A nouveau comme la dernière fois, je me suis plongé dans des oeuvres bizarres, dérangées, complexes, candides... Humaines.

 

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Boogiepop Phantom (2000 au japon. Apparue chez nous peu après).

 

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Une lumière perce le ciel et le monde pleure. Dans la ville, la mort chasse encore. Quand Saotome, l'ex-petit ami d'un des amis de Moto disparaît mystérieusement, les murmures de Boogiepop commencent à circuler... Il fait nuit. Soudain, un gémissement et un cri transperce les ténèbres. Un rouleau de lumière déchire le ciel du toit d'une école. Puis du sang sur un mur, des bris de glace... Plusieurs étudiants ont disparu dans les environs de leur collège. Le mystère de leur disparition est total, et des rumeurs se répandent sur l'existence d'une mystérieuse organisation menée par Boogie Pop, le dieu de la mort.

 

N'importe qui qui a adoré Lain (hum, "adorer" est un terme encore trop fort. On dira, qui s'est laissé porter et a plus ou moins apprécié l'expérience) souhaitera dès lors prolonger l'expérience en se perdant dans les méandres de Boogiepop Phantom, plus labyrinthique, plus sombre encore mais parfois trop à lever plusieurs lièvres à la fois et disposera donc d'un impact moindre au visionnage que sa consoeur même si je ne renie en rien sa qualité. Tout comme Lain, BP fait partie de cette vague de séries animées de la fin des 90's, début 2000 qui choisit d'aborder des questionnements plus profonds, quitte à bousculer volontairement son public. Evangelion avait ouvert une brèche, certains s'y sont aventurés.

 

J'avais évoqué la présence de Lynch chez Lain, elle ne faiblit nullement ici mais il faudra en plus composer avec des temporalités différentes (entre le présent et des évènements s'y étant déroulés plusieurs mois voire années avant), une esthétique noyée de couleurs délavées (et d'un halo sombre qui entoure le cadre de l'écran, comme si un personnage-narrateur nous donnait à voir ses propres souvenirs eux-mêmes un peu flou de toute l'affaire), un travail aussi perfectionniste que Lain sur le son et la musique et un récit complètement fragmenté où chaque épisode traite d'un personnage en laissant volontairement de côté le ou les héros ! Ceux-ci n'interviennent qu'en fond ou dans une scène déconnectée plus ou moins de ce que comprend le personnage principal de l'épisode et c'est au spectateur --n'ayant le plus souvent lu aucun des romans dont la série est adaptée ! Et pour cause, rien n'est traduit chez nous (sic) -- de faire le lien de mémoire avec tout ce qu'il a vu et compris. Prévoyez un carnet pour prendre des notes comme pour certains jeux vidéos qui vous donnent du fil à retordre dans les énigmes (coucou la saga MYST), parce que là, tout se pose volontairement en énigme. 

 

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Nagi Kirima - probablement l'un des personnages clés pour tout relier le fil rouge de cette bien étrange histoire en 12 épisodes.

 

 

Cela dit, comme pour Lain où un épisode donnait une bonne partie des clés (le 9, Protocol), Boogiepop Phantom dispose à deux reprises d'épisodes clés qui permettent au spectateur de souffler. C'est le Interlude en 5è épisode, génial où un policier non-humain n'hésite pas à se confier à son collègue de plus en plus horrifié avant de lui effacer la mémoire. Et qu'on comprenne que ce n'est pas la première fois. Naturellement chacune des confessions du faux-flic (échappé d'un Stephen King ? Ceux qui ont lu Minuit 2 et Minuit 4 comprendront mon clin d'oeil) est en fait vraie et révèle chacune des horreurs de la réalité lié au monde de Boogiepop Phantom où une Aurore boréale stagne dans le ciel du coup d'une trop forte et anormale concentration de champs magnétiques. C'est l'avant dernier épisode consacré à Manaka, la petite fille qui fait jaillir d'étonnants papillons de lumière de ses mains durant toute la série, probablement le personnage le plus important en fait de l'histoire, qui agit comme une sorte de déclic chez tous les autres. A côté de cet épisode, le final sera en couleur réelles, trop irréaliste après ces tons délavés auquel on a dû pourtant difficilement s'habituer !

