Bat for lashes - concert au Trianon, le 25 novembre 2012.
Je ne parle pas assez des expositions et surtout concerts auxquels je vais régulièrement sur ce blog et c'est bien dommage puisque la partie musique censée plus ou moins remplacer The sound chaser s'avère encore assez vide. Je suis donc allé voir Bat for lashes au Trianon dimanche soir à l'occasion de la sortie toute récente de son troisième album, The haunted man. Il fallait dire que je suis avec passion depuis le début le parcours de Natasha Khan, chanteuse multi-instrumentiste, très douée et dont la musique électronique très mélodique s'avère clairement la désigner comme une assez bonne héritière de Kate Bush avec des envolées de voix qui ne sont parfois pas sans rappeler Björk à certains moments. Björk qui n'a jamais caché son admiration pour Kate Bush au passage. Si vous appréciez ses deux précédents albums, inutile de dire que vous tomberez là aussi sous le charme de son petit dernier, certes moins brumeux, plus clair, plus intime aussi, aux chansons qui ne se dévoilent pas tout de suite (et c'est tant mieux). Mais on aura sans doute le temps d'y revenir plus tard volontiers, l'album figurant dans mon futur top musical de fin d'année, un top que je concocte régulièrement à chaque fin du mois de décembre, en musique comme films.
Je suis donc arrivé un peu avant 20h pour faire le tour des lieux et voir si je pouvais acheter un t-shirt ou un poster dédicacé. Il y en avait. Mais mon porte-monnaie criait famine, je me suis abstenu. Le trianon n'étant pas un immense palace, on en fait vite le tour. Je suis rentré dans la salle pile au moment où jouait un petit groupe de rock dont j'avoue avoir déjà oublié le nom ! Ce n'était pas mauvais mais les chansons étaient banales, jouées un peu mécaniquement et manquaient d'âme. Le chanteur entre deux chansons confiait que la situation était assez spéciale puisqu'ils avaient oublié leur batteur à Amsterdam (*tousse*). Pendant que je me disais intérieurement qu'après le premier album ils auraient déjà disparu de la scène musicale, je fus rejoins par Profondo, autre ami cinéphile et mélomane. Nous sommes même secrètement d'accord et unanimes dans ce domaine là et c'est donc d'un commun accord discret et poli que nous quittâmes la salle, franchement pas trop concernés.
Nous fûmes rejoint par une amie cinéphile du bonhomme peu après juste au moment où il fallait rentrer dans la salle. A ce moment, en bon gros lourd, j'eus le temps d'évoquer Prometheus, ce formidable grand film malade (oui, oui, mes chevilles ne m'empêchèrent pas de rentrer dans la salle), histoire de mettre bien dans l'ambiance mais ça rata puisque le concert était très bien. Si l'on ne peut saper le moral des gens dans la joie et le bonheur entre amateurs de films, où va le monde, hein ?
Sans surprise, Natasha a joué beaucoup de titres issu du dernier album, l'occasion idéale pour les voir prendre une autre forme, encore plus dynamique que ce qu'on pouvait déjà écouter avec délice. Visiblement, et cela se ressentait comme autant de bonnes vibrations intérieures (ma voisine de gauche planait littéralement au ralenti !), elle était contente d'être là. Avec plein de charme, toujours souriante, apaisée, pleine de grâce. A certains moments, on a presqu'envie de la serrer contre nous, à d'autres, on exulte avec elle, au rythme d'une basse hypnotiques et d'un batteur monstrueusement fabuleux (mais hélas sous-employé). Seuls regrets, premièrement même si on sent qu'elle se lâche pleinement (et c'est joyeusement communicatif et euphorique au final), on pourra regretter que le concert reste sous contrôle : pas d'imprévu, une setlist carrée et parfaitement ordonnée sans toutefois que les morceaux ne diffèrent trop, ne s'allongent pour le bonheur des sens ou improvisent un peu pour les mélomanes de tous poils. J'avoue qu'habitué aux morceaux qui prennent parfois des chemins de traverses impressionnants (Australian Pink Floyd reprenant Another brick in the wall part 2 improvisait des solos de guitares monstrueux pour livrer une performance de plus de 15 minutes il y a de ça 2,3 ans à l'Olympia. Le public était scié. Les élèves ont dépassé le maître Gilmour pour ma part), j'ai trouvé que c'était parfois abrupt (les morceaux se finissent toujours d'un coup sec). Second petit regret, ce fut le concert le plus court de ma vie. Une heure et 10 minutes de rappel. Ah dis donc. Mais je ne regrette en rien l'expérience car au prix d'une musique addictive qui fait du bien comme jamais, on ressort sur un petit nuage qui dure les jours suivants. Fabuleux donc.
Comme on dit donc, ce fut "bref mais intense" et justement ce concert avait de beaux pics. Oh Yeah et What's a girl to do entamaient magistralement le concert, tout en rythme. Puis un All your gold endiablé qui mit tout le monde d'accord. Suivait Marylin, ma chanson préférée du nouvel album, un poil moins forte que sur la version studio. Evidemment il s'agit du titre le plus complexe et ambitieux, donc sur scène ça passe ou ça casse. Dans mon cas, lors du refrain magique de la chanson composé de bruits fantômatiques d'enfants, la version live bloqua un peu : les sons enfantins et mystérieux étaient remplacés par des bidouillages électroniques un peu à part. Avec Horse and I, Natasha s'isole et règle son clavier en clavecin. Peu de percussion sur ce superbe titre où tout se joue à la dextérité entraînante des sons de l'instrument. Puis la superbe Laura, aussi belle dépouillée live au piano qu'en studio. Suivront encore vers la fin du concert les merveilleux Pearl's dream et Daniel ainsi qu'un The haunted man à avoir dangereusement des frissons de plaisir tant la progression des choeurs d'hommes fait effet comme jamais, sans doute encore plus fort que sur sa version d'origine.
En somme, si la musique de la belle vous plaît, son concert vous deviendra instantanément immanquable alors.
Setlist du concert ce soir là :
- Lilies
- What's a girl to do ?
- Travelling woman
- Oh yeah
- All your gold
- Marylin
- Horse and I
- Laura
- Lumen
- Prescilla
- A wall
- Sleep alone
- Pearl's dream
Rappel :
- Moon and moon
- The haunted man
- Daniel