles à travers plein de petits signes en coulisses, sur scène ou dans la vie des acteurs, voire à travers "des formes plus inattendues que l'amour romantique d'une jeune fille, comme semble pourtant le suggérer à priori le titre" (Dietschy via le dossier de presse). D'où une forme classique mais avec quelques plan-séquences imperceptibles qui font durer les scènes et des musiques de Vivaldi en leitmotiv. Il y a d'autres films français ici qui iront sans doute toujours plus loin mais reconnaissons qu'ils n'auront sans doute pas tous la fraîcheur de Julie est amoureuse qui maintient d'une fort belle manière l'intérêt de son spectateur durant près de 2h qu'on ne voit pas filer. Un beau film.

Et sinon un mot sur Anne Le Ny qui fournit ici un personnage de femme en apparence naïve mais fort généreux et chaleureux et plus complexe qu'on le croît. Elle m'a épaté car c'est le genre de rôle pas si facile qu'on le pense et aussi, m'a donné envie de voir d'autres films avec elle. Si ça se trouve je l'avais déjà vu ailleurs sans y prendre garde à l'époque...

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Commentaires
B
oui l'édition est très belle, je confirme, mais je t'avouerai que j'ai pas trouvé le temps d'aller voir du coté des bonus, j'ai lu juste une ou deux itws du réal sur internet...quant à anne le ny, je la connais pas mal du tout j'ai vu énormément de films dans lequel elle joue donc sa prestation ne m'a pas surpris...j'ai été plus épaté par aladin reidel, le professeur de francais de seconde B une de mes séries cultes d'adolescence, et qui avait trouvé là son premier et hélas dernier vrai role de cinéma!! je trouve qu'il a un peu la voix et le meme jeu que Michel Blanc, dommage que le 7ème art n'a pas réussi à lui proposer autre chose...
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P
Clap ! Clap ! Clap ! Trèèèèès belle chronique Nio :D Ouh là là, tu donnes envie de le voir ce film !
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