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Chroniques visuelles
27 avril 2021

Shadow in the cloud

 

Shadow_in_the_Cloud

 

Pendant la Seconde Guerre mondiale, une jeune mécanicienne (Maude Garrett) voyageant avec des documents top secret à bord d’un bombardier B-17 est confrontée à une présence maléfique qui risque de compromettre sa périlleuse mission...

 

La dernière fois que j'avais vu cette chère Chloë Grace Moretz, c'était en salles, en 2018 avec le remake du Suspiria de Dario Argento par Luca Guadagnino (une bonne surprise pour ma part, si, si) et le demi-ratage par contre de Greta, du pourtant talentueux (d'habitude) Neil Jordan. Et puis... plus rien. La faute bien sûr à toute la situation actuelle. Même en VOD et en DVD/Blu, les derniers films sortis ne me convainquaient pas des masses. Et puis voilà Shadow in the cloud avec son pitch alléchant, son statut de genre entre deux mondes différents (le film de guerre et le fantastique) et le retour de ma chère Chloë. Autant dire que celui-là je l'attendais et croyez-moi je n'ai pas été déçu.

Mais j'avais beau guetter les rares plate-formes de visionnage en ligne, rien, nada. Ou alors j'ai mal cherché. Toujours est-il que j'ai sauté à pieds joints pour une nouvelle chronique en collaboration avec Cinetrafic pour une opération DVDtrafic. Surtout qu'il est édité depuis peu par la Metropolitan Films video (page FB ici et Twitter là), en DVD, Blu-Ray et VOD, depuis le 15 avril donc on va pas se priver.

 

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Basé sur un scénario de Max Landis (fils de...), puis remanié par la réalisatrice Roseanne Liang, le film a le bon goût de faire monter lentement la sauce, ne dévoilant pas tout de suite les ennemis se cachant à haute altitude, qu'ils soient humains (la présence aussi avancée de japonais en ces territoires de Nouvelle Zélande) ou totalement autre (la créature dont le scénario dans un premier temps joue habilement pour nous faire croire à une hallucination du personnage de Maude comme d'autres pilotes avant de véritablement se dévoiler, agressive et retorse). Mais l'ennemi peut aussi être dans un espace purement mental et le film n'hésite pas intelligemment à le montrer : ce sont les brimades odieuses et machistes de l'équipage peu habitué à avoir une femme sur leur avion, tout comme la claustrophobie en altitude, la peur de l'isolation aux portes de la folie qui peuvent guetter l'héroïne.

 

A ce sujet, on retiendra d'ailleurs le travail de préparation costaud de l'actrice principale qui, déjà claustrophobe à la base comme elle le révèle dans les coulisses du film (en bonus), à dû passer deux semaines à s'entraîner seule et isolée du reste de l'équipe dans une réplique de tourelle arrière de B-17, à 15% en plus de la taille originale dans l'espoir de pouvoir y placer la caméra afin d'y être plus proche de la psychologie du personnage. Ce qui s'est avéré en fait impossible tant l'habitacle est encore trop exigu. Tout s'est alors joué dans des cadrages et placements de caméra ingénieux qui évitent habilement une mise en scène plan-plan et relancent constamment l'intérêt filmique. Toute la première partie du film est ainsi filmée aux côtés de Maude, les autres protagonistes de l'avion ne nous étant plus perçus que par des voix éloignées entendues à la radio (seul lien au début entre l'héroïne et l'équipage) et dont le drame grandissant hors-champ (ils finissent aussi par percevoir le gremlin ! Flûte j'ai vendu la mèche, mais en même temps c'est un secret de polichinelle) finit par inquiéter de plus en plus. Un choix de mise en scène intimiste mais audacieux qui se révèle payant : compensant un tournage réduit (6 semaines à peine) et mené tambour battant (la scène finale située en un certain lieu n'aura que deux jours d'autorisation de tournage, étant une zone naturelle protégée) avec un budget minime de film indépendant, le film tire pleinement les leçons de la série B : faire le maximum avec le peu que tu as.

