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Chroniques visuelles
3 septembre 2020

Hellsing (2001)

 

hellsing1

 

 

« Alors qu'elle dormait, nous la croyions mourante; maintenant qu'elle est morte, elle a l'air de dormir. »

(Dracula – Bram Stoker)

 

C'était le début des années 2000.
A l'instar de beaucoup, Canal+ avait déjà fait beaucoup depuis quelques années pour réhabiliter l'animation japonaise et nous pouvions alors découvrir devant nos yeux ébahis des merveilles, qui plus est récentes alors, comme Cowboy BebopNeon Genesis Evangelion ou Serial Experiments Lain (chroniquée sur le blog au passage).

 

Diffusée pour sa part en 2004 (elle date de 2001) sur la chaîne MCM et qu'on la voit ensuite officiellement en DVD chez Dybex tout comme officieusement en divx grâce à de bonnes âmes, Hellsing appartient à cette vague ou plutôt cet âge d'or du milieu des 90's jusqu'à la fin des années 2000's où plusieurs séries avaient à cœur de transcender leur statut d'anime en proposant un spectacle souvent plus cérébral ou plus action. Sans réinventer le fil à couper le beurre, Hellsing appartient à cette seconde catégorie et son revisionnage à l'heure actuel (merci Netflix) fait que j'en garde avec recul une certaine tendresse et affection tout en évitant pas ses défauts.

 

Grandement et visiblement librement adaptée du manga de Kōta Hirano (en embrayant d'ailleurs vers une fin différente dans les derniers épisodes, le manga étant encore dans une publication sommaire au Japon (1)) et sous les petits doigts de Gonzo, studio raffolant de CGI à appliquer dans leurs animes pour du bon comme du mauvais (2), Hellsing propose avant tout un pur spectacle de bourrinage sur fond de vampire et d'hémoglobine ruisselant d'un peu partout.

 

Cela pourrait être redondant mais le scénario étant signé par Chiaki J.Konaka relève heureusement le challenge même si l'on sent que Konaka n'a pas suffisamment absorbé de substance à base de caféine pour pousser au plus haut ses compétences quand on voit quelques années avant le superbe travail de mindfuck génial qu'il nous livrait sur la tordue et cultissime Serial Experiments Lain. Ou peut-être qu'on lui a juste demandé de ne pas trop se lâcher et rester dans le ton sanglant à tout va du manga ?

Bon allez savoir.

 

Il faut dire qu'en 13 épisodes comme pour Lain, le bonhomme aurait pu compacter les informations et ouvrir à diverses interprétations et niveaux de lectures (et revisionnages), mais non.
Et même si le spectateur se doute par exemple que ici le sigle sur une fameuse puce signifie bien quelque chose (visiblement les personnages sont trop cons pour comprendre une corrélation qui semble mener vers une piste qui date de la seconde guerre mondiale, mais chut, no spoil), que Alucard (3) a bien une signification historique qui n'est validée en quelque sorte qu'au dernier épisode au cours d'une bataille finale contre le « boss de fin » et un insert vite-fait (4), ben... la sensation de fin abrupte et donc de série vite torchée se fera ressentir. Surtout que malgré une fin qu'on imagine volontairement noire pour terminer cette courte série sur un suspense machiavélique, ben on retient plus que les deux derniers épisodes qui se suivent sont plus du combat badass presque non stop entre Alucard et the big final boss.

 

hellsing2

 

Alucard qui, comme beaucoup de personnages récurrents de l'animation japonaise ou des mangas est typique du syndrome extra-fort-invincible et rabâchant sans cesse qu'il lui faut un adversaire à sa juste valeur pour le dégommer d'un coup en sortant une énième carte secrète de sa manche qui montre qu'en fait c'est presqu'un dieu au dernier moment quoi (5).

