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Chroniques visuelles
24 décembre 2015

Blind

 

blind

 

Sorti en DVD le 13 octobre chez KMBO.

 

Ingrid vient de perdre la vue. Elle quitte rarement son appartement mais se rappelle encore à quoi ressemble l’extérieur. Les images qui étaient autrefois si claires se remplacent lentement par des visions plus obscures. Elle soupçonne son mari Morten de mentir quand il dit aller travailler. Est-il dans l’appartement avec elle à se cacher et l’observer en silence ? Ecrit-il à son amante quand il prétend envoyer des emails à ses collègues ?

 

Le film m'intriguait depuis un moment. Cette affiche, forcément (Mon blog est à nouveau en manque de fesses, c'est terrible, hein ?). Et le titre, qu'on ne peut difficilement ignorer. Ma curiosité a été servie et de fort belle manière (et pas que parce qu'on voit du postérieur, je vous vois venir là) : Blind est un des films les plus fascinants et complexes de l'année, parfois aussi radical que facile d'accès, jouant avec délices sur plusieurs tableaux et ce, grâce à la grammaire cinématographique dont Eksil Vogt, excellent scénariste et d'ailleurs ancien élève de la Femis (dans l'interview en bonus, on s'aperçoit même que le norvégien parle assez bien français), utilise avec une facilité déconcertante quand il s'agit de passer à la réalisation de ce qui est son premier long-métrage.

 

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On commence par une scène bien croustillante pour vous happer, tiens.

 

Au delà du film explorant basiquement la cécité, Vogt nous délivre directement une étude complexe du désir féminin, entre passages purement mentaux (la scène où deux personnages discutent à une table puis sans trop de transitions, poursuivent leur discussion dans le bus sans qu'on ne les ai vus une seule fois monter dedans est bluffante et inattendue) et dure réalité sans qu'on ne s'apesantisse de trop sur la situation d'Ingrid (jouée magistralement par Ellen Dorrit Petersen). A peine une situation soulignant ses difficultés liées à son nouveau statut (un bol de raviolis tombé par inavertence sur le sol et nettoyé du mieux qu'il soit possible) mais jamais un quelconque jugement sur le personnage, ce qui est déjà une belle gageure.

 

Au contraire, depuis qu'elle a perdu la vue depuis peu, Ingrid a aiguisé ses autres sens mais s'est aussi aiguisée elle-même, entre repli lié aux souvenirs du monde extérieur et faculté d'utiliser tout ça pour vivre sa nouvelle vie, quitte à nous perdre aux limites de la folie (Ingrid ne veut même plus sortir, préférant écrire un roman via l'ordinateur --et un logiciel qui doit réciter le texte écrit en direct on le comprend-- que prendre le moindre risque). Elle s'interroge du coup face à ce mari avec qui elle communique moins. Est-ce qu'il veut encore d'elle ? Est-ce qu'il ne la considère pas dorénavant comme un obstacle ? Entre ce qu'Ingrid s'imagine et la réalité, aucun moyen de faire le point dans un premier temps puisque nous sommes immergés directement avec elle, frontières brouillées entre le ressenti, l'imaginé et la réalité.

 

A des plans où Ingrid croit ressentir la présence de son mari, la mise en scène de Vogt ne nous certifie jamais rien. Gros plan sur le visage de la femme mais en fond, tout est flou, pas de mise au point. Alors Ingrid se lève, va vers les disques vinyles, effleure de son doigt les objets, reconfigure mentalement la pièce. Son mari est-il bien là ? Ce siège n'était-il pas vide l'espace d'un instant ? Comment a t-il alors pu arriver sans faire le moindre bruit sur un plancher de bois pourtant sujet à de multiples craquements ? Le montage nous égare volontairement et délicieusement.

 

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Tout le film part dans de multiples chausse-trappes, multiplie les personnages (pour justement mieux nous perdre) et couches que le spectateur ne comprend de fait qu'à la moitié ou au deux tiers du film. C'est absolument brillant, et régulièrement à mi-chemin du fantastique. C'est aussi très crû (le film est interdit aux moins de 12 ans, pas pour rien) mais jamais gratuit ou glauque.

Difficile donc de trop en dévoiler si ce n'est qu'on est en présence d'un des films les plus fascinants de l'année, un challenger donc de dernière minute qui intervient dans ma sélection à venir, merci le rattrapage de l'opération DVDtrafic de Cinetrafic !

 

Cinetrafic qui conseille des listes de films selon vos envies :

http://www.cinetrafic.fr/film-2016

http://www.cinetrafic.fr/sortie-cinema

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Commentaires
P
« Ma curiosité a été servie et de fort belle manière (et pas que parce qu'on voit du postérieur, je vous vois venir là) » et juste après il met des photos d'une femme qui se masturbe :D Trop fort le Nio :))<br /> <br /> <br /> <br /> Ton billet met l'eau à la bouche non seulement parce qu'on voit des fesses mais aussi parce que l'histoire a l'air bien étrange. Je note le titre parce que j'ai complètement zappé la sortie de ce film en salles :o
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