Les animés venus de l'espace profond...
Peu après les célébrations d'Halloween, au début du mois de novembre, je me suis concocté une semaine spéciale animation japonaise où le mot d'ordre était "décalé / weird". A cette occasion, je revoyais non seulement des films connus et moins connus (chroniqués sur le blog oh, joie) mais j'en profitais également pour visionner des OAV rares (car le plus souvent pas remastérisées ou portées sur DVD, du moins dans nos contrées). Enfin, plutôt qu'OAV (Original Animation Video), on devrait dire plutôt maintenant OVA (Original Video Animation)... Ce qui veut dire strictement la même chose ! Seulement voilà, au Japon le terme OAV ressemblant d'un peu trop près à AV (Adult Vidéo soit le marché de la vidéo pornographique nippone), on a changé un poil les termes.
OVA donc, quoikesse ? A la base il s'agit de courts-métrages et moyens-métrages (rarement long-métrage) produits et diffusés uniquement pour le marché de la vidéo pour le laserdisc et la VHS dans un premier temps, toujours encore aujourd'hui, sur support DVD et Blu-ray dorénavant (*). Contrairement au direct-to-video qui ne bénéficie pas de la case cinéma ou télé et induit donc pour les éditeurs et distributeurs un film potentiellement peu viable ou peu rentable (ce qui revient au même, le cinéma étant tout aussi bien une industrie qu'un Art, rappelons-le), l'OVA était crée directement pour la vidéo et pouvait avoir ses propres thèmes et son propre budget suivant le studio ou le réalisateur qui lui était alloué. Ainsi l'une des premières du genre est dûe à Mamoru Oshii, il s'agit de Dallos en 1983. Apparemment médiocre dans son animation comme l'histoire et les thèmes chers à son auteur qui y sont à peine évoqués, cela reste une oeuvre devenue culte...
Et impossible à visionner de nos jours (même sur le net, crédieu) même si on en trouve des bouts ça et là. Cela dit j'aimerais bien.
Cet apparté historique un peu lourdingue étant posé donc, évoquons les animés totalement bizarres que j'ai vu !
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Call me tonight - Tatsuya Okamoto (1986)
Plus jeune, je n'avais pas manqué d'apercevoir la jaquette laserdisc de Call Me Tonight au détour des tréfonds du balbutiement du web (on avait d'ailleurs un peu de tout sur le net au début des années 2000 si on y regarde bien). Jaquette qui me faisait penser à cette spécialité typiquement japonaise : le hentaï où pour faire court, des jeunes filles (curieusement toujours jolies tiens !) se retrouvent constamment dans des postures fâcheuses avec des tentacules visqueux (forcément toujours visqueux hein !) venus de plusieurs créatures vaguement humanoïdes les... Hmm, bon, sans surprise, le hentaï c'est du porno en animé, vous l'aurez compris.
D'ailleurs je croyais avoir déjà parlé de Hentaï ici mais non il me semble bien que c'est la première fois. Seconde stupéfaction, je croyais avoir aperçu un avis ou apparté sur cet animé chez l'ami Johell de Cinephiliquement vôtre mais non, rien, nada. Bizarre. Ma mémoire me jouerait-elle des tours ?
Toujours est-il que cette image me tapa dans l'oeil directement. Bref, on pouvait s'attendre à de vagues promesses d'interdit, je ne sais pas.
Et en fait on a une vague romance où un jeune garçon dès qu'il pense à du sexe se transforme en monstre baveux et visqueux.
Hmm, soit, on mettra ça sur le compte d'une métaphore rigolote et lourdingue de la puberté.
Mais c'est bien tout en fait.
L'héroïne fait bien partie d'une agence de call girl mais finalement... rien, nada. (n'est pas Pretty Woman qui veut. On a 30mn pour te sortir cette vidéo mon coco, et un budget ultra limité....). Elle aide le jeune homme à ne plus ressentir de gêne en public, y'a des loubards mais finalement ils se prennent leur raclée et la peur de leur vie quand le monstre se change en gros streumon verdâtre et puis basta, c'est tout.
Eh bien heureusement que c'est court... :/
Allez, next !
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California crisis - Mizuho Nishikubo (1986)
Sujet léger et rêveur (deux jeunes de deux générations différentes, des paumés de l'Amérique des 80's trouvent un globe spécial recherché par une puissante organisation américaine top secrète, ledit globe semblant livrer des visions étranges comme s'il était vivant...) au fort potentiel mais qui ne trouvera pourtant pas sa pleine résolution dans les 45mn qu'il dure.
