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Chroniques visuelles
19 octobre 2019

Simetierre

 

chro4

 

Le docteur Louis Creed, sa femme Rachel et leurs deux jeunes enfants quittent Boston pour s’installer dans une région rurale du Maine. Près de sa maison, le docteur découvre un mystérieux cimetière caché au fond des bois. Peu après, une tragédie s’abat sur lui. Creed sollicite alors l’aide d’un étrange voisin, Jud Crandall. Sans le savoir, il vient de déclencher une série d’événements tragiques qui vont donner naissance à de redoutables forces maléfiques...

 

On peut dire que je partais relativement vierge pour cette nouvelle adaptation de Simetierre.

 

D'une part parce que mes souvenirs du livre culte de Stephen King sont beaucoup trop éloignés pour que je m'en souvienne (Ce fut l'un de mes premiers King et pourtant l'un de ceux que je n'ai plus jamais relu par la suite) et puisse établir une quelconque comparaison qui lui serait fatale.

 

D'autre part parce que je n'ai encore jamais vu le film qu'en avait tiré Mary Lambert en 1989. Apparemment cette première mouture serait plus proche du matériau de base, restant dans une tension constante tout le long, et portée tant par des chansons des Ramones qu'une excellente bande originale d'un Elliot Goldenthal alors débutant.

 

Plus proche comparé à cette version 2019 parce que même si dorénavant j'évite comme la peste toute bande-annonce quel que soit le film (Si, si. Et si je vous rappelle que pas mal de bandes annonces maintenant montrent tous les meilleurs moments à travers un concentré de 3 à 5mn pour les plus longues quand elles ne vous spoilent pas toute l’œuvre, vous me croyez ?), je n'ai pu échapper un tant soit peu à un peu de promotion de ci, de là, des échos, de ci, de là.


Était alors évoqué sur le net un film qui voulait surprendre le spectateur, aussi bien le cinéphile que le puriste de King, que le curieux du djeunz amateur de film d'horreur en apportant de nouvelles choses, changeant un peu la trame du livre de King, quelques éléments en plus, de la nouveauté.

 

Bref, l'intention louable et sous-jacente de vouloir à nouveau réinjecter ce sentiment de nos jours trop galvaudé qu'est la peur.


La Peur.


En lettres majuscules.


Celle, qui racontée comme Guy de Maupassant le fait dans une nouvelle assez exemplaire, vous fait frissonner littéralement tout le corps si l'on devait choisir une bonne définition.

 

Constat purement personnel : le public d'aujourd'hui n'a plus de quoi avoir peur en allant voir un film d'épouvante. Que l’œuvre soit juste purement inquiétante ou bien monstrueusement gore, au vu de nombreuses œuvres inondant les salles de cinéma avec un amoncellement annulant parfois littéralement tout effet d'originalité quand ce ne sont pas les suites à répétition, volontaires ou involontaires (enfin... involontaires, « lol » quoi. Le slogan « par les producteurs de... » devrait vous mettre la puce à l'oreille), ce sont bien trop souvent les mêmes choses vues et perçues à l'écran : les mêmes effets visuels et sonores abusés et ré-abusés d'un bout à l'autre (coucou toi le jump-scare), un scénario indigent semblant avoir été écrit à la va-vite entre le fromage et le dessert, des personnages aussi minces qu'un ticket de métro, des situations frôlant la bêtise intégrale, des effets spéciaux à l'ordinateur qui seront déjà dépassés d'ici 5 ans quand ils ne versent pas directement dans l'excès (accréditant l'irréalisme d'un film dont on a alors bien du mal à prendre part) et j'en passe et des meilleures.

 

Attention, ce constat n'est pas forcément généralisé à tout le cinéma horrifique.

 

Nous avons même eu d'ailleurs de nouvelles surprises et de nouveaux talents depuis quelques années. Ces réalisateurs et réalisatrices ont senti qu'il fallait faire quelque chose. Redorer le blason des pans horrifiques, fantastiques, science-fictionnel... Ils ont pour noms Jordan Peele (Get Out et US), Ari Astier (Hérédité), Robert Eggers (The Witch), David Robert Mitchell, Jennifer Kent... Un point commun entre leurs films ? Une vision. Un travail qui pointe vers une œuvre pensée soigneusement, étudiée, crée même avec un certain amour. Qui peut être analysée profondément, réfléchie. Bref, un véritable travail de cinéma avec un sens de la mise en scène. Qu'on aime ou pas ces films, on pourra en tous cas leur reconnaître ça. Et c'est en soi une sacré différence avec pas mal de long-métrages sortis ces dernières années.

