Nio and his week of wonders (3)
Enfin puisqu'il faut bien quelque part terminer en apogée, la semaine où elle était là (7 au 14 septembre) je comptais emmener mon amie à France miniature. Sauf que le beau temps n'étant pas de la partie, je pensais plus à Disneyland, au risque de lui faire miroiter un temps un faux espoir (elle n'y est jamais allée). Mais vu les prix qui lui auraient fauché son petit budget, on a décidé d'un commun accord de repousser ça pour sa prochaine venue dans l'héxagone, ce qui lui fait logiquement une nouvelle raison de venir me voir, pour peu qu'elle soit vénale mais je sais aussi qu'elle vient pour moi, ce qui me réjouit au plus haut point.
Du coup, totalement à l'improviste je l'ai emmené au... musée de l'érotisme. Ce qui me permet logiquement de peupler ce post de quelques créatures charnelles assez dénudées. Je me fais plaisir, et ce jour là je m'étais aussi fait plaisir vu que j'avais toujours voulu visiter ce lieu. Et si ce coquin de Johell n'y est pas déjà allé, je serais prêt à retenter le coup avec lui. L'endroit-même où est ce musée laisse songeur : à deux pas du moulin rouge, dans un lieu donc assez mythique. Et comme elle est assez libérée de ce côté, elle bondissait comme une folle et a pris énormément de clichés contrairement à moi. Il faut dire qu'au bout d'une demi-heure d'imagerie sexuelle, qu'elle soit d'un érotisme soft et esthétiquement des plus soignés à des coïts en tous genres frôlant la pornographie, quel que soit le support (photo, estampes, statuettes, sculptures, dessins, films des années 10 à 30, mises en scènes diverses), on finit ...un peu blasé.
Photos extraites de "1000 nudes : A history of erotic photography from 1838 to 1938", éditions Taschen.
Bon, on en a toutefois pour son argent. Des statuettes de toutes les époques, de toutes les formes, dans tous les styles possibles, du simple godemichet aux arts premiers en passant aux clichés des déesses de la fertilité préhistorique, les caricatures taillées dans le bois, les blagues grivoises sur les ecclesiastiques (c'est presque du Hara-kiri si vous voyez ce que je veux dire), de l'ultra-réalisme. Il y a tout. Tout. Trop. Au bout d'un moment je me suis assis sur un canapé près des vidéos des films érotiques muets et j'ai dessiné dans le livre d'or du musée. Et comme il y en a un à tous les étages vu qu'il y a aussi des expositions temporaires en tous genre, j'ai dessiné dans les autres aussi. J'ai eu l'impression ce jour là d'avoir été vacciné pour un long moment. Oh, inutile de dire qu'il faut visiter ce musée avec son amoureux(se), seul, ce serait un peu décevant ou frustrant, je ne sais. Inutile aussi de dire qu'il ne faut pas avoir peur de "la chose" (oh oui, oh oui, nommons la !) et même s'y intéresser un peu (beaucoup ?), sinon ce n'est pas la peine.
Le même jour nous filions voir l'exposition Titanic (hélas finie depuis le 29 septembre malgré qu'elle ait étée prolongée) qui s'était déjà bien exportée dans le monde, victime de son succès, avant de s'échouer en France à Paris. Une sublime exposition qui avait le mérite de jouer sur le tableau de la reconstitution de deux manière : soit en reconstruisant des salles, couloirs, ponts du gigantesque regretté paquebot; soit en donnant à voir des objets inédits remontés des fonds marins, nettoyés pour la plupart, dans un état assez incroyables pour d'autres, sans qu'il ait été besoin de les restorer. Dans les deux cas, audioguide en main et vissé à l'oreille, notre ticket de l'exposition --reconstituant le ticket d'embarquement du Titanic en 1912, détail sympathique et original qui me le fit scanner justement pour le blog-- avec nous, nous pénétrions dans un monde incroyable qui permet vraiment de s'y croire. C'est là qu'on ne peut s'empêcher de penser au film Titanic de 1997 de James Cameron tellement le travail de reconstitution de ce dernier s'avérait fidèle et, disons le, démentiel. La référence est tellement évidente que l'expo se permet un clin d'oeil sous forme de dispositif de montage photographique à l'entrée : on vous demande de monter sur une proue reconstituée avec un fond vert derrière, puis --clic,clac-- après la photo et grâce à l'ordinateur, vous êtes vous aussi un peu dans le film de Cameron en quelque sorte. Bon c'était aussi gadget que les photos qu'on prend de vous quand vous êtes sur la grande roue d'un parc d'attraction et qu'on vous capture le portrait au moment où la vitesse vous déforme le visage façon dessin animé. D'ailleurs je ne suis pas allé chercher ma photo en caisse, mais je crois que j'avais complètement oublié à la fin de l'expo aussi.
Reconstitution des couloirs de cabines pour les premières classes sur le Titanic.
Saviez-vous que la majeure partie des passagers sont morts non pas noyés dans la nuit du 14 au 15 avril 1912, mais d'hypothermie ? Comme l'exposition l'expliquait --et je regrette de ne pas avoir pris des notes--, déjà la température de l'eau en temps normal était déjà fraîche mais avec la nuit, la température avait encore baissé. Rajoutez à ça la température de l'iceberg qui a encore plus "gelé" l'eau et vous avez une idée de la mort impossible à éviter qui attendait la majeure partie des survivants du naufrage. Et pour mieux s'en faire une idée et toujours dans cette optique de donner à ressentir, un énorme bloc de glace se trouvait dans la partie finale du musée, bloc qui commençait à avoir des "trous" et "traces" en formes de doigts tellement les visiteurs n'avaient pu s'empêcher de poser la main exactement là où d'autres l'avaient posée (un peu comme dans les cavernes préhistoriques où les mains formées au pochoir sur la roche semblent prendre une consistance qui leur donne l'impression d'être soudain multiples). Une excellente idée qui fait encore plus frissonner en comprenant avec plus d'acuité ce qui a pu se produire cette nuit là.
Ce soir là curieusement je ne montrais pas d'extrait du film de James Cameron à mon amie, mais deux passages issus de deux Fellini qui me semblaient offrir d'étranges parallèles à cette folle journée entre architecture charnelle et architecture navale : l'ouverture et le final de Et vogue le navire, ainsi que tout un passage de La cité des femmes (quand le pauvre Mastroianni arrive à ses dépens au congrès féministe). Le second l'a faite assez rire, ce qui m'a mis en joie tellement ce Fellini là est souvent décrié. Hop un tag Fellini pour terminer ce post.
Quelques jours après, elle repartait chez elle, hors de France.
Mais cela est une autre histoire...