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Chroniques visuelles
7 août 2015

Vers l'infiniment petit et l'invisible...

Dans son dernier "ciné-club", Potzina avait évoqué les thèmes de l'aventure et/ou du Blockbuster. L'occasion idéale pour moi d'évoquer deux films de super-héros sortis récemment et que je recommende dans les deux cas....

 

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le_gar_on_invisible

 

 

Michele habite dans une ville tranquille au bord de la mer.
On ne peut pas dire qu’il soit très aimé à l’école, ce n’est pas un bon élève et il n’excelle dans aucun sport. Mais au fond, ça lui est égal. Il lui suffirait d’être remarqué par Stella, la fille qu’il ne peut pas s’empêcher de regarder en classe même s’il a le sentiment d’être totalement transparent à ses yeux. Et puis voilà qu’un jour, une découverte extraordinaire vient bouleverser son train-train quotidien : Michele se regarde dans le miroir et découvre qu’il est invisible. L’aventure la plus incroyable de sa vie va commencer.

 

En ces temps troublés de production cinématographique liés aux superproduction blockbuster Marvel, on pouvait arriver à légitimement se poser de plus en plus la question, peux-t-on encore aimer les films de super-héros ? (je ne pose pas le fait qu'il pourrait y avoir overdose je précise, même si ça peut être ressenti) Dans le sens plus de découvrir de l'originalité, de la fraîcheur, voire, de l'humanisme, de la sincérité et même un profond respect de son sujet comme de ses spectateurs ? En ces temps où l'on est plus qu'abreuvé de films, sequelles, reboots, remakes, prequels, on remarque comme un essoufflement du cinéma ou plutôt des tares, des défauts qui ne devraient pas être, qui se répètent et miment de plus en plus l'appréhension, la joie et le renouvellement du plaisir de voir un bon divertissement en salle. Divertissement qui ne sera pas bradé d'un scénario indigent ni déjà-vu et revu, qui contiendra un minimum de mise en scène espérons-le (il faut vraiment que j'évoque le très bon (pour ma pomme, hein) Godzilla sorti dernièrement sur ce blog. Cela dit, Alain de The movie freak et Elo de De la critique hystérique le font mieux que moi) et des acteurs impliqués.

 

Récemment, j'étais tombé sur un article qui résumait bien les tendances actuelles en cours dans le blockbuster. Bien sûr l'article est un peu de parti-pris, on va pas assombrir ce qui y est écrit en le résumant à l'ensemble de la production cinématographique à gros budget. Il n'empêche que l'on sera toutefois probablement d'accord sur certains points soulevés, à défaut d'être unanimes sur tout. J'avoue être ok avec le fait que dans beaucoup de films actuels (de type blockbuster mais pas que), "les personnages n'ont pas peur de mourir", oui. Un tel mépris de la nature de la vie a tendance à me choquer, sans doute pas à un gros stade hein, mais c'est relativement gênant. Le fait que "le méchant soit tout de suite surpuissant" au sens où il maîtrise d'un coup ce pour quoi le héros a tellement galéré est un autre type de problème. Enfin, "le personnage féminin badass qui en fait ne fait pratiquement rien", prend juste la pose, même si dans les films qui nous concernent aujourd'hui, ce point n'est pas à l'honneur (quoique...). Les autres points, je n'en parlerais pas ici car ce n'est pas le propos (même si le "characters are aware of how their movies are ridiculous" est pas mal grâtiné).

 

gratin

Ceci est un gratin de pâtes utilisé pour meubler un peu la chronique et vous faire respirer un peu.

Et rebondir sur l'utilisation du mot "grâtiné".

Je suis fatigué.

 

Pourquoi ces points soulevés ?

 

Pour vous faire part de ma joie vis à vis du dernier né Marvel ainsi que de l'excellente surprise qu'à constitué pour moi, Le garçon invisible. Deux films de super-héros, deux blockbusters (enfin pour "Il ragazzo invisibile" en Italie. A l'échelle du monde, ça tient presque du film indépendant) qui se dotent sans mal d'aventure, d'un aspect initiatique toujours passionnant, d'humour pour l'un, de justesse et de sympathie pour l'autre (voire de chaleur humaine). Cela tient à peu de choses mais en ces temps où les cinéphiles font de plus en plus la fine bouche ou les blasés et que le premier film avait toutes les chances de sortir directement en VOD ou DTV à l'instar de ces collègues, les deux Antboy chez Pathé (petits films pas déshonorants en plus pour les kids), une telle sortie en salle, aussi minime soit-elle est inespérée.

