Top / Bilan Cinéma 2017 (3)
Voilà voilà. Here it is.
Entamons maintenant le top/Bilan ciné des films sortis en salle cette année.
Et à nouveau (enfin comme les autres fois donc), pas de classement ou d'ordre défini, juste les films. Lesquels sont parfois amplement marquants ou intéressants pour que je les revois encore et encore (et ce simple plaisir justifie amplement qu'ils soient dans un bilan de l'année car le cinéma c'est aussi des films qu'on aime à se revoir, à partager, à faire découvrir aux amis et proches), ce qui est un certain critère important.
Il peut y avoir de bons films que sur l'instant j'apprécierais par exemple mais que je sais au fond de moi que je ne reverrais pas forcément de sitôt (et du coup ils ne seront pas forcément mentionnés ici alors qu'au fond ils le mériteraient aussi. Je pense au beau I'm not a witch vu en festival et qui sort là en fin d'année 2017 --ça sent la sortie craintive et sacrifiée comme pour A Ghost Story en période de fêtes où la majorité du public a plutôt envie de voir les gros machins pour rester dans l'esprit des fêtes).
Pour beaucoup d'autres, je privilégie le coup de foudre à la raison là où d'autres qui n'auraient pas eu leur place dans des bilans d'années chez bien d'autres cinéphiles se retrouvent ici chez moi au final (c'est le cas d'un feel good-movie comme Crash Test Aglaé que peu de gens ont vu). Comme quoi, chaque film a sa chance, donc.
2017 aura vu pas moins de 3 films de Kiyoshi Kurosawa pointer le nez chez nous : 2 en salles, un troisième en festival mais annoncé pour 2018. Dans ces films je retiendrais le superbe et romantiquement noir Secret de la chambre noire (mars 2017) et la comédie de SF inquiétante Avant que nous disparaissions (également l'un de mes coups de coeur à L'étrange Festival de cette année. Sortie le 14 mars 2018. Joël si tu me lis, reviens sur Paris à ce moment là...). 2 coups de maître d'un immense cinéaste. A noter que Creepy (sorti lui en juin 2017), pour moi le moins bon des trois et que je ne mets pas ici, mérite toutefois le visionnage.
2017 aura aussi été l'année Pablo Lorrain avec la sortie de ces deux "biographies" complexes et échappant au simple état de fait "il ou elle a vécu ça". Avec Neruda, Larrain dresse un état des lieux de la poésie comme échappée d'Art total tandis que sur Jackie, il enregistre méthodiquement un traumatisme vertigineux élevé en déni comme moyen extrême de survivre et de pouvoir continuer à vivre. Deux films beaux, inquiétants, courageux, différents, utilisant pleinement toutes les possibilités du cinéma pour dire ce qu'ils ont à dire, même si ça doit vous gratouiller ou vous chatouiller. Mini chroniques ici.
Des biographies là aussi. Plus basiques. Mais non dénuées d'un certain plaisir à les visionner. On aura eu plein de vécu de peintres en tous genre cette année, que ce soit en France (Gaughin) comme ailleurs (Egon Schiele, Paula). Je n'ai pas tout vu, j'en laisse même un peu sur le côté (Egon Schiele). Mais voilà dans Paula on a Carla Juri, actrice que je suis depuis un petit moment ici. Certes, sa carrière a des hauts et des bas. Dans Brimstone, elle était un tout petit rôle au sein d'un western puritain se prenant les pieds dans son trop plein de violence en voulant dénoncer les violences faites aux femmes quitte à tourner en rond dans un discours assez puant (et un twist final qui prend le spectateur pour un parfait imbécile après une fin déjà passablement crétine). Dans Blade Runner 2049, elle était la seule actrice à illuminer littéralement le film (d'ailleurs elle avait le meilleur rôle). Ici elle a le premier rôle et elle est une évidence de bout en bout. Carla je t'aime.