 

 

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Oh et euh, la série est un brin gore. Elle en fait même parfois trop là où Lain restait plus ambigü (et donc glaçait bien plus parfois).

 

Comme chaque épisode évoque un personnage bien distinct (qui en croise un autre au détour d'une scène qui fait un geste bizarre, qu'on comprendra l'épisode d'après puisqu'il sera cette fois le personnage principal !), on a pas le temps de s'attacher à eux, ni même à Nagi ou Toka qui pourtant détiennent toutes les clés (mais sont en "filigrane"). Et c'est tant mieux parce qu'une bonne partie n'arrivera pas vivant jusqu'à la fin... Le choix très adulte (un épisode = un personnage mais aussi une exploration de sa pensée, livrée brut) peut être souligné et encouragé même si on aurait aimé plus d'empathie.

 

Là où le final de Lain me mettait littéralement sur le cul, j'ai trouvé Boogiepop Phantom génial lors de mon premier visionnage mais j'avais dû m'aider de lectures et d'un site internet qui n'existe plus désormais. Tandis que Lain, j'avais réfléchi et trouvé tout tout seul. Lain permet se développement et de l'histoire et de la pensée parce qu'elle critique tout à la fois la société (et son repli sur le virtuel) que l'autisme d'une ado presque comme les autres. Boogiepop Phantom aborde plusieurs sujets durs mais même en allant très loin, n'explore pas plus les portes ouvertes, ne creuse pas plus sur toute la série tous les thèmes comme Lain. Bref, un excellent complément à Lain si on veut mais qui ne la dépasse pas et en soi c'est pas plus mal.

 

 

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Diebuster ! (Gunbuster 2 --si, si, ils l'ont fait-- 2004.)

 

 

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Diebuster avec son héroïne pink-o-rousse...

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...Et ici avec un hommage plus appuyé à son illustre aînée.

 

Quelques millénaires après les échauffourées monstrueuses du premier Gunbuster, les aliens réapparaissent.

Au même moment, certains humains naissent avec des pouvoirs psychiques spéciaux (les psioniques), et eux seuls pevent contrôler un nouveau type de robots, les Buster Machines, réunis dans une organisation indépendante dénommée la Fraternité. Nono, une jeune fille sensible, rêve de devenir pilote spatiale. Elle est confrontée un jour à un monstre extra-terrestre mettant sa vie en danger. Elle est alors secourue par Lark qui découvre en la jeune femme des pouvoirs psychiques curieusement similaires à ceux des psioniques...

 

Etrange "suite" de Gunbuster alors mise en chantier pour fêter les 20 ans du génial studio Gainax. En fait, Diebuster n'est pas exactement une suite au sens linéaire, disons qu'elle se déroule dans le même univers et prolonge alors des choses qu'on avait déjà vues en les modifiant, les changeant. N'espérez donc pas revoir Noriko (ou Noliko si on le prononce avec un léger accent japonais. Cela a son importance). Le prétexte d'un futur encore plus lointain permet en fait à la Gainax de jouer non seulement sur la nostalgie tout en en faisant constamment trop. C'est à la fois la limite et la force de Diebuster.

 

Trop dans l'ouverture. Le genérique déjà vire pop coloré avec une délicieuse chanson toute miaulante. Celà en fera peut-être déjà fuir certains, moi j'aime bien ce genre de sucreries. Dans le même registre, les scaphandres, les vaisseaux et même les personnages ont des bouilles toutes mignonnes et arrondies. Exit les traits anguleux et parfois aggressivement dynamiques des vaisseaux et robots de Gunbuster.

Trop dans les batailles qui en mettent plein la vue certes mais dont la démesure finit par frôler presque la caricature non seulement envers son aîné comme l'animation japonaise en générale dès qu'on a de gros robots. Et en même temps la Gainax a toujours été friande de ça et en habitué, moi aussi j'avoue.

Trop dans la nostalgie et pas assez dans son scénario. Clairement ce dernier est le gros point faible de Diebuster. On a ici par instants une resucée de Gunbuster en version light. Et là où son aînée misait sur une montée en puissance par la règle de deux (deux premiers épisodes rigolos, deux épisodes suivants plus dans le ton, deux derniers épisodes désespérés voire tragiques), Diebuster n'atteint finalement son apogée que dans ses deux derniers épisodes, l'exposition des enjeux ayant pris trop de place quand elle n'évacuait que trop vite certains personnages pourtant des plus importants (je pense aux fameuses jumelles qui n'apparaissent réellement que sur les épisodes 3 et 4 et.... basta. Tant de potentiel si vite gâché, waouh).