 

Il y a un peu de ça d'ailleurs dans ce nouveau Simetierre.

 

Cette volonté de revenir à la peur. En plus des quelques rares nouveaux éléments (que je ne dévoile pas donc), on pourra apprécier à nouveau la volonté louable de faire ce film, presque comme à l'ancienne, avec un travail soigné tant sur sa photographie (qui sait être lumineuse dans les moments gais et sombre et grisâtre aux autres) que sa musique (un vétéran est aux manettes, Christopher Young) ou des acteurs investis (ça fait toujours plaisir de retrouver ce bon vieux John Lithgow d'ailleurs).

Mais ça ne suffit pas.

 

Et le film se prend les pieds dans le tapis au bout de 15 minutes.

 

Ce n'est pas de la peur que j'ai ressenti passé les premières scènes mais de l'ennui.

 

Et un ennui de plus en plus profond au fur et à mesure que le film avançait.

 

Déjà parce que l'insertion de nouveaux « éléments » ne fonctionne pas ou n'est clairement pas exploitée. Et c'est bien dommage.

 

Ensuite parce qu'on retrouve les bonnes vieilles ficelles horrifiques et qu'en 2019, ça ne prend plus (le jump-scare utilisé à 3,4 reprises sur un même objet, ou plutôt un gros véhicule ici, moi j'appelle ça un running-gag hein).

 

Non, sérieux.


Tu es dans le noir, tu entends des bruits bizarres... Dans la réalité tu vas tout de suite allumer la lumière ou utiliser ta lampe torche si par défaut les scénaristes ont décidé de couper toute l'électricité suite à un événement paranormal inquiétant (ce qu'on peut pardonner d'ailleurs. Il y a tellement de façons d'amener la peur lentement par graduation et quand c'est bien fait, le spectateur ne demande que ça). Même Mulder et Scully paraient à ça dans X-Files dès 1993. Ici, évidemment, non.

 

Et vas-y que je t'exploite un énième trauma qui ressurgit... Mais que je fais rien pour le contrecarrer ou l'utiliser à bon escient (une thématique similaire est à l’œuvre dans US sorti en salles récemment mais Peele l'utilise diablement mieux heureusement afin d'en faire une toile de fond de son scénario assez adroitement).

 

Exploiter une ambiance poisseuse et délétère ?


Tu parles Charles ! On a pourtant une réflexion de base sur la perte de ceux qu'on aime, la douleur de la mort, de la disparition, le fait de vivre ou non avec ses regrets, comment les assumer pour avancer ou non (ce qui fait au fond toute la puissance émotionnelle d'un film comme L'Exorciste justement), et là, rien, nada. Néant.

 

Et n'oublions pas toute la dernière demi-heure qui verse dans le gore exagéré et gratuit. Alors que dans les rares moments malsains plus tôt dans ce portrait de cette famille qui se désagrège, c'est là qu'il aurait fallu montrer des choses, agiter le palpitant comme un électrochoc, bref montrer que oui, la mort, ça fait mal, putain, on connaît. C'est même l'une des choses qui nous soient le plus intime avec l'amour. Mais non. Les réals restent pudique où il faut pas et se déchaînent quand on en a déjà plus grand chose à foutre du film. M'enfin quoi !

 

Sauf que quasiment depuis le début on en avait rien à faire du film tellement on se faisait chier comme un rat mort, ou plutôt chat mort ici (et je veux pas spoiler mais le chat, il est tellement mignon que j'ai du mal à le prendre pour un être démoniaque. J'adore les chats, je sais les reconnaître quand ils sont terrifiés ou qu'ils veulent terrifier, et ici tout le long, désolé j'ai plutôt envie de lui faire un gros câlin au matou quoi. Fallait pas prendre un chat magnifique non plus, désolé).

 

Bref Simetierre est au final un énième film horrifique tout mou.


Surtout il en est horriblement banal tant il ne fait que raser la moquette au milieu d'une multitude de films déjà vus et revus, avec les mêmes effets vus et revus, les mêmes scènes vues et revues qui semblent toutes sortir de l'imagination pervertie d'un unique scénariste qui trusterait le cinéma d'épouvante depuis deux décennies, recyclant ses "idées" à chaque fois de film en film.

 

Oui c'est sans doute ça le plus effrayant, plus que le film sans doute : son horrible banalité.


Déjà vu, déjà oublié le lendemain.


La tagline mettait clairement sur l'affiche vue dans le métro « Vous n'êtes pas prêts ».


Non effectivement j'étais pas prêt à m'emmerder autant, je le reconnais.

 

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M
Ça, c'est fait !
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