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Chroniques visuelles
7 septembre 2011

Transparences / Résurgences.

 

transparences

 

Elle tue sans hésiter, réagissant à tout ce qu'elle considère comme une agression sexuelle ou une simple atteinte à sa liberté. Ses actes sont toujours spontanés, bref et extrêmement efficaces. Elle disparaît ensuite sans laisser de trace ni aucun souvenir précis aux éventuels témoins...

Qui est Anne X, meurtrière à douze ans des ses parents et d'un couple d'amis, soupçonnée depuis lors de près d'un millier de meurtres ? Criminologue québecois installé à Lyon, où il travaille pour Interpol, Stephen va aller de surprise en surprise au fur et à mesure qu'il explore son dossier. D'autant plus que l'implacable tueuse intéresse au plus haut point les services secrets de différents pays...

 

Ayerdhal est un auteur surprenant. Ecrivain français lyonnais s'étant spécialisé dans la science-fiction, il faisait un détour vers le thriller en 2004 avec le parcours d'un nouveau personnage féminin, cette fois bien ancrée dans notre monde contemporain. Car, chez Ayerdhal, les femmes occupent souvent le haut du terrain, plus souvent que les hommes. Fières, révoltées, actives, ce sont souvent elles les maîtresses du regard Ayerdhalien à même de guider ses congénères hommes ou femmes, quitte à souvent les bousculer. Là où Ayerdhal fait très fort, c'est justement avec ce personnage de tueuse qu'on suit et qui se dévoile lentement à nos yeux à travers l'enquête de Stephen, d'octobre 1997 au 11 septembre 2001. De mémoire de lecteur habitué aux oeuvres du Lyonnais, je n'avais pas été marqué par un personnage aussi complexe et intéressant depuis Audham dans Mytale ou l'histrion du roman éponyme et de sa suite Sexomorphoses. C'est sans compter aussi sur le remarquable sens d'analyse sociologique et politique que délivre l'auteur sur le monde actuel, aussi fascinant que ses observations dans l'imaginaire.

 

Un imaginaire qui, de toutes manières était constamment dépeint de touches réalistes, jusqu'au chef d'oeuvre à 4 mains, Etoiles mourantes co-écrit avec Jean-Claude Dunyach où l'univers dépeint (basé sur l'étoiles mortes du même Dunyach) s'avérait des plus complexes. Evidemment le style de l'auteur pourra rebuter beaucoup. A la limite de l'anarchiste, Ayerdhal ne s'embarrasse pas de foncer dans le tas, quitte à parfois se répéter (je ne sais si j'ai vieilli ou si je ne suis plus aussi concentré qu'avant mais Parleur m'est tombé des mains. Pas que ce soit mauvais, au contraire, pour de l'héroïc-fantasy à la française --une sorte d'utopie Moyen-âgeuse proche du conte politique je dirais-- c'est particulièrement brillant et sans doute en reparlerais-je mais à certains moments, les personnages se ressemblent de caractères en caractères avec d'autres, aussi rebelles et frondeur, déjà croisés dans d'autres romans. A force, ça peut devenir lassant).

 

Ici, l'auteur amène son art au firmament. Scènes à la Kill Bill en moins frimeur, lyrisme, intrigues, mystère, avec une petite pointe de fantastique presque (le fait qu'Ann X soit constamment "floutée" sur les caméras comme si elle n'existait pas). Certains reprocheront des baisses de rythme quand l'auteur décrit le mécanisme des systèmes de justice, leur protocoles, leurs moyens d'investigations (ici Interpol, dans Résurgences, la DST alias ensuite DCRI). C'est un fait mais cela démontre un gros travail de recherche néanmoins. Moi, j'ai adhéré, ce n'est pas différent d'autres systèmes décrits par l'auteur dans d'autres de ses oeuvres. Une fois qu'on accepte tout ça, on plane, ravi.

Dernièrement au cinéma, le Hanna de Joe Wright pouvait en être l'adaptation secrète la plus proche même si le roman d'Ayerdhal est plus complexe...