 

Je suis sans doute optimiste pour le coup mais quand je vois certaines sorties auparavant vues en festival l'an dernier comme The voices et It follows, aussi imparfaits que soient les films (ce ne sont nullement des chefs d'oeuvres même si on peut les aimer plus que de coutume vous me comprendrez) et originaux dans leur volonté de se décaler des productions ambiantes (dans les deux cités, le genre de l'horreur actuel qui nous asphixie avec ses possessions/exorcismes incessants dont on se demande pourquoi là, ça ne sort pas directement en VOD/DTV ? Enfin si, on sait financièrement pourquoi mais là on est cynique d'un coup...), je craignais fortement qu'ils ne puissent sortir en salles. Et finalement ils sont sortis et à leur manière, ont prouvés que le public ne disait pas non à un petit regain de fraîcheur.

 

le garçon

 

 

Dans cette optique, vous comprendrez ma joie vis à vis de la sortie d'un "petit film" comme Le garçon invisible. Mais si on prend en compte les autres points que j'ai pu soulever dans les films d'action actuels, et particulièrement franchises, sagas, super-héros etc etc et le fait que le film, s'il inscrit dans les codes du film de super-héros naissant (avec ici donc initiation et découverte de ses pouvoirs) arrive à en jouer, s'en amuser pleinement tout en s'assumant aussi comme un vrai film de teen sur ce passage difficile qu'est l'adolescence entre drôlerie et mélancolie, là on a clairement un petit bijou.

 

Ici pas de rapport à la mort mais une vraie prise en compte du danger, le film s'adressant aussi bien aux enfants et ados qu'aux adultes (qui s'amuseront avec la lecture "méta" qu'on peut en faire : reprise d'un "oeil de pirate" à la Nick Fury sur l'un des personnages; scène cachée au générique de fin comme dans les Marvels qui appelle une suite ou pas --j'y vois un clin d'oeil assumé du réalisateur sur les films Marvel pour ma part. Bon on notera une fin quand même avec deux-trois giclée de sang inattendues dans ce genre de film). Quand au "méchant surpuissant", le film a l'intelligence de jouer dans le jeu de piste, l'éventuel méchant du film n'étant pas ce que l'on croit au premier abord, entre sous-intrigue qui vient au second plan dans la seconde partie du film et personnage auquel on ne s'attendait pas. Le dit-méchant reste donc jusqu'au final, une menace abstraite et voilée...

 

le garçon2

 

 

Et puis il y a une vraie écriture des personnages dans le sens où une bonne partie est fouillée. A l'honneur, les rapports du gamin avec sa famille, de son hyperactive petite soeur à sa mère, femme forte, policière dépassée dans une société italienne machiste de surcroît (pas nouveau mais il est bon de remettre ce constat en tête) et jouée par Valeria Golino touchante qui vieillit très bien (50 ans cette année, on lui en donne facile 10 à 15 de moins). Mais aussi ses rapports avec le milieu scolaire où il fait office non seulement de cancre et looser et bientôt, suite à quelques gags liés à ses pouvoirs qu'il ne contrôle pas (clin d'oeil ici à la "malédiction" qu'entraîne les pouvoirs de super-héros quand le héros feuillète un comics et se reconnaît là-dedans), de petit pervers.

 

La séquence qui lui vaut ce terme est d'ailleurs fort sympathique puisque sur fond de Vivaldi (L'allegro du printemps. Mais tous les choix musicaux sont fort bien vus dans le film), notre jeune héros se dit qu'il pourrait utiliser ses pouvoirs pour espionner les filles sous la douche. On est évidemment pas dans une séquence érotique à la Brian de Palma où un film plus subversif à la Paul Verhoeven (les cinéphiles auront reconnu de quoi je parle) et ici, l'effet tombera à plat quand les pouvoirs de notre héros disparaîtront lentement dès lors qu'il est repéré sous une serviette qui prend forme humaine. Pauvre Michele ! On ajoute à ça une photographie lumineuse (fondus au blanc dedans), bien loin des productions grises (et SERIEUSES --donc un peu plombantes) des nombreux films de super-héros actuels et on peut voir un sourire réjoui se dessiner sur ma face. Et puis on s'attache au héros (pour cause, on a tous connu aussi nos hauts et nos bas en tant qu'ados. Si ça se trouve, vous qui me lisez, vous êtes en plein dedans !), il y a comme une chape de vécu non négligeable, pouvoir en plus.

