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Chroniques visuelles
9 octobre 2016

Hardcore Henry

 hardcorepostersmall

 

 

Vous ne vous souvenez de rien.

Votre femme vient de vous réanimer et vous apprend votre nom : Henry.

Cinq minutes plus tard, on vous tire dessus, votre femme se fait kidnapper et vous parvenez à vous échapper dans une ville hostile. Ici, tout le monde semble vouloir votre peau. Arriverez-vous à survivre à ce chaos, sauver votre femme et à faire la lumière sur votre véritable identité ?

Bonne chance Henry, vous allez en avoir besoin.

 

Passé les premières minutes d'un générique outrancier et malsain mêlant sans problème esthétisation de la violence et du meurtre à sa propre adoration dans un ralenti rougeâtre qui se voudrait probablement giallesque (*) et n'est que clippesque, j'ai eu un soupir de soulagement devant un film qui s'assume totalement comme une bonne grosse série B d'action un brin nanardesque. Et donc j'ai pris mon pied. Faut dire que dès que j'ai vu la mention du nom de Timur Bekmambetov, je me suis presque frotté les mains en murmurant : "OH LA DOSE DE COKE VA ÊTRE BONNE". 

 

 

Ahhh Timur, mon ami Timur.

Quelles bonnes bitures (**) ne nous as tu déjà pas concocté toi-même quand tu ne les produisait pas, du fin fond de ta cave aux merveilles. Grâce à Timur, Timothy se Leary (***), mon sang ne fit qu'un tour, mes yeux s'exorbitèrent. Grâce à Timur on découvrit les super-héros russes dans Daywatch et Nightwatch. A l'époque j'avais vu le premier en 2006 suite à une main innocente (on ne savait pas où elle avait traîné) qui me le prêta le temps d'un week-end. J'en ressortit en me disant déprimé avec la voix de Jean-Luc Godard que le cinéma était mort. Aujourd'hui je relativise (il faut dire que l'époque est tellement plus flippante que ce que l'on voit sur les écrans donc bon). Entre-temps il faut dire que Timur nous a appris à aimer les présidents morts chasseurs de vampires à leurs temps perdus (****) quand ce n'étaient pas des djeunzs forcément SWAG qui s'improvisent tueurs professionnels en disant FUCK à la face du monde (et du spectateur). Et puis n'oublions pas son nouveau film où, pendant la Rome antique on peut observer la magnifique coupe de dreadlocks de Morgan Freeman.

 

 

hardcore2

 

 

Tout ça pour dire que l'on laisse (très volontiers) son cerveau au vestiaire pour suivre le parcours d'un androïde poursuivi 24h/24, qui se mange beignes sur beignes dans la tronche, fait du parkour et démolit la moitié des tueurs que peut compter la Russie en vrai machine à tuer pour à priori retrouver sa femme. C'est vrai que la sublime Haley Benett (découverte pour ma part dans le Kaboom de Gregg Araki et qu'on reverra prochainement en 2017 ensuite chez... Terrence Malick), on a presque envie de tout faire pour la sauver. Et puis c'est rigolo de voir Sharlto Copley qui a plusieurs vies dans le jeu vidéo quoi.

 

 

 

 

L'influence principale du film de toutes façons, c'est les jeux vidéos et le film assume totalement ça. Non content de reprendre la caméra subjective, on nous colle même constamment le bras de côté quand on tire (oui, j'emploie finalement "on" plutôt que "il" étant donné que jamais l'on ne verra le visage d'Henry du film) comme dans certains jeux à la première personne (les fameux FPS - first person shooter dont DOOM est un des fleurons du genre (*****)). Sauf qu'à ce stade, il y a copie et copie. Le bras trop de côté, on voit ce que ça a donné (à partir de 9mn15). Et c'est justement en voulant imiter du réel et le calquer sur du jeu vidéo que le spectateur (qui est bien moins stupide qu'on le croit... normalement) ne deviendra pas accro à la violence du film, tellement surréaliste qu'on ne peut décemment y croire. Ou alors dans ce cas les jeux vidéos rendent bien violents et meurtriers, le punk c'est l'anarchie et les metalleux sacrifient des enfants sur scènes tant qu'on y est.