 

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Ne cachons pas plus que ce qu'on voulait voir dans le film était la fameuse incursion du gremlin dans le cadre du film de guerre et c'est réussi. Si évidemment les références existent et je ne vais pas toutes les citer (qu'on se souvienne donc juste par exemple du segment "Cauchemar à 20000 pieds" du film à sketchs de La quatrième dimension (The twilight zone) de George Miller qui s'inspirait déjà d'un excellent épisode de la série originale des 60's ou par exemple de nos chers gremlins, non plus en altitude, de Joe Dante et Steven Spielberg), le film diverge avec malice sur sa propre voie dans un discours moderne et féministe qui fait écho aux héroïnes cinématographiques (impossible de ne pas reconnaître quelque part la persévérance d'une certaine Ellen Ripley dans la seconde partie du film). La créature étant d'ailleurs entièrement en CGI et non animatroniques, mais en cela signées par le studio Weta (déjà responsables entres autres de ceux du Seigneur des anneaux), gage de qualité à l'écran donc.

 

Et si j'ai peu de grief envers le film ( il y a juste un passage qui a failli me sortir du film à mi-chemin et m'a un peu gavé. Sans spoiler je dirais qu'en termes d'écriture, on aurait pu préciser bien au début qu'à ce stade l'héroïne était je sais pas moi... championne d'escalade au vu de la scène en question ! Quand on introduit une scène avec Ripley qui conduit une grue mécanique dans la première partie d'Aliens de James Cameron par exemple et en précisant "qu'elle a une licence de classe B", c'est pour permettre à la scène, loin d'être purement anecdotique, de jouer un rôle central plus tard dans le film. Là, la séquence d'action de Shadow en plein vol tombait un peu comme un poil dans la soupe), c'est d'ailleurs parce que j'ai passé un bien chouette moment. J'étais venu y chercher un film d'aventures, de guerre avec une pointe de fantastique et c'est exactement ce que j'ai eu !

 

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Et je pense que le plaisir que j'y ai pris est aussi en soit lié au professionnalisme de toute l'équipe du film. On sent la documentation en force, la reconstitution passionnée et c'est ça qui est bon. Le B-17 en question n'est pas un fond vert basique plaqué comme ça, non, ils ont véritablement reconstruit la quasi intégralité de l'avion (ou presque, il faut bien avoir des pans ouverts pour y placer la caméra) en studio. A notre époque où l'on use et abuse de l'ordinateur, ça frise le respect. L'avion reconstitué à même fini dans un musée après le tournage d'après le producteur (lequel y est allé aussi de sa pâte sur certains plans pour jouer la créature et permettre aux comédiens de savoir comment intéragir avec elle. Ah bah on a pas toujours les moyens de se payer Andy Serkis hein, huhu). Le clin d'oeil d'ouverture reprenant un dessin animé (reconstitué ? d'époque ?) évoquant façon propagande le fameux gremlin face aux pilotes de la seconde guerre mondiale et insistant bien sur le fait qu'il puisse s'agir d'une hallucination du pilote pour se dédouaner est d'ailleurs tout à fait dans le ton et correspond à certains dessins animés projetés alors non seulement au public comme aux militaires pendant cette période. Et même dans le générique de fin qui reprend des images d'archives, j'ai pu reconnaître et comparer des dessins animés de la seconde guerre mondiale, aujourd'hui tombés en désuétude ou censurés qui ne passeraient pas sur Youtube (j'ai pourtant pu les voir là bas grâce à une chaîne qu'on sent passionnée de curiosités !) parce qu'un peu limites (bah c'est tout un contexte qu'il faut restituer aussi). Un dernier mot aussi sur l'excellente musique synthwave de Mahuia Bridgman-Cooper qui accompagne la bande son du film : c'est du solide, vous pouvez y aller confiants.

 

Bref, en dépit de quelques faiblesses d'écritures, Shadow in the cloud s'avère une très bonne surprise, dotée de moments forts, d'une esthétique passionnante et soignée qui en font un vrai petit joyau en cette première partie d'année morose. Ne boudez donc pas plus votre plaisir et profitez-en !

 

Au final, Shadow in the Cloud figurera-t-il un jour parmi les plus grands films d'horreur selon l'avis du public ? En attendant, il fait parfaitement le poids face aux films Netflix les plus vus de 2021. Sur ce, bonne séance à tous !

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