 

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resur

 

Résurgences est la suite de Transparences. Cette fois nous retrouvons nos personnages principaux sur une période couvrant juin 2006 à mai 2009 (les allusions au nouveau président sont d'ailleurs assez savoureuses et ironiques). Je recommanderais de lire Transparences en premier étant donné que ce second volet des aventures de Naïs/Ann X reprend en mentionnant des données clés de ce qui s'est passé précédemment et n'y reviendra d'ailleurs pas forcément en détail. Il est étonnant et agréablement surprenant de voir qu'ici Naïs est mise de côté au profit de Stephen et du personnage fabuleux qu'est le Marksman, tueur à gages d'une incroyable précision (si Ayerdhal lui dédiait tout un livre, je ne serais pas contre). Stephen, tout comme les autres a d'ailleurs mûri, ça aussi ça fait plaisir. En somme l'auteur reprend subtilement l'aspect psychologique et évolutif pour le pousser encore plus loin.

 

Il est d'ailleurs jouissif de suivre le parcours d'un Stephen bien plus maître de lui-même qui a appris au contact de Naïs (comme de beaucoup d'autres), de le suivre alors qu'il détient une partie des clés, avec une longueur d'avance sur les autres, confirmant ses éclairs de génie qu'il pouvait livrer en tant que criminologue dans Transparences. Si Naïs est légèrement mise de côté, elle reste quand même le personnage névralgique de l'histoire loin s'en faut mais en l'écartant dès le départ, Ayerdhal choisit de construire son roman comme une certaine antithèse de Transparences et se fixe un défi qu'il relève haut la main. Vous vous rappelez ce James Bond avec Pierce Brosnan où le personnage de Bond, presqu'invincible était pourtant retenu en Corée du Nord, subissait les pires tortures avant de rentrer comme monnaie d'échange, pratiquement humilié ? Les 30 premières minutes du film dévoilaient une histoire qui aurait pu être grandiose. Mais le film peina à suivre ensuite... Ici l'auteur choisit cette optique : laisser Naïs sur le bord de la route (le début met bien dans l'ambiance il faut dire), pour ensuite la voir se relever au fruit d'une longue rééducation qui tient du miracle. En somme, à l'héroïne sombre et mystérieuse, radicale et insaisissable presqu'imbattable d'alors, il montre une femme brisée truffée de plomb dans les premières pages. Un arrière goût de Kill Bill ? Non, où alors Ayerdhal s'intéresse à un Bill d'une trentaine d'année à l'empathie peu commune pour les défavorisés du système. Quand à la vengeance, elle était dans Transparences, ici d'autres problèmes plus importants se posent, nos héros ont mûris mais ne se sont pas assagis pour autant.

Un grand Ayerdhal en somme. J'ai de plus en plus de mal à l'imaginer revenir à la SF francophone même si je l'ai découvert et apprécié en premier lieu là-dedans... 

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Commentaires
N
Bonsoir Henri.<br /> <br /> Ayerdhal est généralement peu connu dans le thriller et encore moins francophone. Je pense qu'en science-fiction française par contre, c'est une valeur assez sûre. Bonne soirée !
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H
Cet auteur ne m'est pas connu. J'aime beaucoup le genre et bien d'autres. Je lis d'ailleurs beaucoup trop. Internet et les blogs me freinent un peu. Amicalement.. Henri.
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N
Bonjour Dasola.<br /> <br /> J'ai pensé à "Hanna" pour les passages issus de Transparences et Résurgence où le personnage de Naïs en vient à revenir sur son passé et ce qui l'a poussé ensuite à prendre un chemin sanglant. On voit comment enfant elle en vient très jeune à manipuler les armes et survivre dans un monde où elle doit se forger par elle-même une identité. Hanna m'y a fait beaucoup penser dans ce cas là.<br /> <br /> Après comme j'ai pu le dire, le style d'Ayerdhal peut dérouter, surtout qu'il ne se gêne pas à être lyrique tout en essayant de bousculer les préjugés et présupposés de ses personnages et donc de son lecteur. Quand à ses oeuvres de SF, j'y reviendrais prochainement car il y a du très bon, ce serait dommage de s'en priver. ;)
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D
Bonjour Nio, je note les deux titres surtout que ton billet donne vraiment envie (j'ai beaucoup aimé Hanna de Joe Wright). Je ne connais pas du tout cet auteur n'étant pas très friande de science-fiction mais pour les "thrillers", je suis preneuse. Bonne journée.
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