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Chroniques visuelles
6 mars 2016

Keith Jarrett - The sun bear concerts

 

keith_jarrett_the_sun_bear_concerts

 

Comme vous le savez probablement, j'adore Keith Jarrett (j'en parle ici ou ). J'adore aussi le piano. Or Keith Jarrett joue de cet instrument et il en joue d'une manière divine (pour peu que les longues plages de piano ne vous fassent pas peur), voire parfois des plus ahurissantes. Son jeu moderne reprend à la fois aussi bien à la culture folk que classique, contemporaine comme jazz, blues voire pop. Dans les bacs de musique, il est souvent catalogué au rayon jazz, mais le réduire à ce genre musical est un peu trop restrictif quand on connaît sa longue et riche carrière.

 

Et dans cette carrière, il y a un sommet, un graal (A graaaaaaaal ? © Les Monty Pythons), d'une certaine manière l'apogée de ces 70's magiques où, si l'on aime le travail du pianiste, presque tout s'avère indispensable. Il s'agit des Sun bear concerts, une série de concerts effectués au pays du soleil levant, où, Keith, invité à jouer du 5 au 18 novembre 1976 sur 5 dates, 5 villes où le musicien renouvelle constamment son langage avec une richesse qui laisse pantois. Car ici on est dans l'improvision la plus totale et tout reste pourtant mélodique de fond en comble.

 

Certes, on est en terrain connu, c'est ici le Jarrett du cultissime Köln Concert qui est à l'oeuvre. Comprendre, le pianiste qui laisse ressortir toute sa verve lyrique en de longs développements fluides. Sauf qu'ici, on passe la vitesse supérieure, on s'achemine même parfois vers les frontières du free et quelques passages écoutés d'une oreille inattentive ou non aiguisée pourraient dès lors facilement s'y perdre. Car Jarrett choisit de volontairement brouiller les pistes, s'y perdre et s'y plonger pour mieux y perdre l'auditeur puis y émerger pour y renaître, et l'auditeur avec lui. Un tour de force qui se comprend dès l'enchaînement des morceaux, monolithes compacts, bruts, pas aussi taillés que le concert de Cologne, donc probablement un peu plus dur d'accès.

 

Le Köln Concert était découpé en 4 plages plus ou moins longues qui obéissaient à une structure interne à la fois purement intimiste et romantique (part I, la plus connue et réutilisée de fort belle manière par des cinéastes aussi différents que Nanni Moretti ou Nicolas Roeg) quand elle n'était pas chaotique et éclatée (Part II - A) ou prise d'un mouvement épique et presque convulsif (part II - B, ma préférée) où l'enchaînement de note laisse apparaître presque un paysage musical chez l'auditeur.

 

Ici, les choses se compliquent. 5 dates donc 5 disques (logique, un disque = une ville donc un concert), plus un 6ème en bonus regroupant quelques rappels (dont le très beau rappel de Tokyo devenu avec le temps un petit classique, voir plus bas). Sur chacun des disques, juste 2 parties. De 30 minutes environ à chaque fois. Qui auraient pu être sous-découpées tellement l'ami Keith saute presque d'une idée ou d'un développement à chaque fois avec une maestria et une soif d'en découdre qui laissent exsangue (on peut difficilement écouter les 6 disques à la suite d'ailleurs. Piccorer d'un disque à un autre sur plusieurs période est dès lors plus que recommandé).

 

Une part I qui, souvent, reste dans des tonalités proche du Köln Concert, une part II qui s'aventure dans des terres plus cérébrales quand elles ne basculent pas dans l'expérimental ou la musique contemporaine (un passage inattendu dans la part II de Nagoya joue sur l'écho de notes jouées très minimalistes d'une main tandis que l'autre main rebondit en lançant d'autres notes comme des ponts d'une manière plus forte mais sans aboutir --comme si le travail de la mélodie était voué à être remis constamment en doute--, le rythme étant ici donné par les notes très minimalistes qui en fait jouent presque du silence. Cela pourrait être laborieux comme peut l'être par instant le Concerts Bregenz / München, il n'en est rien). Et le plus fort c'est que d'une ville à une autre, chaque thème est différent et à part, laissant augurer pour les fans du pianiste, des pièces de choix personnelles suivant les sensibilités de chacun. Pour ma part, je ne me lasse pas des part I de Kyoto et Nagoya que je réécoute plus fréquemment que les autres, sans négliger non plus ces derniers.

 

Que dire de plus ? Après une telle somme, on peut tout arrêter d'acheter des disques, se mettre en hibernation, s'isoler sur une autre planète, disparaître...

 

 Trackliste :

  • CD 1 - Kyoto, 5 novembre 1976, part I et II
  • CD 2 - Osaka, 8 novembre 1976, part I et II
  • CD 3 - Nagoya, 12 septembre 1976, part I et II
  • CD 4 - Tokyo, 14 novembre 1976, part I et II
  • CD 5 - Sapporo, 18 novembre 1976, part I et II
  • CD 6 - Rappels : Sapporo / Tokyo / Nagoya

 

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Commentaires
L
Le sommet, un Graal, ce Köln Concert. Tout comme cette série au Sun Bear. Et le Bregenz / München. J'adore et j'adorerai encore :)<br /> <br /> Mais par contre, je reconnais aussi que ses dernières productions en solo, n'ont plus ce même attrait pour moi. Presque chiant, même. Bon ok pas tout à fait. Mais c'est plus la même époque et je ne reçois plus la même émotion. Est-ce moi qui ai changé ? Peut-être aussi. Mais je ressors souvent le Köln ou le Bregenz moins son Carnegie Hall ou son Rio...
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