 

Le meilleur film que j'ai vu en juillet et c'est pas une blague (hein ? Victoria ? Quoi donc ?).

 

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ant-man

 

Armé de la capacité étonnante de rétrécir en taille mais gagner en force, le voleur Scott Lang doit accepter le héros qui est en lui pour aider son mentor, le Dr Hank Pym et protéger le secret derrière son spectaculaire costume d’Ant-Man. Contre ce qui semble être des obstacles insurmontables, Pym et Lang doivent préparer et réussir le casse qui va sauver le monde".

 

Avec son slogan "ce n'est pas la taille qui compte" digne d'un film p0rn (Quoi ? Ne me regardez pas comme ça, on y a tous sûrement pensé ! ...je... c'est humain quoi...), Ant-man joue clairement sur la carte humoristique du studio et y arrive en intégrant le facteur humain (bon c'est Marvel, il ne faut pas s'attendre à de grosses effusions de larmes dans le rapport père-fille du docteur Pym et de sa fille Hope non plus) à travers blagues de potes, bon mots, auto-dérision assumée, notamment envers les autres films Marvel plus spectaculaire et bim bam boum en pagaille (Une réplique bien sentie sur les Avengers ainsi qu'un cassage de gueule d'un membre de l'équipe qui font assez plaisir), et combats à une échelle plus réduite. Intimiste, pas encore, on en est pas là, Ant-man est un bon élève qui a soif de s'imposer parmi ses camarades mais disons qu'il est sur la bonne voie.

 

antman1

 

Quid du passage d'Edgar Wright sur ce qui reste du film au final ? On se rappelle que le réalisateur de Shaun of the dead était parti pour "désaccords avec le studio" (clairement, il a pas eu toute la liberté qu'il aurait souhaité) mais au vu de cette petite réussite, j'ai envie de dire que ce n'est pas un tort dans le sens où le film tient parfaitement sur ces deux jambes. On peut s'amuser à repérer les lambeaux du passage de Wright, ils sont minimes mais on peut aussi apprécier l'oeuvre sur l'ensemble. Paul Rudd plus versé dans la comédie a clairement un potentiel sympathie dès le départ. Le bon gars de base qui veut se racheter bla bla, bon c'est convenu, on peut déjà prédire plusieurs moments du film : pas faux mais le film s'en amuse en détournant parfois les conventions du récit (téléphone arabe en mode clip pour aller à la source des informations, ellipse sur une histoire d'amour) quand il n'assume pas ça clairement (Corey Stoll qui joue un sale type et y arrive clairement en cabotinant juste ce qu'il faut). Michael Douglas fait plaisir à voir dans le film (après Redford, ça me fait plaisir personnellement de voir les anciens dans les sagas Marvel), quand à Evangeline Lilly, elle fait plaisir à voir sans ses oreilles de hobbit (ah je sens qu'une fan essaye de me taper, j'esquive, voilàààà).

 

Pour à nouveau rebondir sur les points développés, on a un personnage féminin important ici mais de par sa fonction au sein de l'entreprise de Pym, on peut dire qu'il s'agit d'un personnage fort en quelque sorte qui n'est pas juste un simple faire valoir du héros. Certes elle reste plus ou moins en retrait mais c'est un choix voulu par l'histoire et assumé comme tel, elle donnera cela dit des cours de self-défense au héros et prendra probablement une part plus active dans la suite du film ou le passage de Ant-man dans les Captain America ou Avengers (note pour moi-même, ça va être un sacré bazar je le sens). Le coup du super-vilain qui est déjà aussi fort que le héros peut s'expliquer ici aisément et est plus compréhensible que pour d'autres films mais je risque de spoiler donc non. Quand à la peur de mourir, avec un film qui vise le macro-monde, sans non plus verser dans la tragédie, le héros a effectivement de quoi s'inquiéter régulièrement. Marvel-style, il balance quelques vannes pour rassurer le spectateur (et lui-même) mais dans plusieurs situations, on voit qu'il n'en mène pas large. Marvel se met même presqu'en danger (dans ses limites on dira) vers la fin dans une séquence presque expérimentale en forme de petit hommage au final de L'homme qui rétrécit de Richard Matheson (livre) et Jack Arnold (film) avec néanmoins un peu plus d'optimisme. Et fourmi oblige on aura aussi un petit clin d'oeil mignon à Chéri j'ai rétréci les gosses.