Et alors que beaucoup de choses restent en suspens scénaristiquement (la fin à un léger goût inachevé de "tout ça pour ça ?"), le résultat s'avère toutefois une petite perle transcendée par son graphisme surchargé et la vision que les japonais ont alors de l'Amérique-Golden-Boy de Reagan. Soit des lumières magiques au néon, de la musique pop-rock jazzy jouée dans les boîtes de nuit, d'élégants bars ou drive in où se poser pour des burgers ou du café. Une vision qui me faisait moi-même rêver plus jeune quand je voyais des films des années 80's où l'ambiance bleutée de la nuit annonçait en quelque sorte des mondes à part sur fond de musique joyeuse quand elle ne fascinait pas par son électronique tangerine dreamienne.
Non franchement, ce petit machin est cool, je lui pardonne tout. Jolie bulle de savon pop coloré. Quelques visuels pour vous faire une idée, tiens même si la qualité est déplorable (sauf la seconde image) et que cela mériterait grandement une remastérisation dépoussiérée pour un pressage DVD ou Blu-ray.
Qualité VHS bien usée les amis. Ouille.
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Dragon's heaven - Makoto Kobayashi (1988)
Ce qu'il y a de bien avec les OVA et donc contribue à ce qu'on y jette un oeil régulièrement toujours avec curiosité, c'est que chaque projet sera un tant soit peu différent. Dragon's heaven (aucun dragon dedans au passage, cherchez pas, c'est une métaphore) s'avère d'emblée un mix fascinant entre le graphisme de Moebius et des références oscillant entre Metal Hurlant (la revue... Encore que le film aussi, allez. C'est de 1981 donc faisable) et Nausicäa. Les vaisseaux organiques semblent tous droit sortis du grand film de Miyazaki, on aperçoit une bestiole à la Arzach comme chez le regretté Jean Moebius Giraud... Bref visuellement j'avoue avoir été plus qu'intrigué. Surtout que là aussi, même surchargé, ça tient techniquement bien la route.
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Kimera - Kazuyoshi Yokota (1997)
Ah ben je voulais du bizarre, là j'ai été bien servi.
Sur un design de personnages de Hiroyuki Ochi qui m'a toujours plu (le design des persos sur Armitage III ou Sol Bianca the legacy (une de mes premières chros d'ailleurs, ça ne me rajeunit pas) c'est lui, on le reconnaît d'emblée) et une animation moyenne (on a du mal à croire que Evangelion est paru 2 ans avant, Lain l'année d'après et Sol Bianca the legacy deux ans après quand on voit que ces oeuvres sont d'un niveau et d'une ambition plus élevées et plus soignées techniquement sur la même période !), on a droit à un grand mixe qui mêle un peu tout : une relation homosexuelle plus ou moins platonique entre un humain et une espèce de vampire qui aspire l'âme et projette de détruire la Terre bien malgré lui avec en prime des démons vampires impitoyables qui disent appartenir d'une autre planète...
En fait c'est Lifeforce revisité en animation avec une petite touche gay. Je me demande ce qu'en aurait pensé le regretté Tobe Hooper. Bref, ça se regarde, il y a du gore gratuit, du visqueux même et sans verser dans le p0rn, c'est troublant et décalé (on s'attend à ce que le pauvre jeune homme crie avec une petite voix en halétant "Sempaaaaï" comme dans les trucs érotiques nippons presque, c'est dire) donc ...en quelque sorte le but est atteint.
Ah, on a des tentacules ici alors qu'il n'y avait pas besoin. C'est un monde hein, quand on veut du tentacule p0rn-animé ben y'en a pas et quand t'as rien demandé, surprise y'en a. Et pas forcément tip-top. Rhalàlà.
Avec tout ça, vous comprenez pourquoi j'avais grandement envie de vous faire partager mes découvertes. Ne me remerciez pas, voyons.
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(*) Il y a aussi les OAD, Original Animation Disc, un petit cd-rom ou DVD souvent vendu avec des jeux vidéos ou des mangas, du bonus en plus qui peu se révéler fort sympathique. Bref, on fera tout pour vous faire dépenser vos sous, c'est un monde !