La planète des singes, les origines.
Cet été, tu vas manger ta race.
Retour aux fondamentaux de la saga avec ce prequel qui reboot un peu tout (avec quand même des clins d'oeils aux anciens épisodes --dont l'article du journal sur une expédition spatiale qui se serait perdue) pour revenir au début afin de montrer comment tout à commencé. Curieusement dans son histoire passionnante, le film se révèle accumuler beaucoup d'incohérences et de défauts qui n'empêchent pas de passer un très bon moment (pour moi). Revenons y en détails.
Bonjour, je sers à rien dans le film.
Beaucoup de critiques n'ont pas manqué de relever que les personnages humains ne sont quasiment jamais développés à fond dans leur psychologie (quand ils ne sont pas purement inexistants). Pire, certains ne font que véhiculer des clichés sous-exploités du cinéma américain depuis quelques décennies. Bien sûr, cela ne peut que nous intéresser d'autant plus à la destinée de nos chers simiesques mais quand même, un peu d'ambiguïté aurait pu relever le niveau. On se serait aperçus que les humains même caricaturés peuvent aussi présenter d'autres facettes. On appelle ça de l'humanisme, chose que les grands cinéastes avaient merveilleusement intégrés dans la caractérisation de leurs personnages. Bon, je ne demande pas à Rupert Wyatt de nous développer des personnages aussi importants que les sept samouraïs de chez Kurosawa mais bon. Parce que si l'on se penche sur les humains plutôt que les singes, que remarquons nous ?
- James Franco en scientifique naïf. On sourit. Il a presque tout du geek qui vivrait replié chez lui et il faut que ce soit César (le chimpanzé) qui lui suggère que la demoiselle en face de lui se sent seule aussi (il a respiré ses phéromones), qu'on pourrait l'inviter au resto et après continuer sur une partie de pilou-pilou dans l'oreiller. On croit rêver, c'est tellement gros. Même Freida Pinto doit se retenir de se marrer.
- Tiens, Pinto parlons-en, son rôle est magnifiquement inutile. Elle fait diversion une seconde à la fin du film (devant des flics qui ont oubliés de retirer le cran de sûreté de leurs armes d'ailleurs, huhu).
- Steve Jacobs est le boss de notre cher scientifique. Il n'est intéressé que par les profits. Il le clame souvent d'une manière plus ou moins subtile pendant le film, telle une girouette. Comme il est noir, évidemment il mourra. Evidemment (sic).
- Le reste des humains est aigri, bête et méchant, inconscients, sans cervelle. Laisser une voiture ouverte, clés sur le contact quand on connait le nombre de vols hallucinant de voiture en Amérique, c'est énorme par exemple.
Dans le film, il y a Draco Malfoy. Et ben vous savez quoi ? Il est méchant. Evidemment (sic again).
Et puis les incohérences et défauts, moui bon, on va pas les citer, d'autres le font bien mieux que moi à vrai dire. On notera quand même qu'après des années passées chez papy et mamy à regarder les documentaires animaliers sur la cinquième et Planète où des vétos fatigués par les 40° degrés quotidiens de l'Afrique s'occupaient de pauvres singes eux-même raplaplas, c'est presque choquant de voir ici des singes yamakazis montés sur ressorts surexcités à n'importe quel moment (et qui, pour certains peuvent sauter du 4e étage d'un bâtiment à travers la vitre sans jamais se casser la gueule, chapeau). Même César joué par Andy Serkis prend à peine le temps de dormir ou manger un bon yaourt à la banane. Et paradoxalement, quand le film se décide à prendre son temps et jouer la carte de la lenteur, des petits instants, ça en devient fabuleux.
Là est l'intérêt, pas dans les scènes d'actions mais dans ces moments intimes presque Bressoniens. Jamais on aura été autant touchés cette année par un dinosaure retenant son geste chez Malick, par un singe remettant lentement une fourchette en place dans les mains de John Lithgow (excellent au passage, il manque limite de voler la vedette au reste des personnages et pour cause, c'est l'un des rares développé avec soin). Ce qui nous fascine, c'est cette mise en place d'une pensée, d'une intelligence disons-le nettement, quasi-humaine.
Hardi les gars, y'a des soldes chez Carrouf' !
_ Ouaiiiiiiiiiiiiiiiiis.
Quand le film s'attarde sur l'initiation de César, sa relation au monde et ce qui va lui faire prendre conscience qu'il fait nettement partie d'une caste d'opprimés sur qui on teste malencontreusement des produits de cosmétiques qui font enfler les anus (pardon pas pu m'en empêcher), là on touche au grandiose, l'histoire est passionnante et l'on est content que les problèmes de gestuelle et de relation de notre singe adoré trouvent lentement un auditoire. C'est dans ce traitement qu'on en arrive presqu'à oublier les effets spéciaux (je ne pouvais m'empêcher de penser que Serkis en faisait trop) pour avoir de vrais personnages. Les scénaristes ne font que plaquer des schémas humains sur des récipients (les singes) au détriments d'autres (les humains). Et c'est beau. De la bonne SF recommandée en somme, malgré les réserves que je vous ai cité. Ce serait dommage de passer à côté et on attends la suite avec impatience.
César... Tu... es plus grand que moi maintenant, même en te tenant debout ?
_ Chut, c'est la séquence émotion, le public remarquera rien.