Quand à Battle of the sexes, ça ne révolutionnera pas le cinéma et encore moins le monde des biopics.
Mais voilà, Emma Stone (mot magique). En lunettes. Qui fait du tennis. Et ce fameux fait divers authentique et typique des années 70 qu'on a tendance à oublier d'un coup aujourd'hui (il faut voir les avis des cinéphiles sur ce film mais depuis quelques années j'ai l'impression que les gens ne savent plus voir, analyser, ressentir un film...) et qui a pourtant fait avancer la cause des femmes d'un coup. Fait qui m'a toujours passionné et qui, même si la résolution est un peu connue d'avance (mais dans ce cas là, pourquoi se faire chier à regarder le Titanic de James Cameron, je vous le donne en mille hein ?) reste passionnante, surtout quand le fameux duel final dans la dernière demi-heure commence à prendre des airs de western.
Après les biopics, allons vers des tranches de vies plus proches de nous, pour certains de vrais feel-good movie. Nul doute que malgré son rythme lent qui en décontenancera beaucoup, Paterson vous fera du bien. De même que pour 20th century women, mon gros gros coup de coeur de cette année 2017. Pour préciser, si j'avais dû faire un podium de mes films préférés, dans les 4-5 premiers il y aurait eu 20th century women, GRAVE, Le secret de la chambre noire, Neruda... Cela donne une idée je pense de ce film dont je dit beaucoup de bien ici.
Lou et l'île aux sirènes ? Drôle, acidulé, fun, coloré, joyeux, magique, un petit bijou qui fait du bien, à ressortir quand la pluie inonde votre âme (mais la pluie c'est cool moi je dis ! J'aime ce temps brumeux-gris). Enfin Your Name me réconcilie avec Makoto Shinkai, le bonhomme étant coutumier d'avoir des histoires à fort potentiel et finalement n'en faire rien (cf, par ici...). C'est donc toujours aussi beau visuellement mais cette fois-ci le fond (cette histoire de comète) se marie pleinement avec la forme (une nouvelle histoire sentimentale) pour mettre sur le premier plan aussi bien la mélancolie que l'humour ou le drame. Succès donc amplement mérité au Japon où il a battu Titanic dans les rangs des plus gros succès (on parle beaucoup de Titanic ici je veux pas dire).
Il faut remarquer aussi que le cinéma français se porte très bien.
Si, si.
Il faut bien sûr sortir des chemins battus des comédies lourdes et tellement lourdes qu'elles ont frôlé le carton rouge mérité parfois (et non on n'en parlera pas ici, nous sommes entre gens de bons goûts quoi). Mais une fois qu'on sort de ces sentiers ultra râbachés, bonheur.
Grave et Ava en cela de commun qu'ils sont tous deux des premiers films et tous deux de petits miracles. Grave est viscéralement un film de Cronenberg francophone avec derrière le sang, une sensibilité fabuleuse. Quand à AVA, c'est un film solaire qui plonge lentement dans la noirceur et s'avère ultra touchant. Plus je revois ces deux films plus je suis terrassé au final. Ils ont tous deux leurs scènes fortes (Grave n'en manque pas mais la scène du "rêve-cauchemar" d'Ava n'est pas en reste), leur iconographie qui serpente dedans (la relation amour/haine entre les soeurs dans l'un, ce chien noir et le contraste visuel de l'autre), leur richesse. D'ailleurs ce sont deux films qui ont divisés les cinéphiles largement et qui ont tous deux étaient largement snobé ou oublié. A tort perso.
Crash test Aglaé est un road movie sans prétention autre que nous plonger dans une comédie parfois grinçante, aux contours d'aventures mal défini. En fait il ne rentre pas trop dans la comédie pure qu'il ne rentre dans le film d'aventure et c'est tant mieux. C'est de l'entre-deux qui danse d'une jambe à l'autre et me convient parfaitement : en fait c'est tout bonnement un conte.
