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Chroniques visuelles
15 octobre 2018

La nuit a dévoré le monde

 

 

"C'est devenu la normalité d'être mort. C'est moi qui suis pas normal..." (Sam)

 

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En se réveillant ce matin dans cet appartement où la veille encore la fête battait son plein Sam, musicien de son état, doit se rendre à l’évidence : il est tout seul et des morts vivants ont envahi les rues de Paris. Terrorisé, il va devoir se protéger et s'organiser pour continuer à vivre. Mais Sam est-il vraiment le seul survivant ?...

 

Les films de zombies dans notre chère patrie ne courent pas les rues, alors quand ça se passe directement dans Paris, autant en profiter pleinement ! Parmi tous les films français sortis cette année, La nuit a dévoré le monde sorti en mars très discrètement m'avait pourtant intrigué, fasciné et assez passionné. Tiré de la nouvelle de Pit Agarmen qui était écrite à la façon d'un journal de bord, le film rejoue brillamment l'histoire du voyageur isolé sur une île perdue (selon son réalisateur et son scénariste dans les entretiens en bonus du DVD - De l'éditeur Blaq Out, sortie en DVD le 15 octobre).

 

Pour ma part, et ça se rejoint, j'y retrouve le mythe du dernier survivant : Qu'arriverait-il en gros s'il ne restait plus qu'une ou une poignée de personnes dans un monde en ruines (apocalypse nucléaire, catastrophe zombie) ? Le genre au cinéma comme en littérature a d'ailleurs donné de beaux fleurons qui sont maintenant pour certains des classiques (Le monde, la chair et le diable, la saga des zombies de Romero notamment Zombie ou Le jour des morts-vivants, The Quiet Earth...), voire des chefs d'oeuvres (le premier tome de La survivante, Je suis une légende de Richard Matheson -- non, je vous arrête tout de suite, le film avec Will Smith n'existe pas, voilà).

 

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On notera que Sam a un gros fusil. Oui oui.

 

 

Evidemment le film ne va pas forcément chercher à rivaliser avec les références citées. Mais malgré un petit budget, tout passe à merveille et l'on constate, captés que nous sommes, que le travail effectué au scénario est fidèle à ce genre de situation. On y retrouve par exemple (on voit le fan de zombies qui parle...) les différents stades que subit le héros plongé dans ce genre de chaos : la surprise et l'effroi, puis la découverte, puis l'organisation de sa survie plannifiée dans le moindre détail (toute erreur serait fatale)... Dans sa manière de poser les choses, le film est admirablement bien construit aussi. Petit budget on l'a dit mais ça n'empêche pas les idées ou une narration qui approfondira l'aspect psychologique au détriment de l'action. Ainsi les 10 première minutes dans cette soirée où l'on sent dans les petits détails que tout se passe mal (une fille qui vomit dans les toilettes, quelqu'un qui s'est curieusement barricadé dans les toilettes et tape sur la porte de l'intérieur comme en proie à une sorte de folie et le héros qui plonge dans un sommeil éthylique alors que de l'autre côté de la chambre, dans le couloir on entends des bruits bizarres, des cris horrifiés, qui indiquent que la soirée a tourné dans l'horreur...). C'est d'autant plus flagrant à la revoyure.

 

Plein de petites bonnes idées dans la gestion de la survie du personnage principal. Ainsi d'une fenêtre couverte de suie, crasse et sang qu'on va utiliser comme un calendrier des jours qui passent avec petites cases à cocher en fond. De quoi crédibiliser encore plus ce séjour forcé et enfermé. Ou bien le héros qui marque au paintball les zombies aperçus dehors en se basant sur les polaroïds récoltés dans ce qui reste de la soirée. Ou le fait tout simple de recueillir la pluie sur les toits comme dans 28 jours plus tard. Ce que j'aime le plus et humanise Sam tout en lui faisant garder coûte que coûte son humanité, ce sont toutes les petites phases musicales. Dès qu'il le peut, Sam va expérimenter les sons avec tout ce qui lui tombe sous la main. Parfois hors de lui et en colère il jouera de la batterie, à d'autres moments, il créera des patchworks sonores avec tout le matériel du salon et de la cuisine. Bref, notre musicien fait ce qu'il sait faire le mieux pour ne pas devenir fou. Quitte à ce que la tristesse et la déprime pointent le nez en écoutant une vieille K7 audio perso (au début du film il récupère ses affaires chez son ex où se déroule la soirée).

 

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Oh le beau matos.

 

Il y a peut-être deux-trois incohérences dans le film mais même en les relevant, elles ne posent pas spécialement de problèmes. Exemple : Le héros pénètre dans un appartement parfois maculé de sang mais refermé avec aucun zombie dedans. Alors quoi, les zombies sont ressortis tranquillement après avoir refermé à clé dans un dernier sursaut de lucidité ? Mouais. Passons, ça ne gêne pas le visionnage du film, surtout qu'on verra plus tard une famille entière dans un appartement par contre.

 

Du coup ça se regarde très bien surtout que comme je l'ai dit, du fait de son faible budget, le film se verra miser plus sur l'ambiance (pas forcément le contemplatif) que l'action. La psychologie que le bourrinage. L'exploration à ses risques et périls que l'attaque frontale (et mortelle d'ailleurs). Pas une révolution dans le genre mais une belle échappée. Bref un bon film à voir pour Halloween mais aussi si ça vous intéresse, à voir bien sûr dès que vous le pouvez. J'aurais envie de dire qu'il le mérite vraiment.

 

Lien vers la page Facebook de Blaq Out.

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