Pardon pour ce titre débile qui ne fera rire que moi.

 

Une fois n'est pas coutume je vais jouer un peu avec les règles établies. Je vais proposer deux chroniques ici qui ont deux points communs.

  • Ce sont toutes deux des adaptations d'oeuvres littéraires (et des bonnes, qui plus est).
  • Elles sont rédigées dans le cadre du ciné-club de Potzina. L'une en retard, l'autre en essant de ne pas l'être trop (huhu).

 

========

 

H2G2

Cette tagline de ouf, quoi.

 

Quand Potzina a proposé au dernier Ciné-club en date, le thème "perdus dans l'espace", je jubilais. Il y avais tellement de thèmes sur ça dans la SF sans que ce ne soit précisément le sujet principal du film d'ailleurs. J'avais deux trois films en tête, des classiques bien sûr. Et puis sans trop savoir pourquoi, je m'en suis dégagé. Sans doute la morosité d'un premier mois de l'année assez déprimant (encore qu'avec février, c'est pas fini). Et j'ai finalement atterri sur ce que je considère comme mes "petits films chouettes" (pas forcément cultes à chaque fois mais possédant un capital sympathie indéniable).

 

Et l'adaptation en film (sous la houlette de Disney qui a dû être largué une fois de plus comme à chaque fois qu'un projet ambitieux et décalé se présente à leur porte --qu'on se rappelle le flop injuste de l'excellent John Carter, lui aussi adaptation, et pas des moindres, du premier tome de la saga John Carter from Mars du grand Edgar Rice Burrough... Plus connu toutefois dans nos contrées pour Tarzan ou Conan, eh oui) de ce classique de la SF absurdement drôle d'un humour si british (qui n'est autre que l'adaptation livre par son propre créateur, Douglas Adams, du roman radiophonique diffusé à la BBC en 1978. Mises en abîmes, quand tu nous tiens) est non seulement un petit film bien chouette (tous les gags ne font pas forcément mouche ou leur passage de l'écrit à l'écran toutefois) mais aussi une oeuvre plus que fidèle au roman d'Adams.

 

Difficile de résumer brièvement H2G2 quand tout y est fou de bout en bout. On y croisera un humain si anglais avec sa serviette (Martin Freeman, impeccable, comme toujours. Mais tout le casting est aux petits oignons et se fait rudement plaisir hein. Entre un Rockwell qui cabotine, un Malkovich glaçant, une Deschanel craquante, un Mos Def flegmatique et puis des seconds rôles comme Bill Nighty, Warwick Davis ou Jason Schwartzman), un président alien en fuite, un auto-stoppeur au nom de bagnole, un robot depressif qui n'a rien à envier au Droopy de Tex Avery... dans un film où toute une bande de paumés donc, errent, perdus dans l'espace, en suivant plus ou moins les conseils d'un guide destinés aux voyageurs galactiques (et propre à toutes les trouvailles les plus bizarres), sur fond de quête du sens de la vie. Si vous accrochez au culte générique d'ouverture à base de dauphins chanteurs, ce film est pour vous. Sinon, rien ne vous empêche de lire les livres aussi, les deux premiers des 5 tomes (chez Folio-SF) sont de haut niveau, après ça patine un peu dans la semoule mais ça reste correct.

 

 

 

========

orphelins

 

Cette fois pour le ciné-club de février, sur le thème des enfants, je savais précisément de quoi je parlerais ! Les désastreuses aventures des orphelins Baudelaire est donc là aussi une adaptation, cette fois non pas d'un tome bien précis de la série littéraire de Lemony Snicket (pseudonyme de Daniel Handler en fait) qui compte précisément 13 tomes et n'aura pas de suite (contrairement à un nouveau Harry Potter qui semble annoncé, oui, oui. Ici donc, vous l'aurez compris, le chiffre 13 à son importance, ne serait-ce que pour le souffre de superstition qui s'y attache et va bien avec le ton d'humour noir de toute cette série littéraire) mais des trois premiers tomes, en rabibochant ça et là pour que tout tienne.

 

Et de fait le film est une oeuvre délicieuse pouvant se voir en parallèle des livres tout comme à part. On pourrait dire que Jim Carrey en comte Olaf poursuivant sans cesse les enfants pour leur arracher l'héritage qui leur serait dû, pourrait être le vrai héros du film, enfin l'anti-héros, vampirisant de ses déguisements (assez réussis d'ailleurs), ses grimaces et simagrées (un peu comme Sam Rockwell au film précédent, tiens. Hop, un troisième point commun surprise !) tout le long-métrage. Ce n'est pas tout à fait faux en effet, mais ce serait oublier les enfants justement, captivants quand ils ne sont pas trognons (la gamine en bas-âge, sorte de Maggie Simpsons version live). Les deux plus âgés ont d'ailleurs confirmés leurs talents d'acteurs avec des carrières plus (Emily Browning qui ensuite continué dans des choix assez audacieux et décalés --décriés ?) ou moins (Liam Aiken) réussies par la suite. Et là aussi comme le précédent film, quelques guests fort sympathiques viennent s'amuser en seconds rôles savoureux. Citons Jude Law en narrateur mystérieux (on ne voit que son ombre quand ce n'est pas sa voix), Meryl Streep, Timothy Spall, Billy Connolly et un mini caméo de Dustin Hoffman.

 

Et en plus des acteurs, l'équipe technique est aussi là pour assurer un petit bijou visuel. Je me souviens du procès fait trop rapidement et injustement à ce film à sa sortie (je le sais hélas pour avoir fait partie moi aussi des loups. Mais le temps et les révisions m'ont permis d'être bien plus bienveillant ensuite avec le film que j'aime beaucoup depuis) quand certains disaient que cela pompait servilement Tim Burton. Mais Tim Burton n'a pas le monopole du gothique et cela me semble lui faire injure de le rattacher de force justement à ce mouvement alors qu'il a prouvé (et les fans vous le confirmeront mieux que moi) qu'il avait sa propre patte développée justement dans les racines du gothique (pas pour rien que le bonhomme a livré des hommages divers à la Hammer --coucou Vincent Price) mais avec ses propres obsessions, tant visuelles que thématiques. Alors arrêtons ces faux procès, vous passez sans doute à côté d'une bonne soirée avec vos mômes (ou sans) devant ce film et moi je perds mon temps à défendre encore un petit film alors que je pourrais faire tellement d'autres choses à côté.

 

On ne peux nier toutefois que ça ressemble un peu à l'univers Burtonien bien sûr (et pour cause juste en dessous) mais le propos est tout autre (on se base sur la vision d'un auteur de série pour enfant qui a prévu toute une série de péripéties et des personnages assez bien croqués) et même si Helena Bonham Carter est visible ultra-brièvement (non créditée d'ailleurs mais imdb a relevé le truc, héhé) et qu'un des chefs décorateur à travaillé chez Burton (oui, oui, sur Mars Attacks et Sleepy Hollow), le jeu des comparaisons s'arrête là. Ici on est dans du conte, du conte ironique et un brin vicieux certes, mais un conte toutefois (qui laisse la porte à de possibles suites qui, comme H2G2 n'arriveront jamais). Et un conte mis en musique par Thomas Newman (excusez du peu) et à la photographie signée Emmanuel Lubezki (Les fils de l'homme, The revenant, Gravity, The new world, Tree of life.... Excusez du peu bis). Donc un petit bijou pour petits et grands qui, s'il n'égale pas les romans, est toutefois un bon film pour toute la famille qu'on devrait réhabiliter tout autant que H2G2 !