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Chroniques visuelles
14 décembre 2015

La maison qui glissait - J.P Andrevon

 

la_maison_qui_glissait

 

Un immense fracas réveille Pierre. Le jour pointe, la chaleur est déjà étouffante dans l'appartement minuscule du 13 e étage de sa tour de banlieue. Stupéfait, il découvre un panorama insolite en regardant par la fenêtre. Un brouillard poisseux bouche l'horizon, c'est à peine si Pierre distingue l'immeuble d'en face. Le brouillard, avec une telle canicule ? Ainsi débute le cauchemar pour tous les résidents de cette barre HLM soudain coupée du monde, une réclusion forcée qui va contraindre les habitants à s'organiser pour faire face à l'indicible et révéler la vraie nature de chacun. Car après tout, le pire n'est peut-être pas dans la brume...

 

Evidemment au vu du résumé, on ne peut s'empêcher de penser à Brume de Stephen King et son excellente adaptation en film, The mist. Soit, on ne peut cacher que ça s'en rapproche pas mal à la différence que le cadre plus exigu du supermarché chez King format un huis-clos plus oppressant là où Andrevon analyse avec une certaine crûdité les rapports qui se forment dans cette barre HLM isolée. Et que fait l'Homme quand il est dans une situation archi-désespérée ? Il laisse libre court à ses instincts parfois les plus hard, donc la violence (un peu) et le sexe (beaucoup ici). L'auteur va au fond des descriptions, rendant certains passages gore voire glauque avec la froideur clinique d'un entomologiste inhumain. On pourrait virer dans le cliché, et pourtant, sur la centaine de personnages présentés, certains délivrent une bonne part d'humanité et d'entraide à son prochain, quel que soit la religion ou la couleur de peau.

 

Du fait justement du nombre conséquent de personnages, le roman démarre très doucement (le prologue et le premier chapitre occupent d'ailleurs presque la moitié du livre !) avant de s'accélérer quand au fil des jours (et des chapitres donc car un chapitre = un jour), le nombre des survivants se réduit comme peau de chagrin dans un jeu de massacre pas si éloigné du dix petits nègres d'Agatha Christie. Qu'y a t'il dans la brume ? Pourquoi n'y a t'il aucune communication avec l'extérieur comme si soudain, le monde n'existait plus du tout ? Andrevon n'apporte pas de réponse directement (il y a bien un semblant d'explication dans les toutes dernières pages mais elles semblent plus un passage obligé qu'autre chose. On sent que l'auteur place quelque chose uniquement pour ne pas laisser le lecteur en plan mais sinon...), se concentrant sur ses personnages, laissant deviner ceux qui sont les plus approfondis et auxquels on a pu s'attacher un peu pour les garder méchamment pour la fin.

 

Sans être un grand livre, la lecture est toutefois assez intéressante (je rajouterais aussi, si vous avez le coeur bien accroché car certains passages ne sont pas franchement mignons hein. On est dans le trash une bonne partie du temps, même) voire plaisante car Andrevon essaye d'échapper aux habituels chausse-trappe qu'on pourrait avoir dans un récit comme ça. La brume en question par exemple ne cache pas un ou des monstres spécifiques, c'est plus vicieux. Et cette même brume va finir par disparaître pour laisser un cadre plus élargi presque d'autre monde parallèle. Les lois qui pourraient s'appliquer à un monde normalement constitué tel que la Terre finiront par ne plus avoir de logique spécifique ici. Mais j'en ai trop dit.

 

On notera néanmoins quelques petites erreurs de relecture de l'auteur tel que des noms qui s'intervertissent parfois, surtout quand 2,3 personnages peuvent avoir le même prénom. En somme c'est un peu embêtant mais pas trop gênant si l'on est pleinement embarqué dans la lecture. Il y a aussi un léger hic qui risque de moyennement bien faire vieillir le livre, c'est sa profusion de références tant culturelles qu'historiques (on est dans un après 11 septembre 2001 et même la menace terroriste semble envisagée au début par l'un des personnages !). En ancrant trop son livre dans ce qu'on pourrait situer les années 2006 à 2010 avec des noms de BDs, d'auteurs, voire de films récents, Andrevon prend le parti risqué de livrer une sorte de témoignage figé (sous le vernis de la SF) et inexact de ce que peut être une banlieue et ses habitants à un instant T. Alors si ça peut nous parler à nous actuellement, pas sûr que dans 10 à 20 ans ce soit le cas pour d'autres générations de lecteurs...

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Commentaires
M
J'ai lu Brume quand j'étais au lycée ! Tout ça ne me rajeunit pas... :(<br /> <br /> Un auteur que je ne connais pas, merci pour la découverte en tout cas ! :)
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P
J'ai envie de dire : pourquoi pas ? Même si le bouquin est imparfait, l'histoire me branche bien. Merci pour cette chronique qui fait grandir un peu plus mon pense-bête :)
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