The island
D'ici quelques décennies... Lincoln Six-Echo et sa camarade Jordan
Two-Delta font partie des centaines de Produits d'une immense colonie
souterraine où la vie est étroitement surveillée et régie par des codes
très stricts. Le seul espoir d'échapper à cet univers stérile est
d'être sélectionné pour un transfert sur "l'Île". A en croire les
dirigeants de la colonie, l'Île serait le dernier territoire à avoir
échappé à la catastrophe écologique qui ravagea notre planète quelques
années auparavant et en rendit l'atmosphère à jamais irrespirable...
Lincoln, comme la totalité de ses congénères, a longtemps cru à ce
paradis. Mais depuis quelque temps, des cauchemars récurrents troublent
ses nuits, et le jeune homme commence à s'interroger sur le sens de sa
vie et les restrictions faites à sa liberté. Poussé par une curiosité
tenace, Lincoln découvre bientôt l'atroce vérité...
Il arrive parfois que tout homme se confronte à des plaisirs coupables.
Pour certains, ce sera de se goinfrer de Justin Bridoux sous la table. D'autres boufferont du Magnum derrière un frigo. D'autres encore se regarderont du Luc Besson.
Moi, je regarde ce qui peut me tomber sous la main et comme je suis assez ouvert (comprendre, je mange de tout), ce soir, j'avais décidé de me faire mal regarder le dernier né de mr Michael Bay.
Et, agréable surprise car disons le tout net, The Island est le meilleur Michael Bay.
On me répondra, oui c'est facile, il a eu un bon scénario intéressant mais je ferais remarquer que sur la question du clonage et des sociétés dictatoriales plus ou moins rapprochées de la génétique et des problèmes de la science, on a eu du très bon (Bienvenue à Gattaca) comme du...rigolo (A l'aube du 6e jour avec Gouvernator !) et que c'est le genre de scénario qui revient souvent dans la Science fiction, en film comme en livre (Dune --avec les Duncan Idaho golems-- ou bien Cyteen), l'important étant de se démarquer.
Ce qui est bien avec ce Bay, c'est que pour une fois, le réalisateur a conscience que derrière un film, il y a une histoire. Alors il se concentre sur l'histoire, de ce fait, The island est des plus passionants dans sa première partie, entre société clonée naïve et enfantine et mensonge énorme d'un prétendu paradis. Un second point intéressant, ce sont les acteurs. Si l'on déplorera que certains ne font que de la figuration (Michael Clarke Duncan notre grand bonhomme de La ligne Verte passe juste faire "coucou", c'est triste), les autres sont là pour notre grand plaisir. Bien sûr, le charme glamour du couple principal Ewan Mc Gregor/Scarlett Johansson y est pour beaucoup mais pour ce qui est des personnages secondaires, on se frottera les mains de plaisir devant Sean Bean enfin bien exploité (non parce que dans Silent Hill récemment, il sert à rien pas grand chose hein) et un Steve Buscemi décidement de plus en plus rare. Et puis Djimon Hounsou dans un rôle musclé, ça assure. Faut dire qu'on le voit rarement, il nous fait donc plaisir ici.
Enfin autre bon point à rajouter, puisque c'est un film sur le clonage, autant faire un face à face clone/original (à moins que ce ne soit l'inverse), comme c'est un peu ce que nous voulons tous et cette rencontre s'avère d'autant plus réussie que l'on se prend d'autant plus d'amitié pour le Ewan Mc Gregor cloné tant l'original est infect et vulgaire.
Pour terminer les aspects positifs, ce monde "proto-paradisiaque" se révèle aussi malsain et froid que dans THX-1138, bien ça.
Maintenant les défauts....Oh bon je n'ai pas envie de plomber le film, soyons clairs, j'ai passé un bon moment et j'ai un peu pris mon pied certes donc...
- L'aspect vitrine publicitaire. Le défaut propre à de nombreux films récemment, c'est qu'on essaye de nous vendre de la pub à l'intérieur du film. Après Jurassik Park, Minority Report et Nightwatch, voici donc The Island avec nos amis Msn, X-Box (deux produits microsoft, ouaaaah), Nokia (ils sont partout eux), Calvin Klein....
- La caméra de Bay qui tremblotte de partout et zoum, ralentis, action, ralenti, zoom... Ok les bagnoles qui se crashent, c'est bien filmé (très bien même) mais quand même, les tics de Parkinson, ça va bien à petite dose hein...
- L'autocitation. Tiens une poursuite comme dans Bad Boys 2 du même Bay. Bizarre. Tiens, de l'amérique profonde comme dans Armageddon...de Bay. Strange. Tiens une pseudo boîte de nuit comme dans....Bad Boys 2. Décidement... Bon on l'aura compris, Bay se cite dans ses films mais ça passe moins bien que Mann, plus subtil quand il faut faire un lien entre Heat, Collateral et le sous-estimé Miami Vice (pas grave, le temps lui donnera raison j'espère).
Un autre point qui me démange un peu et celui-là, je m'y attarde plus. On nous présente les personnages naïfs avec une conscience proche de celle des enfants, mais les enfants en eux-mêmes sont un mélange d'innocence souvent mêlée de cruauté (car ils n'ont pas conscience du mal mais le font sans que celà ne leur pose de remords), or un enfant grandit et se développe en acquiérant l'expérience du temps. C'est un point que Bay survole rapidement ce qui est bien dommage. Certes, il y a de beaux moments de cette innocence en quête d'apprentissage, de découverte, de curiosité (la séquence du papillon que Lincoln trouve) rapidement court-circuités ou plombés (quand Lincoln embrasse pour la première fois Delta et lui sort : "Wow ce truc avec la langue mais c'est génial !" . Super, la réplique qui tue bien l'instant poétique. Et peu de temps après ils font l'amour sans aucun problème. Pour des gens sans expérience aucune de la chose, ils sont très forts. Après, ce n'est pas parce qu'ils sont issus "d'une culture biologique" isolées qu'ils sont à l'abri du sida. Bon ok, c'est hollywoodien dans le traitement mais bon... Comment ça, je suis rabat-joie ? ).
Après on prend quand même bien son pied, c'est un film fun et c'est là l'essentiel non ?
Et puis qu'on en reste dans les compliments, j'avoue franchement avoir bien trippé sur le score de Steve Jablonski. L'homme est autant à l'aise dans le lyrique symphonique sombre de Steamboy que dans l' ambiant-électro rythmé de The Island. Ce petit gars à de l'avenir, croyez-moi.