 

Bon on voulait du badass quand même et sur ce point on est servis avec notre cher vampire. Mais Integra, la fille ou plutôt petite-fille de Van Hellsing, toute en colère froide et rentrée est très bien aussi. Et j'apprécie à vrai dire qu'on ait un descendant féminin de la branche Hellsing, cela n'en justifie que de mieux l'étrange relation qui la lie avec le vampire. Walter et Celas (Selas?) sont bien aussi. Et puis ça sera après tout (6). Enfin oui mais non car côté CGI, Gonzo a mis la pédale douce et l'intégration s'en trouve assez bien ressentie même si l'animation est parfois un peu molle et le montage plan-plan. Cela dit le design général que ce soit les personnages (collant au plus près à ceux du manga), les tenues (Alucard en premier) ou les flingues, ça passe. C'est étudié, dira-t-on.

 

Et puis j'aurais du mal à être trop méchant au regard de la superbe bande sonore de Yasushi Ishii qui mixe dans un génial melting-pot rock, gothique, folk, jazz, indus voir mélodies cinématographiques à base de chœurs torturés. On sent que le bonhomme a eu carte blanche (« on fait une série avec des vampires, faut juste que tu fasses des ambiances dark en fond mais sinon tu fais comme tu le sens ») et ça s'entend. L'adéquation avec l'univers torturé de Hellsing, quand ce n'est pas tout bonnement le décalage volontaire qui en résulte par contraste, est tout bonnement parfait ! Une bande originale tellement dense qu'elle tient sur deux disques (« Raid » et « Ruins ») et qui s'avère souvent un peu sous-mixée dans la série ou coupée en plusieurs passages quand un bon nombre de compositions souvent jouissives ne passent pas à la trappe du fait que... ben on a pas trouvé de place dans les 13 épisodes de la série mon bon monsieur.

 

Tiens osons le dire mais la bande originale de la série est même mieux que la série de mon point de vue. Plutôt, disons, supérieure. Elle n'a pas les coups de mou de la série, ses errements tant visuels que dans le scénario et le rythme et arrive à nous surprendre bien plus, c'est fou. Donc super musique mais ne nous y trompons pas, hein, une chouette série qui nous reste cela dit au final.

 

======

 

(1) Quelques années après il y aura une seconde série Hellsing, nommée aussi Hellsing intégral. Plus longue (26 épisodes) et plus respectueuse du manga original visiblement, mais bon, pas vu.

 

(2) J'ai surtout de bons exemples qui me viennent en tête à vrai dire. Certes, sur Gankutsuou, l'adaptation personnelle du Comte de Monte-Carlo de Dumas, le traitement original qui visait à plaquer des textures et motifs stylisés sur une bonne partie des éléments à l'image était assez beau. Mais parfois fichtrement redondant et fatiguant pour l’œil. L'intégration de la 3D dans l'univers SF d'une série 2D comme Last Exile a pu gêner des spectateurs j'en suis conscient, cela dit pour moi ça passe encore relativement bien. Même chose pour Blue Submarine 6. Pas tenté Samurai 7, Desert Punk et autres Gantz cela dit.

 

(3) Bon cela dit, tout le monde depuis la création de la série a capté que « Alucard » était en fait l'anagramme de « Dracula ». On évite d'en faire la redondance et en quelque sorte on essaie de s'éloigner du modèle mythique de Bram Stoker, bon, pourquoi pas ?

 

(4) La moustache de Vlad Tepes alias le modèle initial de Dracula ne trompe personne pour le coup. Ah merde je fais un léger spoil alors que c'est contraire à mon éthique, désolé, pas taper, pas taper.

 

(5) Et c'est pour ça qu'une œuvre comme One Punch Man avec son héros invincible et que justement ça fait grandement chier à ce stade vu qu'au fond sa vie en est redevenue assez banale (quand vous atteignez le sommet et que vous avez tout conquis, que vous reste-t-il en fait ? Ben... rien en fait) était un coup de pied de grande fraîcheur à bousculer génialement la termitière du manga et de l'animation.

 

(6) Du coup, voir passer à la trappe les personnages de Fergusson, Helena (qui arrive surtout vers la fin) ou le prêtre fou Alexander Anderson est assez frustrant, bordel. Surtout en ce qui concerne Anderson qu'on voit exploité sur 2 épisodes et est donc une géniale menace potentielle à Alucard, mais... pfuuit, et on le revoit juste une seconde dans l'épisode final, en « cameo ». Mouais.

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