Wonderful days
En 2142, la civilisation a été détruite par la guerre et la pollution mais les survivants qui maîtrisaient la technologie ont construit une ville où la nature est restituée : Ecoban. La seule énergie d’Ecoban provient de la pollution. De l'autre côté, des survivants vivent sur ces déchêts et ont même construit une ville Marr. Opprimés, les Marriens ne servent que de main d'oeuvre aux gens d'Ecoban...
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Il était une fois, dans des bureaux en Corée en 2002.
"Hey, j'ai une super idée de film que je vais faire, avec que des motos du futur, qui iront vachement vite !
_ Et de l'image de synthèse ?
_ Bien sûr ! Plein de 3D, ça va péter de partout, on va leur montrer aux Japs qu'on peut faire de super choses la dessus !
_ Donc c'est un film sur les motos ?
_ Oh non, l'histoire je m'en fout, je laisse le tout à mon scénariste et qu'il se démerde, pareil pour le dessin, je laisse plusieurs personne s'en charger, ils sont payés pour ça. Moi tu sais, du moment que je peut filmer des motos en 3D, c'est trop cool."
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A la vue du film, on imagine aisément ce genre de dialogue qui a pu mener à vouloir tourner Wonderful Days qui plastiquement, pète effectivement et s'avère un enchantement pour les yeux quasiment pendant tout le film.
Oh c'est mignon.
Oh c'est beau.
Seulement voilà, on ne le répetera jamais assez, pour avoir un film qui tient un minimum dès le départ, il faut avoir une bonne histoire et là est tout le problème de Wonderful days car le scénario est à la limite de l'inconsistant qui tient sur une feuille de papier wc. Les personnages n'arrivent pas a exister : trop creux, bardés de dialogues souvent plombants et inutiles, caricaturaux et j'en passe, on finit par s'en foutre carrément, les laissant vivre leurs petites misères et préférant nous concentrer sur l'aspect visuel. Aspect visuel qui alterne avec brio la 2D et la 3D mais se prend aussi du plomb dans l'aile car la mise en scène filme souvent la 3D comme une pure cinématique de jeu vidéo, une pure scène à regarder pour soit mais souvent détachée ici de tout, juste pour l'épate, pour "se la péter". De la frime donc, du vide.
Vous pensez pas à un jeu là ?
Et là, toujours pas ?
Côté 2D, on ne peut pas dire que ce soit toujours la grande forme hélas. L'animation s'avère très saccadée, parfois bâclée, certains mouvements s'avèrent des plus réussis là où à d'autres, on grince des dents. Surtout, le style de dessin hésite constamment entre des personnages très beaux et d'autres très moches qui nous font regretter une absence de style homogène d'une part (qu'on aime ou pas la série animée Aeon Flux, tout reste cohérent quand on regarde bien) mais d'autre part, qu'on pourrait relativement taxer d'une sorte de racisme scénaristique : ce n'est pas parce qu'on vit dans une ville déchet comme Marr que l'on doit forcément être moche, immonde, bigleux, disgracieux et j'en passe. Une débilité scénaristique donc qui se résume parfaitement (attention regardez bien) dans cette image :
2 poids, 2 mesures pour un film coincé le cul entre deux chaises.
Avec tout ce que j'ai dit, il y a pourtant de (très) rares bonnes idées à sauver du film. D'abord sa musique, tout bonnement magnifique et qui fait agréablement passer la pilule. Ensuite, des détails qui mine de rien s'avèrent rafraîchissants : un générique d'ouverture avec un titre sur fond noir où poussent en acceléré des millions de fleurs, le fait d'avoir le musée Guggenheim (surnommé "la capsule-temps") comme haut lieu de rencontre de deux protagonistes principaux avec tous les tableaux qu'on peut s'amuser à repérer (là du Klimt, là Bruegel, là Lichtenchtein --cf photos....), la fin assez belle mais des plus abruptes... En fait le film ne démarre vraiment que vers sa fin : à ce moment, on se réveille, les personnages nous interessent un peu, Jay surtout, l'héroïne qui semblait perdue comme une poule d'eau en plein marécage se décide enfin à prendre son destin en main (mais on est très loin des émotions de détresse bouleversantes que l'on ressentait avec un personnage féminin tel que Motoko Kusanagi de Ghost in the Shell croyez-moi) et encore.... Et puis sinon, il y a des motos futuristes. Elles sont belles les motos. Mais si on pouvait arrêter de nous les coller sous les yeux pour de l'épate à chaque seconde, ce serait bien.
Le titre, submergé de fleurs...
Guggenheim Museum comme si vous y étiez, pas besoin d'aller à New York !
Et hop-là, mise au point de l'arrière plan, comme si on ne voyait déjà pas assez bien l'image ! (ce serait du Pollock je comprendrais, mais là...)
Allez hop, petit jeu, dites moi quels sont les peintres qu'on à là. Hop, hop.
En l'état, il y a un peu de sincérité qui anime ce Wonderful Days, hélas, sans histoire, sans personnage, sans attachement et même sans technique, on ne va pas bien loin malgré une incroyable esthétique visuelle. Un énorme gâchis qui met en colère, croyez-moi.
Pendant tout le film, Jay nous fera le coup des yeux de biche étonnée. Pas de chance Jay, ça ne marche que dans le dernier Shyamalan ça !
Le plus beau plan du film pour la fin.