L'île nue (1961)
Le courage, la ténacité et la résignation d'une famille de
pêcheurs face à un quotidien extrêmement rude sur une île
minuscule de l'archipel de Setonaikai, au Japon dans les années 60....
Etonnant.
Et encore le mot est faible pour parler de ce film a la beauté plastique formellement magnifique qui reçut en 1961 le prix du meilleur film a Moscou (ils ont un festival là bas ? Hmm, sans doute l'quivalent de nos festival "vieille charrue" mais avec un axe "spécial kamarades"! hin hin...). Ce qui surprend au premier abord dans le film de Kaneto Shindo, c'est l'image : de longs, lascifs et magnifiques paysages qui se dévoilent sous nos yeux ébahis dans une photographie soignée en noir et blanc. Ensuite la musique, mélange entre une musique digne de James Bond (si, si) avec une guitare accoustique qui surplomberait le tout et rappellerait presque l'Espagne a certains moments. Pas de doute on est bien dans les 60's.
Dans le menu de l'audio on a le choix entre la piste en V.O sous itrée et un commentaire audio (assez nostalgique d'ailleurs) du réalisateur et de son directeur de la photo mais fallait il véritablement nous mettre même une seule piste V.O tant son inutilité ne sert ici juste qu'a servir la fonction du dvd...Beh oui, autant démarrer le film tout de suite vu que celui-ci est entièrement....muet !
On a de la musique (sublime mais je me répète) mais pendant tout le film, aucun des comédiens n'échangera un mot tant d'une part dans une famille de paysans, on ne tient pas de grands discours philosophiques limite rigolos (ça aurait été fun et précurseur de la BD "le retour a la terre" de Ferri et Larcenet si on veut. Bon ok j'arrête d'ironiser), d'autre part, celà souligne le propos de montrer une famille unie. Pas besoin d' échanger des mots, tout se passe et se ressent dans la gestuelle (et les cadrages) des personnages. Le mari et sa femme portent vraiment des seaux remplis d'eau sous un soleil de plomb et l'effort s'en ressent incroyablement dans la fonction de les porter : épaules courbées, jambes qui cherchent un appui sur une terrain difficile : les comédiens ne jouent pas, ils sont leurs personnages aussi incroyable que celà puisse paraître, rendant l'identification encore plus drôle, nostalgique et douloureuse par la suite.
Nostalgique et douloureux car ce film fait l'éloge du temps qui passe comme dans la vraie vie. Et comme dans la vraie vie, on grandit, on découvre des nouvelles choses, on s'émerveille, on perd des êtres proches. La fin déchirante de ce drame humain se hisse ainsi au même niveau que le pourtant très lacrymal Tombeau des lucioles (mais s'avère plus facile a aregarder que ce dernier finalement). Les deux films partagent le point commun : la fatalité de la réalité dans un monde qui délaisse les êtres et les paysans de l'île nue sont au fond assez proches des deux orphelins du film de Takahata.
Un beau film humaniste et proche de nous.