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Chroniques visuelles
26 juin 2013

Nous, les enfants du XXème siècle.

 

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"Nous, les enfants du XXème siècle" met en scène des enfants des rues de Saint-Petersbourg : vagabonds inoffensifs, "fumeurs précoces", mais aussi cambrioleurs et mêmes meurtriers. L'effondrement des tabous et de l'autorité établie a considérablement diminué leurs inhibitions. Même leurs parents ne placent plus aucune ambition en eux. Dans ce néant social, qui va montrer à ces enfants ce à quoi la vie doit ressembler ?

Vitali Kanevski accompagne le spectateur dans une descente aux enfers et explore l'âme de criminels, petits et grands : bien que victimes de la société, ces derniers peuvent-ils être absous de toute responsabilité morale ?

 

Bon, autant le dire tout de suite, j'ai eu du mal et je n'ai pas trop apprécié le documentaire de Kanevski. En un sens c'est réussi puisque le réalisateur voulait faire bouger les consciences en utilisant plusieurs moyens qui tiennent plus de la mise en scène et donc du point de vue que de l'objectivité qu'on demande généralement à un documentaire. Par exemple, le fait que le réalisateur se mette lui-même en scène en train d'acheter les enfants pour leur soutirer des informations. C'est un point de vue direct qui annonce la couleur : face à ces jeunes délinquants, Kanevski joue le jeu du système et plutôt que de les filmer minutieusement, il les questionnera et monneyera des informations afin d'être sur leur propre terrain, être leur égal par ce qu'il comprennent (l'argent est avant tout un moyen de survivre pour eux, ils n'ont pas fait le choix de voler, c'est la société qui les y a poussé et cela le documentaire le montre bien mais pas besoin d'être devin non plus pour deviner cet état de fait depuis que la télévision et les journeaux ont fait état des problèmes sociaux de la France comme du monde, l'un de leurs choux-gras quotidien) à défaut d'être comme eux, un jeune. 

 

nous

 

Discutable aussi la mise en scène de Kanevski qui joue d'un symbolisme un peu gauche pour ne pas dire lourd. Par exemple dès le début où le cinéaste entremêle images de bébés emmaillotés ainsi que de pains briochés à la chaîne. Plus tard on verra un jeune couple manger allégrement de ce pain, voire tenter de s'échanger les morceaux. D'accord on a bien compris que les adultes finissaient par bouffer les enfants (leurs enfants ?), mais quand même c'est lourd. Ou ces plans d'enfants conduits à une prison de mineurs alterné avec des plans de chiens dans un chenil, qu'on devine emmenés ves une mort néfaste. Lourdeur, nous voilà, avec de gros sabots. Pourtant c'est un fait véridique, quand ils ne volent pas dans les rues, ces enfants passeront la majeure partie du temps à purger leur peine en prison. Film sur la prison, Nous les enfants du XXème siècle ? Pas exactement mais il est toutefois frappant de constater que l'unique endroit où ils puissent s'épanouir et tenter de donner un quelconque sens à leur vie, c'est bien derrière les barreaux. Là, ils apprennent des disciplines artistiques, ils réfléchissent un peu à ce qu'ils ont fait mais le plus souvent n'en ont pas vraiment conscience. Des vies brisées et malgré la cruauté, leur innocence persiste le plus souvent dans leur incapacité à ne pas comprendre ce qu'ils ont fait. C'est d'autant plus dommage que j'aurais aimé avoir pitié d'eux mais le réalisateur avec son dispositif ne privilégie aucunement l'empathie et donc ne permet pas non plus d'apprécier ce qu'il nous montre. D'autant plus que l'on apprendra finalement que des choses déjà connues la plupart du temps (oui les enfants sont livrés à eux-même parce que le père était absent, alcoolique, taulard, incompétent, que la mère se prostituait, j'en passe, coche la case) sans avoir d'infos véritable sur la délinquance d'alors dans les chiffres et les faits. Tout au plus peut-on méditer sur le fait que la situation d'alors a hélas certainement bien empiré depuis.

 

 

Dommage donc pour Potemkine qui a le courage de sortir ce documentaire en DVD depuis le 4 avril. Un éditeur que je salue toutefois pour la richesse de son catalogue, toujours exemplaire. J'ai juste pour le coup misé sur le mauvais cheval. Pas spécialement dans les documentaires à voir sauf si le sujet vous intéresse car on y apprendra toujours quelque chose d'intéressant dans ce portrait certes alambiqué mais aussi pris sur le vif d'une jeunesse dont on continue de se demander ce qu'elle a pu devenir de nos jours.

 

Retrouvez aussi cette chronique sur Cinetrafic à la fiche Nous, les enfants du XXème siècle.

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Commentaires
P
Je vois que tu as aimé encore moins que moi. C'est vrai que c'est spécial, en définitive, ce film ne nous apprend pas grand-chose. Tout ce qu'il provoque c'est le malaise et la peine.<br /> <br /> Et je rejoins Bob Morane pour les bonus, c'est vraiment pas terrible.
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B
Comme toi, j'ai eu du mal avec ce docu-fiction, que je n'ai pas aimé par sa réalisation et son réalisateur. Très dommageable sur un sujet aussi fort. Regrets aussi que l'éditeur n'ait pas été plus loin dans la démarche par des bonus qui auraient été un plus...
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