 

 

Surréaliste à un point qu'elle en devient donc fun. Le film reprend directement les gimmicks et styles d'un Call of duty (snipers inside) mélangé à Mirror edge (vue en FPs avec scènes de parkour intégré sans oublier éléments à emprunter presque soulignés), quitte même comme dans les jeux à déformer la réalité (les tirs directs, les grenades qui ne laissent aucuns survivants et font du travail bien propret sans oublier la "base" complètement dans les airs) allégrement selon son bon plaisir (le final avec les corps en suspension, le méchant qui officie en boss principal avec ses pouvoirs psychiques). En fait le film se veut tellement autre qu'il se coupe presque de lui-même de certains spectateurs. Car le cinéma n'est pas le jeu vidéo, d'où probablement de la frustration pour certains. A moins d'actionner des boutons comme au Futuroscope pour savoir quel embranchement le film va suivre ou faire un "film intéractif" qui n'est autre qu'un jeu vidéo avec des séquences cinématographiques qui prennent beaucoup plus le pas sur le principe de jeu justement (et provoquent également une sorte de frustration dans l'autre sens). Ce n'était pas mon cas étant donné que je joue beaucoup moins depuis plusieurs années et que je préfère jouer en explorant, donc en observant et glandant qu'au détriment d'une certaine vélocité où je suivrais les rails de la narration. D'ailleurs je me dois de faire mon coming-out : j'ai jamais fini Shenmue sur dreamcast, je préfère nourrir le chaton et traîner en salle d'arcade que venger la mort de mon papa en suivant l'histoire. Quel putain de fils indigne je fais. J'ai honte. Mais juste un instant. J'ai un chaton à nourrir moi.

 

 

hardcore3

 

De l'utilisation de la GoPro dans Hardcore Henry.

 

D'où que je pense que ce film ne se classera pas forcément parmi les meilleurs films du genre puisqu'il est complètement à part. Qu'il n'a aucun genre à priori. Ovni hybride pourtant sans descendance dont le seul but est d'amuser son spectateur à plusieurs degrés, de l'indignation du cinéphile devant le spectacle proposé à celui qui pendant 1h30 (en plus ça a le mérite d'être d'une durée relativement normale, un bon point pour lui) ira oublier une réalité vouée à une telle vacuité que celle du film pourra lui sembler d'une finesse presque KOLOSSALE à côté. Ou tout comme. Moi je me suis amusé devant ce film, j'ai bien pris mon pied quoi. Et pour conclure je dirais à l'instar de cette chronique qu'il ne faut pas chercher de justification au film : il est, point barre. A vous justement de voir si vous l'appréciez en tant que tel ou non. Là est la seule question "philosophique" à se poser.

Mais pas trop longtemps parce que j'ai une partie qui m'attends.

De Mirror Edge, tiens.

Oh yeah.

 

 

 

 

 

(*) Qui viendrait du giallo, quoi. Giallo : Genre populaire et cinématographique italien, popularisé au cinéma par Mario Bava et Dario Argento. Flirtant avec le thriller, le fantastique, l'épouvante ou l'érotisme, les gialli offraient aux réalisateurs l'opportunité d'une stylisation baroque, voire outrancière, aux accents de fétichisme. (Romain Lehnhoff - Editions Profondo Giallo)

(**) Du latin biturex ou Biti, je sais plus. 1. Synonyme d'en avoir une grosse. 2. Synonyme aussi de s'en prendre plein la tronche. Veni, vidi, biti. Je suis venu, j'ai vu (le film), j'ai bituré.

(***). Pardon.

(****) Ce tumblr est fantastique sinon. Mais oui.

(*****) Oh ! Hé ! Ce jeu a été adapté en film aussi tiens quand j'y pense. Les portes de l'enfer ont commencé à s'ouvrir, malheureux.

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