Zombillenium ? Une critique animée (d'après déjà l'excellente BD d'Arthur de Pins) du capitalisme sur fond de fantastique. Pas pour les mioches ? Mais si, mais si (et les mioches sont loin d'être bêtes hein). Et même pour les jeunes et les adultes. Et puis un film qui se moque ouvertement des vampires de Twilight ça fait toujours plaisir.
On oubliera pas non plus ces films à grand spectacle, généreux, fun, plein d'action, d'humour (coucou Baby Driver et pas trop loin, Logan Lucky). Ils ne sont pas forcément parfaits non plus et peuvent être sentir le déjà vu mais s'accomodent équitablement de leur tâche en proposant une efficacité sans faille. C'est Life par exemple, lointain petit frère d'Alien qui fait mieux sans problème que la dernière mouture de la grosse bêbête noire. Il faut dire qu'en face, Alien Covenant était une vraie catastrophe.
C'est A cure for life qui réinjecte une seconde vie au cinéma gothique, au fantastique tout publique avec une certaine classe tandis que Get Out s'amuse délicieusement à doper le cinéma d'horreur sur fond de discours politique à la George A. Romero.
Quand à Dunkerque, on pourra gloser sur ses défauts possible (je vous renvoie aux forums de ciné et à plein plein de blogs), il n'empêche que Nolan sait faire monter la sauce sur une heure trente avec pas un pet de gras dedans. Et depuis Interstellar il a aussi l'ambition de proposer du cinéma qui visuellement en remonte et les derniers plans de Dunkerque sont d'une rare beauté encore peu vue dans le cinéma Nolanien si ce n'est justement quelques plans contemplatifs de toute beauté dans... Interstellar justement.
Et puis 2017 nous aura abreuvé de films différents, véritables démonstrations d'une mise en scène, d'une pensée, d'idées, d'une volonté de réhausser le niveau consciemment ou non. Des films parfois difficiles que le spectateur réévaluera ou pas avec le temps mais que votre serviteur n'a pas eu trop de mal à accepter.
Même s'ils étaient pas forcément des plus aimables dans leur approche.
C'est le cas de Sayonara et son rythme extrêmement lent où il se passe pas grand chose. Beau, contemplatif et parfois un peu chiant (disons le nettement). Et pourtant ce film dispose d'un plan-séquence frontal et unique qui est l'un des rares à montrer clairement la mort en face (l'autre exemple que j'ai en tête, ce sont les plans contenus dans l'incroyable Requiem pour un massacre). Un plan très long, quasiment une épreuve pour le spectateur, qui s'étire, s'étire, s'étire (le plan, pas le spectateur, encore que...) et lentement nous glace le sang en nous montrant le passage du temps sur un corps qui passe du vivant au néant. Malaise.
La première demi-heure de A ghost story n'est pas forcément non plus des plus faciles à tenir et j'ai vu nombre de spectateur s'arracher les cheveux sur ce film en festival. Passé celà on rentre plus facilement dans le film qui révèle au fur et à mesure des trésors de beauté et de sensibilité. La dernière demi-heure est proprement hallucinante d'ailleurs. Un film de fantômes ? Oui et non. Plus un drame intimiste sur le deuil et la perte avec quand même un peu de film de fantômes dedans pour se faire plaisir (y'a une petite famille qui en prend pour son grade dedans).
Et que dire de Silence aussi ? Scorcese a porté ce film en lui pendant deux décennies, le mettant lentement à mâturation. A l'arrivée, une oeuvre âpre et radicale (il n'y a d'ailleurs pas de bande originale du film. Enfin si, il y en a une en disque mais ce n'est pas à proprement parler de la musique de film au sens le plus basique qui soit) qui questionne constamment le spectateur sur son rapport à la foi ou la croyance. Le tout mené de bout en bout par une certaine maîtrise aussi bien dans le fond que la forme. Et cette fin ambigüe et ouverte qui n'en finit plus de tourmenter le spectateur, aussi complexe que le film.
