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Chroniques visuelles
29 mars 2011

Dark Country

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  • Un film de Thomas Jane.
  • Distributeur : Metropolitan.

 

J'étais curieux de voir ce que pouvait donner une réalisation de Thomas Jane, talentueux acteur dévoué au cinéma fantastique en grande partie (Dreamcatcher, The mist...), et qui, renoue ici aussi avec une histoire horrifique qu'on jurerait issue d'un sympathique croisement entre l'ambiance de The Twilight Zone ou d'un Au délà du réel. Encore aurait-il fallu que le film tienne et suive la route, ce qui n'est hélas pas le cas, le rendant à demi-bancal, malgré la sincérité évidente de son acteur/réalisateur.

 

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Sur le plan de la grammaire cinématographique, Thomas Jane prouve amplement qu'il sait tenir une caméra. Les cadrages et travellings, les gros plans comme plans d'ensembles sont d'une justesse étonnante, en cela aidé par un directeur de la photographie extrêmement talentueux (Geoff Boyle). Tellement, que l'on a envie de ne voir que le film pour les images produites, qui font autant appel au talent d'un Robby Müller de Paris Texas que d'une volonté jouissive de peindre l'écran. Tellement même que, parfois, ça en fait trop et risque de faire décrocher le spectateur. Mais le problème n'est pas là, je n'ai souligné ici que les bonheurs évidents du film (et au passage ses acteurs sont aussi très juste. Ron Perlman vient faire un petit coucou en passant).

 

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Et hop, comme au début du Mépris de Godard, on filme une séquence amoureuse en changeant de couleur.

 

Non, le problème, ou plutôt les problèmes tiennent en l'histoire et la citation référentielle. On pourrait même dire qu'ils se sont légués ensemble en une même chose. Une histoire désespérément banale d'un jeune couple qui va se retrouver au mauvais endroit, au mauvais moment (quitte à y associer une faille temporelle et prendre le spectateur pour un gland. Ceux qui ont vus le film seront d'accord avec moi pour dire qu'a la fin --rassurez-vous je ne vais pas vraiment spoiler-- il pourrait changer justement l'histoire vu qu'il y a participé. Pourtant non, contrairement à Un jour sans fin et son joue de la marmotte, il n'y aura pas de variation et jusqu'aux dernières minutes on attend une once de créativité qui ne viendra pas. Et les incohérences liées au film achèvent le spectateur de s'énerver --entres autres, comment peut-on retrouver l'endroit où est enterré un cadavre en pleine nuit noire, sérieusement ?) avec un soupçon de fantastique, mais juste un peu. Et c'est sans doute ce qui dans mon cas m'a énervé. Au vu de la très belle photographie et des moyens mis en oeuvre, je m'attendais à passer un très bon moment de pur série B. Nada, histoire banale, pas de créativité, trop de mou, de dialogues, de scènes qui n'apportent rien, et puis du déjà vu en puissance mille.

 

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Et là on entre dans le second grand problème du film qui achève de le faire couler à mes yeux, les références, nombreuses et un peu inutiles. Au lieu de se chercher une identité qui lui est propre, le film choisit de jouer la carte de la citation cinéphile. Je ne sais pas si cela vient du scénariste ou du cinéaste mais ce qui pouvait être à première vue une bonne idée se transforme en trop plein d'ennui. On sent plus que l'admiration cinéphile (Godard, Tarantino et surtout Lynch), une volonté de trop bien faire. Un fanatisme aigü envers l'étrangeté Lynchienne. Les exemples ne manquent pas malheureusement. Plan de route à la Lost Highway avec Thomas Jane lui-même filmé comme Bill Pullman, rose rouge qu'on jurerait issue du Lumberton de Blue Velvet, héroïne mangeant une pomme en gros plan juste après avoir fait l'amour (bonjour la symbolique pataude inversée au passage) comme le plan de Pullman et sa cigarette dans le noir dans Lost Highway, plan sur une main à la bague comme dans le film de Twin Peaks, héroïne blonde aux cheveux mi-courts, mi-longs entre la Teresa Banks de Twin Peaks fire walk with me et la Perdita Durango de Sailor et Lula. Le tout enrobé d'une voix-off et d'une musique jazzy-film noir qu'on dirait reprise du Sin City de Miller et Rodriguez. Le film aurait duré 3h que j'aurais largement pété un cable.

Au final, un film ennuyeux qui se laisse regarder plus ou moins si l'énervement du cinéphile ne vous étouffe pas en premier. Dommage parce qu'avec un chef-op' comme ça, avec une bonne histoire, on aurait pu avoir un petit bijoux. Frustration, frustration...

 

Retrouvez la chronique du film sur...

 

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A la page du film ou bien mon profil.

A noter que le film s'insère dans une liste de films où des plans se déroulent mal dans des bleds perdus.

 

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Les bonus ? Outre la possibilité de visionner le film en 3D (lunettes non fournies), ce qui fait encore un peu gadget et peu efficace (j'ai déjà parlé du procédé sur Resident Evil Afterlife, hélas), on trouve juste un petit making-of de 10 minutes où les acteurs et différents intervenants s'envoient des fleurs... C'est mignon et comme souvent, complètement inutile. A l'image du film donc ?

 

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