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Chroniques visuelles
11 février 2012

What I am

 

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Retour en 1965... « What I am » est l’histoire prenante d’un garçon de 12 ans, Andy Nichol Chase Ellison), un élève apprécié mis à l'épreuve lorsque son professeur d'anglais, M. Simon (Ed Harris, nominé aux Oscars) lui donne comme binôme la tête de turc des voyous de l’école, Stanley, surnommé « Big G » (ou dans la VF, "poil de carotte" !). Andy doit à présent faire face aux pressions et aux persécutions. Pour en tirer cette leçon : la tolérance demande beaucoup de courage...

 

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What I am (ou That's what I am pour reprendre son titre original. Je ne comprends pas la disparition du premier mot lors du passage du film dans nos contrées) est ce que j'appellerais un beau film doux-amer. Sous une délicate, tendre et ironique chronique de l'adolescence dans les années 60 d'un futur écrivain, le film cache en fait un autre récit plus dur concernant le professeur attitré des élèves, Mr Simon (Ed Harris est génial une fois de plus si vous en doutiez). Soit deux niveaux de lecture suivant votre âge ou ce que vous viendrez agréablement y chercher.

Durant toute l'année et surtout le dernier mois qui voit le projet de travail en binôme, l'enseignant fait régulièrement la lecture du Jeanne d'Arc de Mark Twain à ses élèves afin de leur donner le goût et le plaisir personnel de lire. Un détail important qui rejoint le propos sous-jacent du livre car l'on sait qu'à bien des aspects et au délà de toutes les récupérations qui en ont été faites (historiques, sociales, cinématographiques --il faudra qu'un jour je vous parle du Procès de Jeanne d'Arc de Robert Bresson, petit bijou de rigueur, d'intelligence et de beauté d'à peine une heure tiens-- ou politiques), Jeanne d'Arc reste considéré comme une figure de symbole de la résistance à l'oppression. On sait tous que Jeanne était différente d'emblée car elle entendit des voix qui par la suite, l'ont menée à un destin peu ordinaire.

 

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Or, il n'est pas difficile de voir en Jeanne d'Arc une figure sacrificielle du fait à la base d'une peur de la différence de l'autre. Jeanne a seulement écouté des voix (je ne tiendrais pas non plus de débat théorique sur ce sujet, je laisse ça à d'autres) et découverte qu'elle pouvait faire autre chose que garder des brebis, elle était faite pour la bataille, c'est ce qu'elle était, c'est ce qu'elle est (le That's what I am du film qui revient à plusieurs reprises pour souligner l'appropriation de leurs destins en marches qu'éprouvent alors les 3 personnages principaux), une combattante. Ou une résistante si on se place d'un autre angle de vue.

Celui qui sera sacrifié ici à cause d'une allégation nullement fondée sur sa sexualité (n'oublions pas que nous sommes en 1965 mais cela pourrait tristement arriver aussi bien de nos jours) et qui l'obligera à prendre une retraite anticipée tout en organisant sa résistance en continuant vaillament de donner ses cours (on aura néanmoins un élément de réponse à la fin), c'est bien la figure de Mr Simon, offert en martyre à cause d'un petit imbécile voulant se venger de son exclusion momentanée de l'école.

 

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"Les enfants sont cruels" rappelle la voix-off du narrateur âgé et jeune héros à la fois du film, ne jugeant jamais, préférant dévoiler les faits personnels lui étant arrivés (avec pas mal de justesse) et laissant les choses plus graves au jugement du spectateur. Il en résulte sans doute une dichotomie qui dessert un petit peu le film, celui-ci semblant au final ne pas arriver à choisir entre l'une ou l'autre partie, essayant de tenir dans un parfait équilibre (alors que la différence entre les deux sujets --l'accusation d'homosexualité considérée alors à l'époque comme une déviance maladive pour des gens encore trop majoritairement bourrés de préjugés qui mettra fatalement au ban de la société une personne formidable et les premières amours d'un gamin timide-- est bien trop grande). Mis à part cela qui l'empêche d'aller plus loin et d'atteindre des hauteurs importantes, il faut reconnaître que What I am est un sympathique petit film touchant doublé d'un beau plaidoyer sur la tolérance et le respect des différences dans la société. Je ne peux que louer l'interprétation du casting, notamment le trio de tête, c'est à dire notre binôme et évidemment Ed Harris qui ravira ses fans (dont je suis). Un chouette film pour une bonne petite soirée.

 

Un dvd vu grâce à Cinetrafic et les opérations Dvdtrafic ! Distribué par Zylo – Sortie du DVD le 16 février.

- Découvrez aussi bien d’autres films sur Cinetrafic dans des catégories telles que celle dédié au Film fantastique ainsi qu’au Film de guerre.


Au passage, vous pouvez aussi retrouver cette chronique sur la fiche du film sur Cinetrafic !

 

 

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Un petit mot sur les bonus puisque nous y sommes. On trouve un peu de tout sur le film, c'est surprenant et plutôt agréable. Le bêtisier s'avère drôle (à chaque fois qu'ils essaient de tourner une prise, un train passe du coup on sent que tout le monde risque de péter un cable. Mention spéciale à Ed Harris pince-sans-rire qui dit au jeune Chase Ellison : "Tu aimes les films de gladiateurs ?"  gneee) mais un peu court du coup. On a un petit module sur la superstar de catch Randy Orton qui joue un petit rôle dans le film (et s'en sort d'ailleurs assez bien) et permet de voir tout le travail de travestissement (jeu d'acteur et maquillage) qu'il doit faire, lui qui n'a jamais fait de cinéma. C'est pas trop long et intéressant (même si le catch et la WWE --qui produit le film-- me passe un peu au dessus de la tête, j'avoue).. Plus anecdotiques par contre, le tournage de la scène du premier baiser ou la première lors du festival (j'aurais bien aimé avoir les avis des acteurs après visionnage du film, ou du public dans la salle. Tant pis). Enfin on a une petite galerie de photo.

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Commentaires
S
Tout ça est tout inventif pour nous-même. Merci.
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R
Enrichis grâce à une belle prose, votre discours s'applique complètement à mon avis quand je réfléchis à tout ça.
Répondre
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