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Chroniques visuelles
6 août 2014

Les chroniques de fond de tiroir (21)

Yopla boum, l'heure est aux mini-chros, ça faisait longtemps non ? Il faut dire qu'après la longue chronique d'Under the skin, je me voyais pas trop reprendre un long truc tout de suite. Donc voilà, varions les plaisirs.

 

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Cadeau d'une blogueuse et fidèle lectrice en ces lieux, Potz Ina, Les aventures du prince Ahmed (1926) est un classique doublé d'une bonne dose de magie qui fonctionne toujours autant. Entièrement réalisé en ombres chinoise au prix d'un travail de titan qui dura trois ans, le film de Lotte Reiniger fait figure de "premier film d'animation" même si à l'époque le terme est encore flou du fait même que l'animation en elle-même est un genre qui n'a pas encore bien été défini et que d'autres oeuvres sont aussi un peu passées devant.

Au visionnage, les mouvements des personnages peuvent paraître parfois guindés (on ne peut pas tout faire faire au papier découpé) mais l'on s'acclimate très vite et l'on tombe en admiration devant la prouesse technique que constitue encore aujourd'hui le film. On laisse même passer volontiers quelques incohérences (donc heu, le mage voulait chopper la lampe d'Aladdin uniquement pour avoir Dinarsade ? Et celle-ci qui était la femme d'Aladdin et avait disparu vivait en fait très bien avec son papounet et son frère Ahmed ? C'est pas bien de disparaître sans laisser de nouvelles...) devant toutes les magnifiques scènes d'anthologie du film. Déjà le principe d'ombre chinoise au premier plan avec un fond peint pour donner du relief en arrière plan fonctionne génialement  sur toutes les ambiances colorées du film. Mais dès lors que le film inclut des effets spéciaux, on touche au nirvana. L'apparition du génie en blanc sur l'image dans la caverne/puits, les métamorphoses du mage africain et son combat avec la sorcière (qui a peut-être inflencé le duel final entre Merlin et une autre sorcière dans le classique de Disney de 1963, Merlin l'enchanteur), les effets de lumière de la lampe face aux génies du mal.... Même le bestiaire en papier découpé laisse rêveur, créant un folklore hybride et évidemment inspiré par beaucoup de cultures.

Un classique, un vrai, qui vous laisse des étoiles plein les yeux encore. N'hésitez pas à lire la longue et passionnante chronique détaillée de princesse Potzina !

 

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crying

 

Alors qu’elle peint sur les hauteurs de San Francisco, la belle Emu O’Hara assiste au meurtre d’un gangster japonais. Elle a vu l’assassin et sait qu’il reviendra l’éliminer. Mais lorsqu’il réapparaît chez elle, Yo Hinomura, alias le Freeman, tombe sous le charme de sa victime. Les deux amants vont se retrouver pourchassés par la police, les employeurs du tueur et les parrains japonais qui veulent venger la mort de l'un des leurs.

 

Il est indéniable que le premier film du réalisateur (Necronomicon juste avant étant un film à sketch où Gans se partage la vedette avec Brian Yuzna et Shusuke Kaneko) ait un peu vieilli. Sûrement les très beau ralentis du film qui le parsèment et semblent le coincer à une date bien précise (les 90's), sans doute aussi la mode vestimentaire par instant. Cela dit pour qui n'a jamais vu le film et même en ayant des connaissances dans le film d'action asiatique sévèrement burné, l'ensemble a quand même encore de la gueule. Parce que Gans, en artisan doué et passionné de cinéma (écouter le bonhomme est un réel plaisir) n'est pas un manche et sait insuffler une histoire d'amour romantique et sensible qui tient la route, en contraste avec des scènes d'action stylisées dont la mise en scène est assez talentueuse. Surtout, Gans insuffle l'essence du manga et de l'animé originel, reprenant le second presque point par point (plans par plans), l'aspect érotique (voire hard) en moins.

 

crying2

 

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cryinganime

 

La version animée parlons en un peu du coup, vu que la première OAV figure en bonus sur le blu-ray Metropolitan du film. Datée de 1988 et réalisée par Daisuke Nishio, soit 7 ans avant le film de Gans, elle conserve le charme des animés des 80's (ces couleurs parfois limités, cette bande son synthétique cousine de celle d'un John Carpenter) mais avec une remastérisation blu-ray assez savoureuse, d'autant plus que même si Metropolitan a sorti une intégrale, on reste en DVD et aucun blu-ray n'est prévu pour l'instant pour l'anime. Sans surprise, ce mini-film d'animation (50 mn hein) accumule passage gores et érotisme hard sans négliger pourtant toute la fièvre de la passion romantique (si vous pensez qu'on ne peut associer crûdité et romance, il va falloir que vous vous jetiez sur l'oeuvre génialement sulfureuse et fascinante de Julio Medem, Lucia et le sexe en priorité chers lecteurs/lectrices adoré(e)s). Le film de Gans à côté fait presque petit, cela dit, le film conserve en lui-même ses propres prouesses là où l'anime peut se permettre un humour plus noir et des saillies déviantes toutes aussi appréciées (pour peu qu'on ait l'esprit un peu déviant comme votre serviteur). Deux oeuvres donc complémentaires et parallèles en quelque sorte.