 

Ant-Man2

 

Ce qui est intéressant c'est que le film et ses personnages ont probablement conscience que l'on risque de virer dans le n'importe quoi à chaque instant (la même puissance qu'une balle ? Vraiment ? Mouaiiiis) mais c'est assumé pleinement, quitte à foncer droit dans le mur (la bataille dans la chambre, jouissive). Pour donner un exemple simple, autant le "salut je danse comme un gland pour te divertir gros naze" de Star Lord dans Les gardiens de la galaxie m'a valu en direct un gros facepalm dans une salle que ça ne gênait nullement, autant ici le combat avec le petit train dans le final est clairement indiqué du fait que le héros a une petite taille. Et puis le fait que Marvel se concentre sur un film de casse là où Captain America 2 était dans le film d'espionnage permet au studio de se divertir et divertir aussi le public (ici on joue donc avec les codes du film de cambriolage, quitte à ce que l'arroseur soir arrosé --voir justement quand Lang doit s'introduire chez Pym) et d'aligner plein de petites idées bienvenues (ah le décompte avec les fourmis !).

 

Bref du fun et chose rare, l'envie de revoir le film peu après, chose qui ne m'était arrivé qu'avec le second Captain America justement. Pas mal ptit gars, pas mal !

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Commentaires
P
Clap ! Clap ! Clap ! Bravo pour cette belle double chronique :)<br /> <br /> Comme Alain, je découvre ici Le Garçon Invisible qui me tente bien vu tout le bien que tu en dis. Si ça change des productions actuelles de super-héros, c'est bon à prendre :)<br /> <br /> <br /> <br /> Pas vu Ant-Man et pas sûre d'aller le voir malgré tout le bien que tu en dis. J'ai vu la BA et je n'ai pas été emballée plus que ça. Peut-être que je sature un peu des films Marvel. Je ne suis même pas allée voir Avengers 2 alors que j'avais adoré le premier. J'ai comme envie de faire une sorte de cure de désintox de ces films ;)<br /> <br /> <br /> <br /> Quoiqu'il en soit, merci de ta belle participation au Ciné-club mon ami :D<br /> <br /> <br /> <br /> PS : M'en fous d'Evangeline avec ou sans oreilles d'Elfe, je préfère Orlando Bloom (sans fringues ^^)
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A
Belle chronique Monsieur Nio ! Et merci au fait pour le lien en passant. J'avais aimé comme toi le GODZILLA 2014… J'aime bien ton "dérapage contrôlé" avec le gratin de pâtes :) Saupoudré avec du parmesan, c'est un régal !<br /> <br /> <br /> <br /> Une découverte pour ce qui est du GARÇON INVISIBLE. Jamais entendu parler mais tu m'as intrigué, il faudra que je vois ça à l'occasion…<br /> <br /> <br /> <br /> ANT-MAN me tente sans faire parti de mes priorités ciné. Comme tu en parles dans ton article, j'aime beaucoup les comics, certaines adaptations ciné me plaisent beaucoup et des trailers comme celui de BATMAN v SUPERMAN m'emballent mais je sature quand même. Pas uniquement à cause des comics-movies mais des gros films en général, compte tenu des déceptions récentes… Au vu des retours sur LES 4 FANTASTIQUES, je crois que la source s'est tarie. Je vais encore jouer les vieux cons mais où sont passés les blockbusters futés à la JAWS ou CE3K. Ces films qui étaient du cinéma, qui faisaient rêver sans nous prendre pour des cons, qui joueaient la carte du spectaculaire sans verser dans le portenawak ?
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