Le nouveau Cattet/Forzani aura bien divisé aussi les spectateurs (bon on est loin de Silence et encore plus des Derniers Jedis hein). Même ceux qui aimaient les films précédents du duo s'avouèrent déçus face à Laissez bronzer les cadavres, tandis que ceux qui n'aimaient pas leurs films se sont du coup intéressés à ce dernier et surprise, l'ont apprécié plus que prévu. Je fais partie de ceux l'ayant aimé, on est peu. Mais ceux ne l'ayant pas apprécié sont aussi peu. En fait la majorité du public n'en a cure, ayant boudé ce film aussi bien que Grave ou Ava. Bon, comme leurs précédents films, c'est une certaine expérience de cinéma ultra sensitif et organique (on a déjà eu la cyprine sur Amer, le sang sur L'étrange couleur des larmes de ton corps, ici l'urine est à l'honneur les amis. Pour le prochain film on aura probablement le sperme ou la m... :) ).
Sinon Agnès Varda poursuit tranquillement son chemin et c'est bien.
Et puis Les garçons sauvages et Upstream Colors, le mieux c'est de ne rien en dire. Chut. Totale surprise pour le spectateur.
Deux expériences de cinéma là aussi complètement "autre" (un peu comme les films cités juste au dessus). Le second était déjà dans mon top/bilan 2015. Datant de 2013, sa distribution chaotique et catastrophique ne l'a fait sortir qu'en 2017 ! Une honte, bordel. Une honte. J'en disais quelques mots ici mais je n'en dis pas plus. J'ai eu la joie de le montrer à un ami cette année là et il a adoré (le film est également dans son top). Le mieux serait d'enchaîner les références pour ces deux films mais cela ne vous aiderait pas plus. Disons que dans les deux cas il faut se laisser porter par la poésie des films, leur visuel (aussi bien en noir et blanc qu'en couleur comme un songe sur Les garçons sauvages), leur montage (télescopage à la Nicolas Roeg brillant sur Upstream Color), leur musique... Chut.
=== Mentions spéciales / A part ! ===
==== Des flops ? ====
Il n'y a pas eu que du bon en 2017.
S'il y a des films que je ne mentionnerait pas ici (bien voire moyen) et puis il y a eu des films... comment dire... Problématiques. Enervants, ratés, pénibles, consternants, tout ce qu'on veut. Petit florilège avec parfois même des liens vers des chroniques où j'en parle (même si j'aime pas dézinguer les films mais bon...).
- Ouvert la nuit - Ou le syndrome du "je me contente de peu".
- New Age - Ou le syndrome de "tout ce qu'il ne faut pas faire au cinéma".
- Atomic Blonde - Ou le syndrome du "il est beau mon clip, MON CLIIIIIP". (du coup, achetez la B.O, c'est une bonne compile')
- Alien Covenant - Ou le syndrome "j'en ai un peu rien à faire de mon film". (Hein ? Quoi ? Les derniers Jedis ? Chut je vous écoute pas)
- L'amant double - Ou le syndrome "j'en ai un peu rien à faire de mon film" (2) Doublé aussi du "Mon scénario ? Quel scénario ?" (Comment ça Les derniers Jedis ? Vous êtes pas un peu pénible ?)
- Les fantômes d'Ismaël - Ou le syndome "Je revisite mon oeuvre au risque de faire du déjà vu pour mes fans ou de tourner en rond". Tant pis.
- Blade Runner 2049 - Ou le syndrome "j'en ai un peu rien à faire de mon film" (3) Doublé aussi du "La mythologie qui y est associée ? Ah mais j'm'en fous" (que l'on peut aussi mettre sur Alien covenant, décidément. Bon, vous arrêtez un peu avec le dernier Star Wars bordel ?)
- Brimstone - Ou le syndrome "Complaisance glauque". Le tout étiré sur plus de deux heures qui en semblent le double. Et vas y que je te fais dans la subtilité à coup de sabots aussi. Pitié.