 

 

D'un autre côté donc, l'aspect nostalgie fonctionne à plein, quitte à se moquer justement via un certain aspect "méta" de son aînée : Nono qui déchire son t-shirt du côté du sein pour "combattre comme Nono Lili". Regards éberlués des autres personnages "attends elle nous fait quoi là, la demeurée ?" Ceux qui ont vu le premier Gunbuster se réjouiront ironiquement de ce genre de truc tourné en dérision et plus du tout justifié (je renvoie à ma chronique ou à des commentaires chez Potz pour ce que signifie le fameux geste ici tournant jouissivement à vide !). Ou bien la reprise même dans le final de la tenue mythique de Noriko et Tanaka par la jeune Lark (cf jaquette plus haut) quand ce ne sont pas des thèmes musicaux directement repris de Gunbuster premier du nom et parfois rechangés, avec les notes jouées différemment (l'épisode 4 où une ancienne buster machine est réactivée et se révèle justement tout le contraire). Et on oubliera pas de voir pour "Jupiter" ou bien ce qu'est devenu l'EXXELION... Ceux qui ont vu Gunbuster, les vrais savent et ma foi c'est assez plaisant. On revisite des lieux déjà connus par moment et avouons-le c'est pas désagréable.

 

 

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You say pop music ?

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Le maître et la soubre....euh l'apprentie.

 

Je me rappelle pourtant que la première fois que j'ai vu Diebuster, j'ai crû à une sorte de blague.

J'adorais (et j'adore encore énormément) Gunbuster alors voir ce bidule qui en faisait trop et un scénario mou du genoux aux trois quarts, ce fut une semi-déception. Là avec le recul (je n'avais plus revu Diebuster depuis plusieurs années contrairement à Gunbuster), je dois avouer que même inférieure à son aînée et n'en possédant pas une once de lyrisme, c'est en fait pas si mal. J'avais été un peu dur avec Diebuster et failli jeter le bébé avec l'eau du bain alors que non, y'a des qualités (et même les robots enfoncent pas mal de trucs à nouveau).

Esthétiquement les couleurs pètent, c'est un régal de tous les instants. Cela va même parfois trop vite qu'on doit ◄◄ un peu sur la télécommande du lecteur dividi. Ensuite, ce futur se révèle intriguant et fascinant quand on veut bien s'y pencher. Rien que les psyoniques traitées presque comme des dieux (et ne parlons pas de Nono plus tard) et leur relation avec les Buster Machines qu'on comprend avoir été construites en série dans le futur après juste les 2 modèles principaux qui fusionnaient pour donner le Gunbuster dans la première OAV. La première OAV traitait de sujets sombres (le temps, la solitude et la mort) tout en jouant d'une course à l'urgence effrenée (qui trouvait son dénouement dans un noir et blanc final surprenant), la seconde se penche à nouveau sur des thèmes adultes, sans doute en moins approfondi mais qu'importe (ATTENTION LEGER SPOILER, surlignez à vos risques et périls -- on notera quand même la solitude, la maladie, le passage à l'âge adulte, l'acception de ses différences, voire même une tentative de viol ! Eh oui ! Comme quoi hein il s'en passe des choses en 6 épisodes).

 

Et puis je m'y attendais pas, la fin m'a à nouveau scié (torrent de larmes encore). Sans doute pas autant que pour Gunbuster mais quand même. Parce que Diebuster si elle exagère constamment reste au moins sincère dans le traitement de ses personnages notamment la relation un peu contrariée qui unit Nono (la grande bécasse trop naïve) et Lark (l'ambitieuse hautaine et froide, bien moins qu'on pourrait le croire). Alors forcément quand le final arrive, on a presqu'envie de tout pardonner à cette petite soeur de Gunbuster.

Indispensable Diebuster ? Pas forcément mais plus que regardable.

Ambitieuse Diebuster ? Probablement pas mais pas dégueue.

A jeter Diebuster ? Non, à regarder, bon sang.

 

 

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