Le film se suffit à lui-même disons tandis que l'OAV comporte 6 parties, autant dire que l'oeuvre, la saga du Freeman est loin d'être finie à ce stade et comblera les gens ayant vu le film et voulant savoir "la suite" en quelque sorte. Bref, il faut que je me dégotte l'intégrale moi.

 

cry

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Le style même de l'anime respecte celui, adulte et loin des canons d'une certaine industrie du manga, de l'oeuvre originale papier.

 

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Le second volet de The raid se déroule quelques heures après la fin du premier mais choisit brutalement de faire table rase des rares éléments subsistants de celui-ci pour repartir de plus belle pour une nouvelle histoire. Au survival en huis clôs du premier, le terrain de jeu est cette fois axé sur une ville entière avec une multitude de personnages et seconds rôles au sein d'une histoire d'infiltration dans la mafia. Le canevas est basique, l'histoire pas dénuée d'incohérences (oh oh, le son qui baisse quand le flic infiltré parle à son namoureuse alors qu'il a mis la musique à fond pour pas qu'un quelconque micro le capte vu qu'il est dans une super baraque de riche que le fils du grand patron mafieux lui a donné) mais le film est généreux en batailles homériques et personnages charismatiques (tous les "méchants" en somme. nette préférence pour batte-man et sa soeur, la fille aux marteaux, "hammer girl", qui pourrait être comme sortie d'un comics de Brian Lee O'Malley si ça se trouve). Et contrairement à beaucoup j'ai apprécié que le film essaye de poser une histoire (même si elle prend l'eau) et calme faussement son rythme. Même les 4,5 combats finaux m'ont paru formidables tellement celui qui termine le premier film m'est pénible à durer entre le terminator et les deux surhommes qui le combattent. Bref, superbe.

Attention toutefois, la violence crûe du film n'en font pas une oeuvre pour vos mouflets mes amies.

 

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mouche

scanners

 

 

 

Cela faisait longtemps que je n'avais plus revu des Cronenberg de son ancienne période, comprendre, "son âge d'or". Non pas que je dénigre la récente (mes dernières chroniques du bonhomme restent relativement positives sur ce blog si vous regardez bien) mais que j'ai grandi avec ses premiers films et qu'ils ont accompagnés ma cinéphilie naissante. Il fut un temps où par passion, je n'hésitais pas à faire une chronique de Scanners... pour ensuite l'année d'après en faire une seconde version. J'essayais de faire découvrir à mes camarades d'internat ses films ou des extraits, je voulais faire partager son oeuvre à ma copine d'ailleurs. Je profitais même au début des années 2000 d'une rétrospective de son oeuvre dans un cinéma de Paris situé à deux pas de mon lycée pour voir ses premiers courts-métrages... Bref découvrir David Cronenberg de fond en comble, à l'endroit, à l'envers et, en des termes qu'il n'aurait pas renié, de l'intérieur. Et je passe sur les livres que j'ai sur le cinéaste...

 

Et puis les goûts évoluent, on découvre d'autres cinéaste, on en délaisse un peu au passage. Ce n'est pas sale, hein. Je suis resté fidèle à Cronenberg (même bien plus que certains autres cinéastes) mais sa dernière période, même si je l'apprécie, me laisse sur une cérébralité parfois trop froide ou peu en chair, le comble pour celui qui mis si bien en forme les visions du corps. Crash, oeuvre mutante et radicale qui forme un tournant dans son cinéma peut être d'une certaine manière un révélateur auquel je viens mesurer mes goûts, les mettre à jour en terres cronenbergienne. Au début, j'ai trouvé l'oeuvre passablement ennuyeuse, je m'étais endormi devant. Puis quelques années plus tard, j'ai pensé "tiens c'est pas mal". Je considère aujourd'hui le film comme un chef d'oeuvre. D'une certaine manière, l'oeuvre de Cronenberg semble évoluer avec nous.

 

Mais dans ce contexte, l'âge d'or Cronenbergien reste intouchable. Les films marquent jusqu'au plus profond de l'inquiétude, de la stupéfaction ou de l'effroi. Scanners reste toujours autant un grand film prophétique aujourd'hui, quand à La mouche, c'est toujours un chef d'oeuvre qui n'a pris aucune ride. Cette partition musicale affolante de Shore, mon dieu, Jeff Goldblum parfait, Geena Davis à croquer (pour l'anecdote futile et inutile donc utile --je me comprends--, la Davis était la petite copine du Jeff alors. De quoi donner une certaine dimension à l'amour des personnages... et acteurs devant et hors écran), l'humour des répliques (et quelles répliques hein), le triangle amoureux perturbé, l'histoire effroyable où une transformation inhumaine est une métaphore d'une sexualité dégénérante en un cancer inconnu, les plans et trucages, le design des telepods, les scènes d'anthologie qui se ramasse à la pelle. Le tout en une heure et demi menées avec brio tambour battant là où certains ont besoin de 2h40 pour nous raconter des histoires pleines de bruit et de fureur.

 

 

 

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Commentaires
P
Je suis vraiment contente que tu aies aimé Les Aventures du Prince Ahmed :D En même temps je m'en doutais, ce film est excellent. Sympa de m'appeler princesse sauf que moi, je suis une khaleessi (huhuhu !) ;)
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